Au lendemain de l'attaque de requin qui a coûté la vie au jeune Elio, quelques personnes se sont recueillies spontanément ce lundi 13 avril 2015 aux Aigrettes. Sur le lieu préféré de l'adolescent, les proches de l'espoir du surf et les amoureux de la mer ont du mal à réaliser le drame qui a eu lieu il y a moins de 24 heures. Un hommage discret au Cap Homard qui est également l'occasion de se poser de nouvelles questions sur la crise que traverse La Réunion depuis 2011.
Tandis qu'au large les bateaux de pêche du dispositif post-attaque s'agitent suite au décès du jeune Elio, l'atmosphère est plus calme sur la plage des Aigrettes. Aucun surfeur n'est à l'eau, la mer ne fait aucune vague. Anonymes, proches et passionnés se recueillent en silence sur le Cap Homard, le lieu préféré du surfeur qui était âgé de 13 ans.
Parmi ces personnes présentes aux Aigrettes, Aristide connaissait bien l'espoir du surf pour l'avoir côtoyé au skatepark de Plateau Caillou. "Elio, tout le monde t'aimait bien, dommage que tu sois parti trop tôt. C'est quelqu'un qui aimait tout le monde, c'était quelqu'un de passionné. Il avait la joie de vivre", se souvient son ami, qui a respecté une minute de silence avec ses amis skateurs.
Pour Aristide, cette nouvelle attaque est "difficile à comprendre" vu les conditions idéales de surf. "Avec le temps, les autorités vont faire le nécessaire pour tous ceux qui viennent à la mer. C'est à eux de décider. Nous sommes dans une île, nous allons tous à la mer. Il faut protéger tout le monde et faire ce qu'il faut", estime-t-il.
"Il ne faut plus croire que ça n'arrive qu'aux autres"
De son côté, Patrice, n'attend plus rien des autorités. "Aujourd'hui, c'est à la ligue de surf réunionnaise de prendre les décisions pour stopper et interdire aux enfants et aux adultes de surfer quitte à mettre en place des mesures draconiennes. Si on voit un surfeur à l'eau, il faut prendre sa licence et la déchirer. C'est aux parents d'interdire aux enfants de se mettre à l'eau. Il ne faut plus croire que ça n'arrive qu'aux autres", assure ce père d'un jeune surfeur.
Le fils de Patrice connaissait Elio : "lorsqu'on a appris l'attaque, il m'a dit : j'espère que ce n'est pas Elio mon pote de classe. Il sait qu'il venait sur ce spot et malheureusement, si ça avait été quelqu'un d'autre, ça aurait été pareil. Il faut dire stop et faire en sorte que ce soit le dernier. Il ne faut plus qu'on soit là à discuter de ça. Ça ne doit plus arriver." "Ne vaut mieux t-il pas que ce soit la mort du surf plutôt que de voir un nouveau drame comme celui ?", s'interroge-t-il.
Une question que ne partage pas Jean-Louis Vidot, vigie requin à la commune de Saint-Paul. "Ca fait 40 ans que je surfe. Je surfe toujours et je suis toujours entier. On s'organise avec les copains pour monter une vigie personnelle et nous surfons avec des lunettes pour voir le requin. Le requin est un charognard, c'est un peureux. Il suffit de le montrer du doigt pour qu'il fuit. Maintenant, le problème du requin c'est qu'on ne le voit plus. Il est dessous", constate l'ancien champion de long-board, estimant que le comportement du squale autour de La Réunion a changé.
"La mer baigne dans nos veines"
Pour l'amoureux du surf, "c'est une abérration" de vouloir arrêter définitivement le surf à La Réunion. "Une île sans mer n'est pas une île. La mer baigne dans nos veines. Je suis né à La Réunion et je me suis toujours baigné. Ce n'est pas trop culturel dans la mentalité propre du Réunionnais, mais le pique-nique à la plage en fait partie. C'est comme si l'on interdisait après le pique-nique d'aller se baigner dans le bord de la mer", souligne Jean-Louis Vidot, qui attend la mise en place de véritables filets de protection.
Installé à La Réunion depuis de longues années, Greg a longtemps surfé dans l'île. "J'ai rencontré ma femme créole qui m'a dit ne pas me mettre à l'eau à cause du risque requin. J'ai continué à y aller jusqu'à la première attaque mortelle qu'il y a eu. A partir de là, on a compris qu'il ne fallait plus aller à l'eau. J'ai mis la planche au placard et je ne pratique plus d'activité nautique à La Réunion depuis", se rappelle-t-il.
Egalement père de famille, ce "zorey" se veut pessimiste quant à l'avenir du surf à La Réunion : "à mon avis, ça ne sera pas la dernière attaque tant qu'il y a pas de choses qui sont faites réellement. Ils peuvent pêcher 10 requins aujourd'hui, il y en aura 40 autres qui vont arriver derrière. C'est vraiment en mettant des filets et des vigies qu'on peut y arriver. Il faudrait peut-être aller voir ce qui se fait en Floride ou en Australie." Mais en attendant, il se recueille sur lieu de l'attaque dont a été victime le jeune Elio alors que le balet des bateaux de pêche continue au large.
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Relisez les etudes, elles ont ete nombreuses sur les requins à Hawaï. Les plus notables ont été celles initiées par Kim Holland dans les années 1990. Elles visaient principalement à déterminer si l’abattage des requins pouvait réduire le risque d’attaques. Les conclusions ont été que l’abattage de requins aurait un effet négligeable sur ce qui est le principal prédateur d’Hawaï, le requin-tigre. Pas d’effet donc parce que ce sont des chasseurs à longue portée qui arrivent de loin, chassent et repartent. Qui ne sont pas sédentaires.
Plus tard, les biologistes marins sont parvenus à un consensus : la réduction du nombre de requins pourrait déstabiliser l’écosystème marin.
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