Nicolas Hulot est arrivé à La Réunion ce lundi 23 juin 2014. A peine a-t-il atterri à Saint-Denis que l'envoyé spécial de François Hollande animait une rencontre avec les associations de La Réunion. L'occasion pour l'auteur du Pacte écologique de prendre le pouls des enjeux environnementaux de l'île avant de se plonger dans la conférence Climat Energie qui aura lieu mardi et mercredi. L'objectif : "devenir le porte-voix des îles" avant le grand rendez-vous de Paris 2015.
Nicolas Hulot, où se situe La Réunion sur votre route vers la conférence de Paris Climat 2015 ?
C’est une des nombreuses étapes, mais elle est importante. L’idée de Paris 2015, c’est aussi de converger toutes les voix des îles, que ce soit celles de l’océan Indien ou d’ailleurs. J’aimerais bien qu’elles passent au-dessus du bruit de fond de la société, car ce sont souvent des voix pleines de sagesse.
J’essaie non seulement d’encourager la mobilisation des îles et de la relayer, mais j’essaie surtout de réunir tout le monde, que ce soit les acteurs politiques, environnementaux, spirituels… Je fais tout pour que la conférence de Paris ne leur passe pas sous le nez. Personne ne sortira tout seul gagnant, ou perdant.
Vous avez rencontré ce lundi les ONG réunionnaises. Quel est le bilan de cette première réunion ?
Ce que je ne découvre pas, c’est qu’il y a toujours une énergie inépuisable dans les associations environnementales. Et en même temps, il n’y a plus de positions binaires sur ces sujets complexes, avec d’un côté les ONG qui détiennent la vérité, et les mauvaises intentions des acteurs publics de l’autre. Tout le monde a fait un pas vers l’autre, et il y a une volonté ici de régulariser le dialogue avec les instances politiques.
Ce que chacun souhaite ici, c’est qu’il y ait une vision. Compte tenu de ses capacités et de ses ressources, quel est le champ des possibles de l’île ? A quoi peut-elle rêver ? C’est une question qui peut paraître anodine, mais elle doit être posée partout dans le monde. Et je pense que les ONG peuvent participer à construire un rêve possible.
Avez-vous abordé des sujets locaux, par exemple, le projet de la Nouvelle route du Littoral ?
Oui, on voit bien que les choses sont tendues, mais c’est compréhensible. Ce projet s’impose par les problèmes économiques, avec des inquiétudes légitimes qui méritent d’être prises en compte. A ce stade, je n’ai pas pu regarder les alternatives proposées par certaines ONG au projet tel qu’il a été choisi aujourd’hui.
Mon rôle consiste à regarder si l’on peut réévaluer ces alternatives. Est-ce que l’on a choisi la seule voie possible ? Il y a encore la possibilité de regarder si l’on peut faire autrement - et mieux - sur un plan environnemental. Le seul rôle que je peux jouer, c’est d’exhorter les décideurs à vérifier si l’on a bien regardé toutes les solutions, compte tenu du contexte économique et de la biodiversité de l’île.
Est-ce que la crise requin a fait partie des débats ?
Oui, mais pour l’instant je n’ai pas tous les sons de cloche. J’aimerais notamment entendre l’avis des surfeurs, mais je ne sais pas s’ils ont un avis commun. Ce que je pense, c’est que la vie humaine prime, mais qu’il ne faut pas se précipiter. Est-ce que tous les moyens ont été mis en oeuvre pour comprendre s’il y a eu un changement de comportement des squales ? Que s’est-il passé ?
Ce qui est surtout important, c’est de voir s’il existe dans la technologie moderne des solutions moins radicales que les prélèvements. J’ai rencontré un certain nombre d’ingénieurs qui semblent avoir fait évoluer et émerger des processus que les usagers pourraient utiliser et porter sur eux pour effrayer les requins. Ça mérite d’être expérimenté, regardons s’il existe des systèmes qui utilisent à la fois la lumières et les signaux magnétiques pour tenir les requins à distance.
www.ipreunion.com