La Cour des comptes a publié ce jeudi 12 juin 2014 son premier rapport sur la santé des les Outre-mer. Réalisée avec les cours régionales, cette publication est présentée comme "une premiÚre vision d'ensemble sur la santé dans les départements et collectivités d'outre-mer". Pour l'institution, l'état des lieux est "préoccupant." La Cour constate une situation sanitaire marquée par des difficultés persistantes, un systÚme de santé à la peine et une absence de stratégie publique.
Pour la Cour des comptes, la situation sanitaire en Outre-mer est marquĂ©e par des difficultĂ©s persistantes. Indicateur principal de lâĂ©tat de santĂ© dâune population et de lâefficacitĂ© du systĂšme de santĂ©, la mortalitĂ© infantile a eu tendance Ă augmenter ces derniĂšres annĂ©es. Pour 1 000 naissances, elle est passĂ©e de 5,7 en 2000 Ă 8,5 en 2012 Ă La RĂ©union, alors quâelle a diminuĂ© en mĂ©tropole sur la mĂȘme pĂ©riode (de 4,4 Ă 3,3). A Mayotte, la mortalitĂ© infantile atteint des records (16,1 en 2012).
La cour des comptes souligne Ă©galement quâen outre-mer, "les Ă©pidĂ©mies provoquĂ©es par des agents infectieux transmis par des moustiques sont frĂ©quentes." Lâexemple le plus frappant est bien entendu le chikungunya qui a touchĂ© 38 % des RĂ©unionnais entre 2005 et 2006. La juridiction note Ă©galement que des pathologies plus rares comme la leptospirose sont courantes, alors que la progression des maladies chroniques - notamment le diabĂšte - est "importante et continue."
"Des donnĂ©es plus complĂštes, rĂ©centes et homogĂšnes, sont indispensables pour mieux apprĂ©cier lâĂ©tat de santĂ© des populations", assure le rapport. Une dĂ©marche qui a Ă©tĂ© initiĂ©e il y a quelques semaines par lâagence rĂ©gionale de santĂ© avec le programme "Koman i lĂ©." Dans ses recommandations, lâinstitution conseille aux ministĂšres de la santĂ© et des outre-mer dâĂ©tablir "un tableau de bord rĂ©guliĂšrement actualisĂ© pour mesurer les Ă©carts et engager les actions correctrices en mettant en place."
"Un systÚme de santé à la peine"
Dans son rapport, la Cour des comptes Ă©pingle Ă©galement le systĂšme de santĂ© ultramarin. "Les actions de prĂ©vention nâont pas toujours bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune prioritĂ© qui permettrait de rĂ©duire les surcoĂ»ts", Ă©crit-elle dans son rapport, jugeant insuffisants les dispositifs de santĂ© scolaire et universitaire.
La juridiction estime que "les dĂ©fis sanitaires des outre-mer doivent obliger tous les acteurs des systĂšmes de santĂ© Ă se mobiliser pour un meilleur usage des moyens considĂ©rables dont ils sont comptables." En effet, 43 % des 417 millions dâeuros dâenveloppe exceptionnelle apportĂ©e par le ministĂšre de la SantĂ© pour combler les dĂ©ficits vont Ă lâOutre-mer.
Si La RĂ©union est assez bien fournie en mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, la Cour des comptes assure que les soins ambulatoires sont inĂ©galement accessibles. "Les frĂ©quentes vacances de postes sont en tout Ă©tat de cause un lourd handicap pour la continuitĂ© des soins et des Ă©quipes", assure lâinstitution. Le rapport prend pour exemple lâhĂŽpital de Mayotte oĂč 500 mĂ©decins travaillent chaque annĂ©e, avec pour moitiĂ© des remplaçants venus de mĂ©tropole en CDD.
"LâEtat trop souvent en retrait"
La Cour des comptes Ă©crit dans son rapport quâun "manque de vision globale et de dynamisme interministĂ©riel a laissĂ© lâEtat trop souvent en retrait." Lâadoption dâun plan santĂ© outre-mer en 2009 a souffert dâune faible impulsion stratĂ©gique dâaprĂšs lâinstitution pour qui "une stratĂ©gie adaptĂ©e de santĂ© publique pour les outre-mer constitue un enjeu majeur."
Le Palais Cambon recommande en effet de "mieux connaĂźtre, mieux coordonner, et dâagir plus efficacement avec une stratĂ©gie dâensemble et pluriannuelle permettant de rĂ©duire les Ă©carts les plus graves en termes dâĂ©galitĂ© des chances." La Cour ajoute : "le ministĂšre des affaires sociales et de la santĂ© est loin dâavoir tirĂ© toutes les consĂ©quences et tous les bĂ©nĂ©fices de cette transformation."
Dans ces commanditions, la juridiction demande Ă©galement de "charger les agences rĂ©gionales et territoriales de santĂ© de rééquilibrer les financements au profit dâun programme de prĂ©vention spĂ©cifique", ainsi que de "dĂ©cliner dans un programme de santĂ© publique pour les outre-mer la stratĂ©gie nationale de santĂ© et la future loi de santĂ© publique dans un volet outre-mer." Les cartes sont dĂ©sormais dans les mains du gouvernement.
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