Une semaine aprÚs un revers cuisant contre l'Afrique du Sud, le XV de France a retrouvé le chemin de la victoire sans pour autant se rassurer, en l'emportant laborieusement contre les Fidji (34-21), samedi à Bordeaux.
D'un point de vue comptable, l'essentiel est là : les Bleus ont stoppé l'hémorragie en mettant fin à une sombre série de quatre revers consécutifs lancée en Nouvelle-Zélande cet été et ponctuée par la claque reçue au Stade de France voilà une semaine, dans une démonstration dont les Springboks ont fait leur marque de fabrique (32-17).
Face aux Fidjiens, les hommes de Fabien Galthié ont évité l'humiliation vécue en 2018, lorsqu'ils étaient tombés piteusement face aux feux follets du Pacifique (21-14), et peuvent se tourner vers leur prochain rendez-vous, samedi prochain au Stade de France contre l'Australie.
Mais en allant au-delà des considérations mathématiques, la prestation française a clairement manqué de tranchant et d'imagination.
Le capitaine du soir GrĂ©gory Alldritt avait prĂ©venu la veille: "pour ĂȘtre honnĂȘte, on ne pense pas forcĂ©ment Ă la maniĂšre". Cela s'est vu, tant ses ouailles ont semblĂ© en panne d'inspiration sur la pelouse des Girondins de Bordeaux.
- Doublé de Depoortere -
La partie avait commencĂ© pour le mieux, malgrĂ© le crachin qui avait dĂ©cidĂ© de s'abattre sur Bordeaux lors des premiĂšres minutes. Pas de quoi perturber les Bleus en dĂ©but de rencontre, justes sans ĂȘtre gĂ©niaux, et capable de profiter des errements dĂ©fensifs des Fidjiens.
Pierre-Louis Barassi ne s'est pas fait prier, profitant d'un énorme intervalle laissé libre au centre du terrain pour s'engouffrer dans la brÚche et servir idéalement Nicolas Depoortere, auteur de son premier essai en sélection, dans sa ville (7-0, 6e).
Barassi a ensuite dĂ» quitter ses partenaires, percutĂ© haut par l'ailier Selestino Ravutaumada, sanctionnĂ© d'un carton jaune. Contraint de passer un protocole commotion, sans succĂšs, le Toulousain a Ă©tĂ© remplacĂ© par Emilien Gailleton qui a subi le mĂȘme sort peu avant la demi-heure de jeu, laissant le seul Depoortere comme centre de mĂ©tier dans le groupe de Fabien GalthiĂ©. Le Rochelais Oscar Jegou a alors glissĂ© au centre, chamboulant quelque peu l'organisation tricolore.
Entre temps, les Français ont profité de leur supériorité numérique pour faire parler leur puissance sur ballon porté, et sont allés aplatir derriÚre la ligne par Julien Marchand, avant que Louis Bielle-Biarrey ne fasse la différence en donnant un ballon d'essai au revenant Charles Ollivon (21-0, 19e), aligné pour l'occasion en deuxiÚme ligne.
Mais les coéquipiers de Grégory Alldritt n'ont pas continué à appuyer sur l'accélérateur, et ont laissé les "Flying Fijians" mettre leurs mains agiles sur le ballon.
Moins d'intensité et une multitude de plaquages manqués plus tard, les Fidji ont grignoté leur retard en perforant la ligne de défense bleue, trop friable malgré les progrÚs promis par le sélectionneur dans la semaine.
Kalaveti Ravouvou, malin pour trouver une faille entre RĂ©gis Montagne et Romain Taofifenua (28e), puis Selestino Ravutaumada y sont allĂ©s de leur essai chacun avant la pause. Puis le virevoltant Lyonnais Jiuta Wainiqolo a assĂ©nĂ© un nouveau coup sur la tĂȘte des Français dĂšs le retour des vestiaires, pour remettre d'emblĂ©e les deux Ă©quipes Ă Ă©galitĂ© (21-21, 43e).
Capables de fulgurances tout en se montrant Ă l'aise dans la gestion malgrĂ© quelques erreurs naĂŻves, les Fidjiens ont montrĂ© pourquoi ils avaient fait mieux que tenir tĂȘte Ă l'Angleterre la semaine prĂ©cĂ©dente, ne s'inclinant qu'en fin de partie Ă Twickenham (38-18).
SecouĂ©s par le scĂ©nario et les intentions fidjiennes, les Français ont fini par relever la tĂȘte, reprenant l'avantage par deux pĂ©nalitĂ©s de Thomas Ramos avant de faire un Ă©cart dĂ©finitif grĂące Ă un deuxiĂšme essai de Nicolas Depoortere (71e).
De quoi soulager les plus de 40.000 spectateurs du Stade Atlantique, et sceller un succĂšs utile, Ă dĂ©faut d'ĂȘtre rassurant.
Par Philippe GRELARD et Guillaume DAUDIN - © 2025 AFP
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