Coronavirus

Un maire d'Ukraine fait creuser des tombes pour inciter au confinement

  • PubliĂ© le 7 avril 2020 Ă  15:51
  • ActualisĂ© le 7 avril 2020 Ă  16:03
Des tombes qui viennent d'ĂȘtre fraichement creusĂ©es, le 7 avril 2020 Ă  Dnipro en Ukraine en cas d'un afflux de morts du Covid-19

Un maire ukrainien a fait creuser des centaines de tombes en raison de l'épidémie du coronavirus et afin d'inciter la population à respecter le confinement, une mesure controversée, la ville qu'il dirige, Dnipro, n'ayant jusqu'ici enregistré aucun décÚs.

Au total, 615 tombes ont été creusées dans plusieurs cimetiÚres et 2.000 sacs mortuaires étanches préparés dans cette citée industrielle de prÚs d'un million d'habitants (centre-est), a indiqué à l'AFP Ioulia Vitvitska, porte-parole de la mairie. L'initiative a été lancée par le maire Boris Filatov, un riche homme d'affaires haut en couleur, trÚs actif sur les réseaux sociaux.

"A ceux qui ne comprennent toujours pas: nous nous préparons au pire", a-t-il écrit sur Facebook le 2 avril, annonçant vouloir creuser ces centaines de tombes et exhortant les citadins à obéir aux rÚgles d'isolement à domicile, souvent négligées par la population. "Sans aucune exagération, c'est une question de vie et de mort", a lancé le maire, brandissant aussi la menace d'une amende de 17.000 hryvnias (570 euros environ) pour ceux qui ne se confineraient pas. Une somme trÚs importante dans ce pays, un des plus pauvres en Europe.

Son initiative a reçu un accueil mitigé, Dnipro ne comptant que 13 cas officiellement détectés et aucun décÚs. Au total, 1.462 malades ont été recensés en Ukraine dont 45 sont morts. Pour l'écrivain populaire Ian Valetov, 56 ans et résident de Dnipro, le maire a raison d'agir de la sorte et de brandir un "épouvantail" pour inciter ses administrés à "adopter une approche plus sérieuse" vis-à-vis de la pandémie.

"Le maire a pris une bonne mesure psychologique en forçant les gens à s'imaginer comment on les mettra dans ces tombes", a déclaré à l'AFP M. Valetov.
Si la ville est Ă©pargnĂ©e, "tant mieux. Et si - que Dieu nous en garde - (l'hĂ©catombe) se produit - c'est mieux d'ĂȘtre prĂ©parĂ©", a-t-il ajoutĂ©.

Rien de tel chez Ivan Krassikov, chef d'une ONG locale surveillant notamment les activités la mairie. Il dénonce "une crise de nerf du maire", incapable de gérer la situation. "Au lieu de concentrer tous les efforts sur la préparation des hÎpitaux" et la prévention, "on ne parle que des tombes", s'insurge-t-il auprÚs de l'AFP. "C'est n'est pas normal" et ça "ne fait que renforcer la panique!", poursuit-il.

AFP

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