Des chercheurs classent Madagascar parmi les pays à risque

Ebola : les morts s'accumulent, l'épidémie gagne du terrain

  • Publié le 10 septembre 2014 à 05:00
Ebola ONU

D'après le dernier bilan arrêté le 5 septembre dernier par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le cap des 2 000 morts victimes du virus Ebola a été franchi. Et cela ne semble pas prêt de s'arrêter l'OMS prévoyant des milliers de nouveaux cas au Liberia, le pays le plus touché avec la Guinée, la Sierra Leone et le Nigeria. Un cas d'infection a également été confirmé au Sénégal, tandis que des chercheurs estiment que la zone à risque pourrait s'étendre à une vingtaine de pays africains, dont Madagascar. À La Réunion comme ailleurs, les services sanitaires sont en alerte.

L’inquiétude est plus que jamais réelle et l’épidémie toujours hors de contrôle en Afrique de l’Ouest. D’autant que des chercheurs de l’université d’Oxford viennent de publier dans le journal eLife une carte montrant que la zone à risque d’Ebola est "plus vaste que ce qui avait été envisagé précédemment". Selon cette carte, plus de 22 millions de personnes vivraient dans des régions africaines où existe un risque de transmission du virus de l’animal à l’homme.

Se basant sur l’étude des facteurs environnementaux (température, végétation...) présents lors des flambées d’Ebola chez les animaux déjà observées par le passé dans sept pays (Congo, RD Congo, Gabon, Guinée, Côte d’Ivoire, Sud-Soudan et Ouganda), les chercheurs ont déduit qu’une transmission de l’animal à l’homme était également possible dans quinze autres pays présentant des conditions similaires, dont Madagascar.

Qualifiée par l’OMS "d’urgence de santé publique mondiale", la propagation du virus Ebola est prise très au sérieux par les autorités sanitaires françaises, même si le risque d’importation du virus par le biais des voyageurs reste "faible", comme l’a rappelé le docteur Dominique Polycarpe, de l’Agence régionale de santé (ARS), au micro de RTL Réunion. "C’est vrai que nous n’avons pas de frontières terrestres avec les quatre pays touchés, mais les recommandations restent d’actualité. Nous déconseillons aux Réunionnais, sauf pour des raisons impératives, de se rendre dans l’un des pays touchés", a-t-il souligné.

Selon les chercheurs de l’université d’Oxford, seule une trentaine de cas de transmission du virus de l’animal à l’homme ont été confirmés. Mais ils estiment qu’il est important de renforcer la surveillance des de certains animaux dont les singes, les antilopes, les porcs-épics et surtout les chauve-souris, qu’ils qualifient de "réservoir naturel" probable d’Ebola.

Grande prudence dans le sud-ouest de l'océan Indien

"La maladie se transmet à travers les fluides corporels, c’est-à-dire le sang, les selles, les vomissements des personnes infectées", rappelle de son côté le docteur Polycarpe. "Si pour des raisons impératives on doit se rendre dans l’un de ces pays, il faut surtout ne pas se déplacer dans les zones de foyer de l’épidémie, il faut bien respecter les règles d’hygiène de base, et bien sûr éviter tout contact rapproché avec des personnes malades et avec des animaux sauvages, qu’ils soient vivants ou morts", insiste-t-il.

Dans le sud-ouest de l’océan Indien, la proximité et les nombreux échanges avec le continent africain incitent à la plus grande prudence. Récemment, six Mauriciens de retour de Sierra Leone ont ainsi été soumis à une batterie de tests à leur retour sur l’île sœur. À La Réunion et à Mayotte, c’est le dispositif national de prévention qui est décliné localement.

"Concernant la sécurité dans les aéroports, certains pays ont adopté des mesures comme prendre la température à l’arrivée des passagers. Ce sont des mesures qui ne sont pas totalement efficaces, comme cela a été démontré lors de la grippe A H1N1", explique Dominique Polycarpe. "Nous, on a choisi comme beaucoup de pays de mettre l’accent sur l’alerte précoce. Le conseil que nous donnons très fortement, c’est que si une personne revient d’un des quatre pays touchés et qu’elle a de la fièvre, surtout une fièvre brutale, la première chose à faire est d’appeler le centre 15. Tout notre dispositif est basé là-dessus pour pouvoir prendre en charge, isoler rapidement la personne et faire les analyses nécessaires pour savoir si c’est un cas d’Ebola ou non", détaille-t-il.

www.ipreunion.com

guest
0 Commentaires