Le Polonais Michal Kwiatkowski s'est imposé en solitaire vendredi au sommet du Grand Colombier où Tadej Pogacar a encore grappillé huit secondes sur Jonas Vingegaard lors d'un 14 juillet qui n'aura une nouvelle fois pas souri aux Français.
"Vive la France", a lâché le coureur d'Ineos à peine redescendu de son vélo, au bout d'un exploit monumental dans le brasier de "la pyramide du Bugey", transformée en stade de foot, où il a résisté au retour de la meute UAE lancée à sa poursuite.
"C'était une expérience complètement folle. Sans le public je ne l'aurais pas emporté. Il a été exceptionnel. Il m'a poussé jusqu'au sommet", a commenté le héros du jour que tout le monde dans le peloton appelle "Kwiatko".
Arrivé au pied avec quatre minutes d'avance sur les favoris, il a semé ses derniers compagnons d'échappée à onze kilomètres de l'arrivée pour conserver 47 secondes d'avance sur Maxim van Gils et 50 sur Tadej Pogacar.
Attaquant à 500 mètres du sommet, Pogacar y a devancé Jonas Vingegaard de quatre secondes pour transformer le gros travail de son équipe UAE qui a tracté le peloton pendant toute la journée et avalé en apnée la montée hors catégorie de 17,4 km.
Avec les quatre secondes de bonifications réservées au troisième de l'étape, le Slovène revient à neuf secondes du Danois au classement général, à la veille de la première étape alpestre.
- Pour Pogacar, "ça valait le coup" -
"On prend. J'ai essayé de décramponner Jonas avec un sprint long. J'ai eu peur de ne pas réussir à finir, mais ça valait le coup", a commenté Pogacar qui a battu le record de l'ascension du Grand Colombier où il s'était imposé en 2020, en route vers son premier sacre à Paris.
"Je sais que dans un final comme celui-là, il est bien plus explosif que moi", a commenté Vingegaard. Le Danois s'est dit "pas du tout inquiet" d'avoir pu compter sur le seul Sepp Kuss dans le final, alors que son rival était escorté par trois lieutenants.
Pogacar aurait bien aimé remporter une seconde étape dans ce Tour dans le Jura. Mais il est tombé sur un Kwiatkowski déchaîné et concentré sur son effort malgré des spectateurs parfois folkloriques, fesses nues ou déguisés en Obélix par plus de 30 degrés à l'ombre.
Il faut dire que le Polonais n'est pas n'importe qui. Champion du monde 2014 et vainqueur à Milan-Sanremo notamment, le coureur d'Ineos est, à 33 ans, l'un des équipiers les plus glamour du peloton.
En 2020, il avait devancé son coéquipier Richard Carapaz à La Roche-sur-Foron lors de sa première victoire sur le Tour. Cette fois il a pu "savourer" longuement son exploit, qui couronne l'excellent résultat d'ensemble de l'équipe Ineos, avec deux coureurs - Carlos Rodriguez et Tom Pidcock - dans le Top 8 au général
- Gaudu impuissant -
"Il faut rebaptiser le Bastille Day", le nom que les Anglo-Saxons donnent au 14 juillet, "en Kwiatko Day", a estimé Pidcock qui a lui-même connu l'ivresse de s'imposer ce jour-là sur un col prestigieux. C'était l'an dernier à l'Alpe d'Huez.
L'hypothèse de voir un Français triompher vendredi au Grand Colombier n'a jamais existé. Romain Bardet et Thibaut Pinot ont perdu pied à sept kilomètres du sommet pour passer la ligne avec près de trois minutes de retard sur Pogacar.
David Gaudu s'accroche encore au Top 10 - neuvième à 6:52 du maillot jaune - mais n'a une nouvelle fois pas réussi à suivre les meilleurs. Pogacar et Vingegaard évidemment, mais aussi Rodriguez, Pidcock, Jai Hindley ou les frères Yates.
"J'ai beau être à 100% physiquement, devant c'est deux crans au-dessus de moi", a constaté le leader de Groupama-FDJ. "UAE, ils ont roulé comme des fous toute la journée. Je n'explose pas mais je lâche à 2,5km car je suis à fond. Je ne peux pas faire grand-chose de plus, je suis à 100%. C'est comme ça", a-t-il ajouté, fataliste.
Il faudra donc attendre au moins un an de plus pour trouver un successeur à Warren Barguil, dernier Français à avoir gagné un 14 juillet sur le Tour de France, en 2017. Mais vendredi, c'était "Kwiatko Day".
AFP