"La premiÚre fois, c'est un souvenir tenace. Nous avions quitté le refuge en fin de nuit, vers 5 heures. Grimpé trÚs lentement sur le glacier, encore mal réveillés, une pointe d'appréhension serrant le coeur, éclairés d'une lampe frontale", c'est ainsi que commence le reportage Gersende Rambourg, photographe de l'Agence France Presse (AFP)
En haut, au col qui marque la frontiĂšre entre la France et la Suisse, un Ă©blouissement. Un grand cirque de neige intacte, immense, dans la lumiĂšre bleutĂ©e de lâaube. Un choucas noir nous survole en silence. LâĂ©motion dâĂȘtre tĂ©moin de tant de beautĂ©, dâavoir le privilĂšge de voir un spectacle que personne depuis la vallĂ©e ne peut voir.
Pour découvrir cet univers minéral de roche et de glace, comme un secret bien gardé, il faut grimper. Presque personne ne le fait, presque personne ne le sait.
Adolescente dĂ©jĂ , jâallais observer la Mer de Glace, le plus grand glacier français, au-dessus de Chamonix. Depuis la gare de Montenvers vers le bas ou tout en haut Ă lâAiguille du midi, Ă 3.800 mĂštres. Avec les touristes. Jâobservais les jeunes montagnards au teint cuivrĂ©, leur corde enroulĂ©e autour des Ă©paules, chausser leurs crampons et partir avec assurance sur la neige du glacier. Je me jurais quâun jour je partirais avec eux.
Depuis je lâai fait souvent, chaque Ă©tĂ© ou presque. Dans ce silence, cette beautĂ© fragile. La chaleur humaine des refuges, avec leurs moments de fatigue sereine, de plĂ©nitude. Peu importe lâinconfort parfois, lâabsence de douche. Au contraire. Et tant mieux quâon nâait pas de signal tĂ©lĂ©phonique, pas de wifi.
