Saint-Louis - Les forces de l'ordre n'hésiteront pas à intervenir, prévient le procureur

Affaire du gourou présumé : un individu condamné pour violences sur les gendarmes

  • Publié le 9 octobre 2015 à 21:05
Gendarmes

Le procureur de la République, Laurent Zuchowicz, a publié un communiqué, vendredi 9 octobre 2015, expliquant que l'enquête, au sujet de l'affaire du "Gourou" de Saint-Louis, suivait son cours, et qu'un individu a été condamné, en comparution immédiate, pour "violences et rébellion sur les gendarmes".

Les tensions sont toujours aussi palpables à Saint-Louis. Après que le maire ait pris un arrêté interdisant tout attroupement autour de la maison du "Gourou", le Procureur de la République, relève que "de graves troubles à l‘ordre public sont survenus depuis plusieurs jours à Saint-Louis, notamment en raison du comportement d'individus venus s'agréger aux personnes mécontentes pour provoquer ou affronter les forces de l'ordre, obligeant les gendarmes à sécuriser la maison dans laquelle vit cette communauté afin d'éviter tous débordements".

Il fait également état d’une condamnation et rappelle que "d’autres interpellations et déférements ne manqueront pas d’intervenir au cas où de nouveaux incidents seraient constatés".

Le communiqué indique par ailleurs que "l'enquête se poursuit, notamment afin de vérifier la situation des mineurs ayant vécu ou vivant dans cette communauté", et appelle "les personnes qui pensent que leur témoignage peut être utile à se rapprocher de la gendarmerie".

Voici le communiqué du procureur dans son intégralité

Le 28 septembre dernier, une femme se présentait à la gendarmerie de Saint-Louis pour déclarer que sa fille se trouvait sous l'autorité d'un " gourou " et qu'elle craignait un suicide collectif dans la mesure ou elle avait entendu ce dernier évoquer une "dernière réunion".

Une enquête était immédiatement diligentée, dans le cadre de laquelle

— Le "gourou" était placé en garde-à-vue du chef d'abus frauduleux de l'ignorance ou d’abus de faiblesse d‘une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de pression ou technique de pression de nature à altérer le jugement,

—pendant que les personnes vivant sous le même toit, essentiellement des femmes, étaient auditionnées.

Selon les premières investigations :

— l'homme incriminé était hébergé avec sa compagne depuis environ un mois au domicile d'une connaissance à Saint-Louis,

— de religion musulmane, il enseignait "la spiritualité musulmane" selon ses propres termes, et un groupe d'une vingtaine de femmes qui s'était constitué au domicile après sa venue,

— aucune des femmes entendues ne faisait état de contrainte physique ou psychologique, et aucun élément ne permettait d'accréditer une telle situation.

Les premières investigations ne permettaient donc pas de caractériser les infractions habituellement rencontrées dans le cadre de dérives sectaires :

— atteintes aux personnes : violences, menaces, atteintes sexuelles, privation de soins, non-assistance a personne en danger, abus de faiblesse sur un mineur ou une personne en état de sujétion psychologique,

— atteintes aux biens : escroquerie, abus de confiance, extorsion de fonds.

Des Iors, ia garde-à-vue de l’intéressé était levée.

Pour autant, l'enquête se poursuit, notamment afin de vérifier la situation des mineurs ayant vécu ou vivant dans cette communauté. A cet égard :

— A la demande du parquet, une mineure de 15 ans qui vivait dans le groupe avec sa tante à qui son père l'avait confiée, a été remise le 3 octobre dernier à son père, titulaire de l'autorité parentale, venu la chercher depuis Mayotte ;

— un adolescent de 14 ans a été envoyé en métropole par sa mère, laquelle hébergeait le prédicateur et d'autres femmes à son domicile : celle-ci a expliqué que devant le climat de violence qui s'est développé depuis la médiatisation de cette affaire (insultes, menaces, jets de galets), elle a préféré envoyer son fils chez un autre de ses ils en métropole ;

— un seul signalement émanant de l‘éducation nationale est parvenu au parquet, aujourd'hui même, concernant précisément cet adolescent de 14 ans.

En tout état de cause, s'il apparaissait que la santé, la sécurité ou la moralité d'un mineur était compromise, le parquet prendrait toutes dispositions utiles, pouvant consister en un placement en urgence.

Parallèlement à l'enquête relative à des possibles dérives sectaires, des femmes membres du groupe ont déposé plainte pour des violences commises à leur encontre notamment par des membres de leur famine (extérieurs à leur groupe)

Rencontrées à leur demande le 3 octobre dernier alors qu’elles faisaient un " sitting" sur le parvis de la gendarmerie de Saint-Louis, elles ont expliqué vivre au sein de cette petite communauté de leur plein gré, mal supporter d‘être vouées à une certaine vindicte populaire et vouloir déposer plainte à l'encontre de personnes venues les menacer ou commettre des violences. Des enquêtes sont également en cours sur cet aspect-là.

De fait, de graves troubles à l‘ordre public sont survenus depuis plusieurs jours à Saint-Louis, notamment en raison du comportement d'individus venus s'agréger aux personnes mécontentes pour provoquer ou affronter les forces de l'ordre, obligeant les gendarmes à sécuriser la maison dans laquelle vit cette communauté afin d'éviter tous débordements.

Un individu a d'ailleurs été condamné ce jour en comparution immédiate pour des violences et rébellion commises sur les gendarmes Un autre se trouve actuellement en garde-à-vue pour des motifs similaires.

D'autres interpellations et déférements ne manqueront pas d'intervenir au cas où de nouveaux incidents seraient constatés,

Dans ce climat de grande tension, souvent exacerbé par des surenchères et rumeurs, seule l'enquête en cours permettra de vérifier si des infractions pénales sont ou non constituées.

Les personnes qui pensent que leur témoignage peut être utile sont invitées a se rapprocher de la gendarmerie.

 

 

 

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