La mairie Front national de Beaucaire (Gard) a supprimé lundi, jour de rentrée, les repas de substitution, qualifiés "d'anti-républicains", pour les élÚves ne mangeant pas de porc à la cantine scolaire.
La municipalité dirigée depuis 2014 par Julien Sanchez a annoncé dans le journal municipal de décembre, dans un entrefilet: "Les repas de substitution, repas anti-républicains, en place depuis la municipalité (Jacques) Bourbousson (le prédécesseur DVD de M. Sanchez ndlr) seront supprimés à Beaucaire au 1er janvier 2018". Cette mesure, qui concerne notamment des élÚves musulmans, n'est effective qu'à partir de lundi, jour de rentrée scolaire.
Quelque 150 Ă©lĂšves demi-pensionnaires sur 600 bĂ©nĂ©ficiaient de ces repas de substitution Ă Beaucaire. La dĂ©cision de la municipalitĂ© FN constitue selon Laure Cordelet, prĂ©sidente d'une association d'opposition, le Rassemblement citoyen pour Beaucaire, "une atteinte aux droits de l'enfant" qui "stigmatise la communautĂ© maghrĂ©bine et ne peut en aucun cas ĂȘtre justifiĂ©e au nom de la laĂŻcitĂ©".
InterrogĂ©e par BFM TV, MarlĂšne Schiappa, secrĂ©taire d'Etat chargĂ©e de l'Ă©galitĂ© entre les femmes et les hommes, a pour sa part estimĂ© qu'il s'agissait d'"un exemple typique de quelqu'un qui brandit la laĂŻcitĂ© comme une arme politique anti-musulmans, ou anti-juifs au demeurant". Elle a soulignĂ© que dans l'Ă©cole qu'elle frĂ©quentait dans son enfance Ă Belleville, un quartier de Paris, les Ă©lĂšves "qui n'aimaient pas le porc pouvaient avoir deux oeufs durs". "Je pense que ça peut ĂȘtre faisable sans trop de difficultĂ©s", a suggĂ©rĂ© Mme Schiappa, qui vient de publier un essai intitulĂ© "LaĂŻcitĂ©, point!".
Des parents d'élÚves opposés à la décision de la municipalité de Beaucaire appellent lundi 15 janvier à un pique-nique de protestation devant la mairie à 11H30.
En 2015, le maire LR de Chalon-sur-SaĂŽne (SaĂŽne-et-Loire) Gilles Platret avait dĂ©jĂ créé la polĂ©mique en supprimant le menu de substitution au porc dans les cantines scolaires de la commune. Le tribunal administratif de Dijon avait censurĂ© cette dĂ©cision fin aoĂ»t 2017, estimant que la municipalitĂ© "n'avait pas accordĂ©, au sens de la convention internationale relative aux droits de l'enfant, une attention primordiale Ă l'intĂ©rĂȘt des enfants". Le maire a fait appel devant la cour administrative d'appel de Lyon.
AFP
