L'interdiction hors du lagon devrait être prolongée au-delà du 15 février

Baignade et activités nautiques : le risque requin toujours élevé

  • Publié le 27 janvier 2014 à 05:00

Le 15 février 2014, l'arrêté préfectoral interdisant la baignade et certaines activités nautiques en dehors du lagon et des zones surveillées arrivera à terme. Mais tous les indicateurs demeurent au rouge, le niveau du risque demeurant élevé en raison d'une présence toujours importante de requins près des côtes et du manque d'avancement des études (CHARC, ciguatera 2) ou projets (Cap Requins, vigies) en cours. Dans ces conditions, on ne voit pas comment pourrait être levée l'interdiction qui dure depuis déjà six mois.

Se dirige-t-on vers une pérennisation de l’interdiction de baignade et de certaines activités nautiques à La Réunion en dehors du lagon ? Une chose est sûre à l’heure actuelle : les conditions – à tous les niveaux – ne semblent pas réunies pour lever l’arrêté préfectoral pris le 26 juillet 2013 et prolongé le 27 septembre jusqu’au 15 février 2014. Tout porte en effet à croire qu’une nouvelle prolongation sera décidée par la préfecture, même si quelques aménagements sont toujours possibles.

Le préfet Jean-Luc Marx avait justifié la prolongation de l’interdiction en octobre dernier par un "niveau élevé de risque", constaté du fait du "nombre constant de signalements de requins à proximité des côtes", de "l’impossibilité de formuler des conclusions définitives issues des études en cours" ou encore de "la nécessité de disposer des premiers résultats de certains projets en cours". Or sur l’ensemble de ces points, la situation n’a guère évolué, comme a pu le confirmer la dernière réunion du CO4R (Comité opérationnel de réduction du risque requin à La Réunion) ce jeudi 23 janvier. À l’issue de celle-ci, la préfecture a d’ailleurs rappelé que "la mesure d’interdiction de la baignade et de certaines activités nautiques est la seule qui permette, à ce stade, de garantir la sécurité des usagers de la mer et d’éviter les accidents". La situation sera-t-elle différente dans trois semaines ?

Le projet Cap Requins et par concomitance le programme ciguatera 2 viennent tout juste de démarrer il y a une dizaine de jours. Le dispositif des vigies-requins entrera dans une phase d’étude au début de ce mois de février, les conclusions étant attendues pour le mois de juin. Quant à l’étude CHARC, Antonin Blaison, de l’IRD (Institut de recherche pour le développement), indique que "nous n’avons aucune conclusion définitive et nous n’aurons pas de résultats avant la fin 2014". Bref, si les choses avancent petit à petit, il faudra encore du temps et probablement de longs mois avant d’envisager un retour à la normale.

"Selon moi, il est peu recommandable de rouvrir s’il n’y a pas véritablement d’effort de pêche sur les spots les plus chauds", estime ainsi Loris Gasbarre, président de l’association PRR (Prévention requin Réunion), une des chevilles ouvrières du projet Cap Requins. "Les marquages nous indiquent que la présence de requins est toujours très forte, mais le plus alarmant est que cela représente à peine 5 à 10 % de la population estimée", ajoute-t-il.

Vers un surpeuplement du lagon

Depuis le lancement de Cap Requins, avec la pose de palangres et de quatre drumlines en baie de Saint-Paul le mardi 14 janvier, cinq squales – dont deux tigres de plus de 3 mètres – ont déjà été capturés. Par ailleurs, un requin bouledogue avait été aperçu le 8 janvier tout proche de la zone de baignade de l’Etang-Salé, un requin tigre observé le 21 janvier à Saint-Gilles dans le secteur des Brisants et un autre requin indéterminé le lendemain à Boucan-Canot. Des prises et des observations qui n’ont toutefois "rien d’étonnant, ni d’alarmant" selon Antonin Blaison.

"Ça grouille !", estime-t-on en revanche du côté de l’association OPR (Océan prévention Réunion), également partisane du retour d’une "pression traditionnelle de pêche". "On a laissé installer cette situation en stoppant la pression de pêche, alors que La Réunion est une île à requins depuis toujours, de par sa spécificité et son biotope exceptionnel", explique l’association, selon laquelle il faut "mettre en place des dispositifs complémentaires et que les gens se responsabilisent, mais on ne pourra pas retourner dans l’eau comme ça de manière insouciante".

La Réunion doit donc se préparer à voir ses activités nautiques – et notamment la filière surf – tourner au ralenti pour encore quelque temps. Tout comme elle doit s’habituer à voir les amateurs de mer et de baignade se concentrer sur son lagon, avec tous les risques que cela comporte, même s’il n’y a pas eu d’effets néfastes encore observés. "Même s’il y a beaucoup de monde, les gens restent généralement sur les zones sableuses et il y a peu d’impact sur les récifs", précise ainsi Michaël Rard, président de l’Observatoire marin de La Réunion, ajoutant tout de même "qu’il y a toujours des suspicions sur l’impact des crèmes solaires ou de l’augmentation des déchets".

Le préfet Jean-Luc Marx a encore trois semaines pour faire le choix de prolonger l’arrêté, de l’aménager ou de le suspendre. Si la première hypothèse demeure la plus probable, "il n’y a pas de décision encore prise pour la suite", indique-t-on du côté de la préfecture.

La dernière attaque de requin à La Réunion remonte au 26 octobre 2013, au spot du Tournant à l'Étang-Salé. Un baigneur de 24 ans avait frôlé la mort et vu sa jambe sectionnée par le squale.

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2 Commentaires
kikilagon
kikilagon
11 ans

les élus n'en ont rien à faire sauf.... sauf si cela leur amène des voix pour les élections ou au moins de l'argent bien frais ! Si certains maires devaient importer des centaines de requins pour être élus, le lagon deviendrait un aquarium à requins, hélas. Les vrais requins sont les politiques sur l'île.

PlastiKo
PlastiKo
11 ans

Je reste particulièrement étonné du laxisme ambiant qui entoure ce difficile sujet.
Comment les dirigeants réunionnais peuvent-ils laisser cette situation "Requin" s'enliser avec une telle insouciance ?
Ne voient-ils pas les considérables dégâts qui vont s'abattre sur cette île déjà suffisamment éprouvée par la grande régularité des cyclones et autres tempêtes tropicales ?
Comment ne peut-on pas comprendre qu'il en va de la survie financièrement de l'ensemble des réunionnais que cette situation se résolve au plus vite?
La réunion est un département touristique et ne pourrait assurément pas vivre uniquement de ses ressources naturelles...
J'ai mal à mon île chérie... :-(