Les premiÚres palangres de fond seront posées la semaine prochaine

Le projet CapRequins se jette Ă  l'eau

  • PubliĂ© le 6 dĂ©cembre 2013 Ă  16:43
Requins

AprĂšs plusieurs mois d'attente et de tergiversations, les diffĂ©rents partenaires du projet CapRequins Ă©taient rĂ©unis ce vendredi 6 dĂ©cembre 2013 au Port, dans les locaux du comitĂ© rĂ©gional des pĂȘches, pour annoncer le lancement d'une opĂ©ration qui dĂ©marrera la semaine prochaine et durera six mois. Il s'agit de la pose de palangres de fond et de drumlines en baie de Saint-Paul, permettant de procĂ©der Ă  des marquages et des prĂ©lĂšvements de squales dans le but de rĂ©duire le risque requins. En cas de rĂ©sultats probants, le dispositif est destinĂ©, Ă  terme, Ă  s'Ă©tendre aux sites de Boucan-Canot et des Roches Noires.

PrĂ©vu Ă  l’origine pour dĂ©buter au mois d’octobre, le projet CapRequins avait vu l’IRD se dĂ©sengager et son lancement retardĂ©, suscitant de nombreuses interrogations sur sa viabilitĂ©. Ces doutes ne sont aujourd’hui plus de mise, puisque l’ensemble des partenaires rĂ©unis ce vendredi autour du comitĂ© rĂ©gional des pĂȘches et des espĂšces maritimes (CRPEM) – la ligue de surf, les associations PRR et Squal’idĂ©es, la sous-prĂ©fĂšte Chantal Ambroise et la vice-prĂ©sidente du conseil rĂ©gional Fabienne Couapel-Sauret –  ont procĂ©dĂ© au lancement officiel de l’opĂ©ration, tout en prĂ©sentant son fonctionnement et ses objectifs. À savoir parvenir Ă  la rĂ©duction du risque requins grĂące Ă  une pĂȘche "de protection", mise en place grĂące Ă  des palangres de fond et un dispositif innovant de drumlines.

Une premiĂšre phase d’expĂ©rimentation dĂ©butera la semaine prochaine avec la pose des premiĂšres palangres en baie de Saint-Paul, avant l’installation de drumlines la semaine suivante. Suivra ensuite une phase intermĂ©diaire en milieu rĂ©cifal, Ă  Boucan-Canot ou aux Roches Noires, avant de passer rĂ©ellement Ă  la phase opĂ©rationnelle en cas de rĂ©sultats probants. Le tout devant se dĂ©rouler sur une pĂ©riode de six mois, sous l’égide d’un comitĂ© scientifique dont il reste Ă  dĂ©finir la composition, et en collaboration avec les experts sud-africains du KwaZulu-Natal Sharks Board.

Tous les participants au projet ont surtout tenu Ă  mettre l’accent sur "l’unitĂ©" et "le consensus" les guidant dans cette opĂ©ration. "Surfeurs, pĂȘcheurs, plongeurs : il s’agit d’un partenariat reprĂ©sentatif de la mer et de ceux qui la connaissent", a estimĂ© Jean-RenĂ© Enilorac, prĂ©sident du CRPEM, s’avouant "convaincu que nous allons avancer vers une solution pĂ©renne pour diminuer le risque requins".

La sous-prĂ©fĂšte Chantal Ambroise a de son cĂŽtĂ© Ă©voquĂ© "un moment important" pour dĂ©crire le lancement de ce qu’elle juge "une rĂ©ponse collective et concertĂ©e" au problĂšme requins, tandis que la reprĂ©sentante de la RĂ©gion Fabienne Couapel-Sauret a parlĂ© d’un "juste Ă©quilibre entre protection de l’environnement et dĂ©veloppement touristique".

Des bouées "intelligentes" pour des informations en temps réel

Mais ce projet CapRequins – dont les rĂ©sultats seront scrutĂ©s scrupuleusement de toutes parts -, c’est encore David Guyomard, chargĂ© de mission au comitĂ© des pĂȘches, qui en parle le mieux. "L’objectif est de cibler uniquement les requins prĂ©sents durablement dans les zones cĂŽtiĂšres", explique-t-il, prĂ©cisant que cela reprĂ©sente "un nombre trĂšs limitĂ© d’individus", se basant sur les donnĂ©es du programme CHARC. "La moitiĂ© des requins pĂȘchĂ©s seront marquĂ©s, l’autre moitiĂ© sera prĂ©levĂ©e dans le cadre du programme ciguatera 2", ajoute-t-il.

Deux techniques de pĂȘche seront donc utilisĂ©es, les palangres de fond et les "smart" drumlines, le tout entourĂ© de stations d’écoute et Ă©quipĂ© de camĂ©ras vidĂ©o. Concernant les palangres, il s’agit d’une "technique largement Ă©prouvĂ©e par le programme CHARC, efficace sur les requins bouledogues en particulier et ultra sĂ©lective puisqu’on n’a jamais constatĂ© de mortalitĂ© sur d’autres espĂšces", souligne David Guyomard, devançant les Ă©ventuelles critiques d’associations protectrices de l’environnement.

C’est Ă©galement ce principe qui a guidĂ© les Ă©quipes de CapRequins dans le choix de la mise en place des "smart" drumlines, un dispositif dont La RĂ©union se fait la pionniĂšre. De gros appĂąts, accrochĂ©s Ă  de gros hameçons, seront reliĂ©s Ă  une bouĂ©e "intelligente" permettant d’envoyer des informations en temps rĂ©el et donc d’intervenir rapidement en cas de capture d’un animal "non-dĂ©sirĂ©". "Le coeur du projet est d’étudier la faisabilitĂ© de cette technique et son efficacitĂ© sur les tigres et les bouledogues tout en prĂ©servant les autres espĂšces", poursuit le membre du CRPEM. La premiĂšre phase pilote en baie de Saint-Paul, loin de toute activitĂ© nautique, servira notamment Ă  mesurer l’attractivitĂ© de ces drumlines sur les requins.

Les choses sont donc enfin en place pour procĂ©der Ă  la concrĂ©tisation d’un projet dont on  attend beaucoup. Le dispositif n’entre toutefois que dans une phase expĂ©rimentale, que tous espĂšrent concluante sous peine de se retrouver une nouvelle fois les pieds dans l’eau face au risque requins.

www.ipreunion.com

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