Pourquoi la fête des pères est-elle moins fêtée que celle des mamans en France ? C'est ce que tente d'expliquer un article d'Europe 1, publié le 17 juin dernier. Selon un sondage OpinionWay repris par la radio, "seuls 40% des Français estiment qu'il s'agit d'une fête "importante", soit 10% de moins que la fête des mères". Toujours selon l'étude, 64% des Français souhaiteront une "bonne fête" à leur père ce dimanche, contre 79% lors de la fête des mères. Raisons historiques, sociologiques ou commerciales, aux yeux des Français, il n'est pas forcément obligatoire d'offrir un présent à son papa, bien qu'un père ne soit pas moins important qu'une maman.
L'engouement restreint pour la fête des pères s'explique en trois axes, selon l'article publié par Europe 1. Dans un premier temps, il serait "difficile de trouver un cadeau pour papa. D'après le sondage OpinionWay, 50% des Français ont des difficultés à trouver un cadeau à offrir pour leur père, contre 38% pour leur mère. Les Français, d'ailleurs, se jugent eux-mêmes "moins créatifs", à 66%, pour la fête des pères que pour la fête des mères" écrit Europe 1, tandis que les opérations commerciales seraient elles aussi sans originalité, et ne concerneraient que "le bricolage, le jardinage ou le vin" aux yeux d'un sociologue interrogé par la radio.
Historiquement, la fête des pères est moins encrée que celle des mères, puisque, "Dès 1918, en France, une "journée des mères" est organisée à Lyon. Deux ans plus tard, le ministère de l'Intérieur institue la "journée nationale des mères de famille nombreuse", qui s'accompagne d'une collecte de fonds publics pour certaines de ces familles. Le terme "famille nombreuse" sautera sous Vichy, le gouvernement Pétain souhaitant promouvoir son "modèle" d'une famille centrée autour de "maman", tandis que "papa" travaille. Le 25 mai 1950, la "journée des mères" se transforme en "fête", et sa célébration est officialisée par une loi.
Rien de tout cela pour la fête des pères. C'est le fabricant de briquets breton Flaminaire qui a l'idée, en 1949, de créer l'évènement, dans un but markéting, pour imposer le briquet à gaz dans l'Hexagone en les faisant offrir aux "papas". La fête sera tout de même officialisée par l'Etat, en 1952, mais par un simple décret, contrairement à celle des mères qui est inscrite dans la loi" rappelle Europe 1.
Le rôle du père est en train de changer
Enfin, on fêterait moins les papas parce que sociologiquement parlant, ils seraient moins présents auprès de leur(s) enfant(s). L'image d'un père en France reste pendant longtemps celle de la figure sévère, le père étant celui qui travaille pour nourrir sa famille, symbole d'autorité de par le statut de "chef de famille".
"Mais il y a eu un changement de statut du rôle du père. La loi, d'ailleurs, ne dit plus autorité 'paternelle' mais 'parentale' depuis 1971", rappelle le sociologue Michel Billé interrogé par la radio, tandis qu' "aujourd'hui, le rôle du père n'est pas totalement redéfini. Le lien avec la mère, lui, reste ce qu'il y a de plus stable, de plus indélébile". En 2011, une étude sur les pays de l’OCDE montrait que la mère passait en moyenne 1h40 par jour avec leur enfant contre… 42 minutes pour les pères" souligne l'article.
Enfin, le changement serait tout de même dans l'air du temps, puisque le rôle du père est différent auprès des plus jeunes générations. Il sera moins rare aujourd'hui de voir un père un foyer, partager des moments intimes avec ses enfants, à l'instar d'une relation "mère-enfant". "Selon OpinionWay, si seulement 32% des 25-34 ans ont une opinion favorable de la fête des pères, cela grimpe à 57% pour les 18-24 ans" explique la radio.
Il sera donc plus facile pour les enfants d'offrir un petit présent à leur père dans les prochaines années, comme on offre naturellement un cadeau à sa mère pour sa fête. Par ailleurs, la figure paternelle se montrera elle aussi moins pudique face à l'élan d'amour de sa progéniture et acceptera plus facilement, un présent pour la fête des pères…
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