Michel Platini et Sepp Blatter sont dĂ©sormais poursuivis pour "escroquerie" et "abus de confiance" en Suisse, aprĂšs l'Ă©largissement de l'enquĂȘte initialement ouverte contre eux pour "gestion dĂ©loyale", et qui a brisĂ© en 2015 leur parcours dirigeant dans le football.
Aucun fait nouveau n'est cependant intervenu dans cette affaire, qui porte sur le paiement par la Fifa de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) à Michel Platini début 2011, a indiqué à l'AFP une source ayant accÚs au dossier, confirmant des informations du journal français Le Monde et du site français Mediapart.
Le parquet suisse (MPC), en pleine tourmente en raison des accusations de collusion avec la Fifa qui visent son ancien chef, se dote ainsi d'options juridiques supplémentaires pour qualifier le rÚglement de cette somme.
"On a le sentiment que le MPC maintient cette procédure vieille de cinq ans par le jeu artificiel et dilatoire de l'élargissement des charges", a dénoncé l'entourage du N°10 légendaire des Bleus, dans une déclaration à l'AFP.
"Depuis 2015, Michel Platini a Ă©tĂ©: tĂ©moin, tĂ©moin assistĂ©, mis hors de cause officiellement par le mĂȘme MPC en 2018, puis suspect auditionnĂ© sur la base de soupçons qui ont Ă©tĂ© levĂ©s au cours des derniĂšres auditions", menĂ©es fin aoĂ»t et mi-novembre, ajoute la mĂȘme source.
- Arriéré de salaire -
PĂ©nalement, l'enjeu pour les deux ex-dirigeants n'a pas changĂ©: ces trois qualifications sont passibles de cinq ans d'emprisonnement au maximum, selon le Code pĂ©nal suisse, de mĂȘme que le chef de "faux" dont rĂ©pond Ă©galement Michel Platini.
Mais cĂŽtĂ© football, cette longue phase d'enquĂȘte prolonge la mise Ă l'Ă©cart du Français des instances dirigeantes, bien que la suspension infligĂ©e par la justice interne de la Fifa ait pris fin l'an dernier. Le Suisse a de son cĂŽtĂ© Ă©tĂ© emportĂ© par une cascade de scandales de corruption quelques mois avant l'Ă©clatement de l'affaire.
Anciens alliés devenus rivaux, Sepp Blatter et Michel Platini martÚlent depuis le départ qu'il s'agit d'un reliquat de paiement pour un travail de conseiller effectué par le Français en 1999-2002.
"Je n'ai rien à me reprocher dans le paiement arriéré des salaires sur la base d'un commun accord", a réaffirmé vendredi soir l'ex-patron de la Fifa dans un message à l'AFP.
Selon les deux hommes, l'accord entre eux remonte au printemps 1998: Sepp Blatter, entrĂ© Ă la Fifa en 1975 comme directeur du dĂ©veloppement mais dĂ©pourvu de lĂ©gitimitĂ© sportive, cherchait alors l'appui du triple Ballon d'Or pour prendre la tĂȘte de l'instance.
- Vingtaine d'affaires -
Mais la Fifa, dirigée depuis 2016 par Gianni Infantino, déplore de son cÎté l'absence de contrat écrit mentionnant à l'époque une telle rémunération, et en réclame à Michel Platini le remboursement depuis fin 2019 devant la justice civile suisse.
L'affaire est d'autant plus complexe qu'il existe bien une "convention" écrite signée en 1999, aprÚs l'accession de Sepp Blatter aprÚs la présidence de la Fifa: mais elle prévoit un salaire de 300.000 francs suisses par an pour Michel Platini, loin du million annuel réclamé par l'ancien champion.
Platini comme Blatter ont depuis expliqué cet écart en évoquant les "problÚmes de liquidité" que connaissait à l'époque la Fifa. Ils auraient donc prévu que le complément de salaire serait versé par la suite, négligeant simplement de le préciser par écrit, relatait le Tribunal arbitral du sport dans une décision rendue en 2016.
Outre ce dossier, qui vise Ă©galement l'ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Fifa JĂ©rĂŽme Valcke et l'ex-directeur financier Markus Kattner, la justice suisse a ouvert depuis cinq ans une vingtaine de procĂ©dures concernant l'instance suprĂȘme du football.
La seule qui a trouvĂ© un Ă©pilogue, et visait JĂ©rĂŽme Valcke et le patron du PSG et de beInMedia Nasser Al-KhelaĂŻfi, s'est conclue fin octobre par un acquittement quasi-gĂ©nĂ©ral dans une affaire de droits tĂ©lĂ©s, oĂč la "gestion dĂ©loyale" a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e par les juges.
AFP
