Le gouverneur de la Banque de France a décidé jeudi de maintenir le rendement du taux du Livret A à 3% malgré l'inflation et de ne pas appliquer, pour la deuxième fois d'affilée, la formule de calcul du taux qui aurait abouti à 4,1%.
Pour mieux faire passer la pilule auprès des quelque 55 millions de détenteurs d'un Livret A, le gouverneur a toutefois proposé que ce taux, révisé normalement tous les six mois, soit maintenu jusqu'en janvier 2025, évitant donc une potentielle baisse d'ici là.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui a le dernier mot sur le taux du Livret A, doit annoncer son choix dès le journal télévisé de 13 heures jeudi sur TF1.
Pour sa part, le gouverneur de la Banque de France a également proposé de fixer le rendement du Livret d'épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, à 6% au lieu des 5,6% prévus par la formule. Il est aujourd'hui à 6,1%. Alors que la moitié des détenteur d'un LEP a atteint le plafond de 7.700 euros, selon la Banque de France, il a été proposé aussi de relever celui-ci à 10.000 euros.
Le taux du Livret A dépend d'une part de la hausse des prix, enregistrée à 4,5% sur un an en juin, et d'autre part des taux interbancaires des derniers mois, auxquels les banques s'échangent de l'argent à court terme.
Mais les autorités ont la possibilité de déroger à cette formule en cas de circonstances jugées exceptionnelles. C'est ce qui s'était produit en février 2022 lorsque la Banque de France avait proposé d'arrondir à 1%, au lieu de 0,8%, puis en février 2023, mais dans l'autre sens cette fois, lorsque l'institution avait proposé 3% au lieu de 3,3%.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, "a proposé aujourd'hui au Ministre de laisser le taux du livret A fixé à 3 %, mais en donnant aux épargnants une garantie de maintien de ce taux sur 18 mois, soit jusqu'en janvier 2025", détaille le communiqué de la banque centrale.
Selon ce texte, deux raisons ont joué dans cette décision: l'inflation qui recule et pourrait engendrer une volatilité du taux dans les mois à venir et le fait qu'"taux trop élevé, alors que l'épargne réglementée n'a pas d'équivalent chez nos voisins européens, serait préjudiciable à notre activité économique et à la croissance".
La Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui gère 60% des montants déposés, et l'Union sociale pour l'habitat, dont une partie du financement dépend de ce taux, ont été entendues puisqu'elles avaient plaidé pour un maintien à 3%.
AFP