Sept mouvements sociaux en sept jours. L'actualité sociale est particulièrement chargée à La Réunion depuis le début du mois d'avril 2016, avec des grèves d'abord - dans le BTP, à la BNP, chez Nicollin, au conseil général - mais aussi des manifestations contre la loi Travail ou encore des blocages opérés par des usagers mécontents du réseau Citalis. Même la police s'y met et se rassemble ce jeudi matin devant la préfecture pour réclamer plus de moyens. On n'avait pas vu autant de drapeaux de syndicats et de monde dans les rues de l'île depuis plusieurs années.
Il est vrai qu’avril est traditionnellement un mois tendu dans les entreprises, puisque c’est à ce moment que se jouent les négociations salariales. Mais cette année, le climat semble particulièrement tendu.
La crise, toujours la crise
“La direction refuse de négocier” et “prend la crise comme excuse”, s'indigne Jacky Balmine, porte parole de l'intersyndicale, et secrétaire général de la CGTR BTP. Même son de cloche à la BNP, où les négociations salariales patinent depuis une semaine : la direction évoque là encore “une baisse historique des taux” et “un contexte économique difficile”. Mais voilà, les deux conflits ont beau être très différents, dans les deux cas, les salariés ne sont pas prêts à renoncer aux négociations salariales sous prétexte que la crise touche leur secteur. Lors des rassemblements des grévistes, un slogan revient souvent: les salariés refusent de “travailler plus pour gagner moins”.
Ce slogan, de nombreux manifestants l’ont également scandé lors de la manifestation contre la loi Travail, jeudi 31 mars. Ce jour-là, près de 5000 personnes sont descendues dans les rues à La Réunion, un chiffre record comparé à la (très) maigre mobilisation des manifestations sociales ces dernières années. Une bonne surprise pour les leaders des organisations syndicales, qui peinent à rassembler depuis les grandes manifestations de 2009, d’autant meilleure que le cortège s’est dispersé dans le calme. Pas de casseurs. Pas de débordements.
C’est qu’il ne faut parfois pas grand chose pour que les choses dégénèrent. La preuve, des changements de numérotation, d’horaires et de circuits que Citalis pensait faire passer comme une lettre à la poste ont bien failli rallumer le Chaudron mercredi 5 avril. Des poubelles ont été brûlées, des bus caillassés. Et le Chaudron n'est pas le seul à avoir frémi : des barrages installés dans différents quartiers de Saint-Denis et même jusqu’à Saint-Suzanne. A chaque fois, plutôt qu’une revendication claire, c’est l’expression d’un certain ras le bol qui domine chez les usagers, qui se sentent méprisés "par des responsables qui ne prennent pas le bus et décident sans penser aux usagers", souffle un passager.
Le manque de considération, de reconnaissance, ce sont aussi des mots entendus dans les assemblées générales du BTP ou à la BNP, et dans les manifestations contre la Loi travail. Crise ou pas crise, l'heure ne semble pas être à la résignation...
• Au fil des conflits
La BNP en grève depuis le jeudi 31 mars 2016 : Direction et salariés ne parviennent pas à tomber d’accord sur le montant des augmentations de salaires et primes. L'intersyndicale demande une augmentation pérenne de 100 euros par mois et une prime annuelle de 1500 euros. La direction propose une augmentation pérenne de 0,50% avec un plancher de 150 euros bruts annuels et une prime annuelle brute de 700 euros, accompagnée d'une enveloppe de 6 000 euros pour la parité homme/femme, soit une enveloppe totale de 350 000 euros.
Nicollin en grève depuis le 1er avril: les grévistes réclament un accord sur la subrogation (maintien du salaire en cas d’arrêt de travail), alors que la direction renvoie le dossier aux négociations sur les NAO, et refuse de céder, dénonçant “un conflit illicite qui a démarré sans préavis”
Le BTP en grève depuis le mercredi 6 avril : Les syndicats souhaitent une augmentation de salaire de 3%, la direction table sur zéro
Les policiers se mobilisent ce jeudi 7 avril. Unité SGP Police-FO appelle à la manifestation à 9h30 devant la préfecture, pour demander plus de moyens. Parmi les revendications, plus de poste à l'avancement, la construction d'un nouveau commissariat au Port ou encore le maintien de la surremunération.
www.ipreunion.com