À la demande des représentants du personnel des trois sociétés de la Cilam, un cabinet d'expertise comptable grenoblois a rendu - en novembre 2013 et en mars 2014 - un double rapport mettant en cause la gestion des ressources humaines du groupe et surtout sa politique salariale. Mettant en avant un chiffre d'affaires de 77,6 millions d'euros en 2012 et une productivité restant en 2013 "au-dessus de la profession", les experts pointent "un partage des richesses défavorables aux salariés", avec des salaires moyens plus faibles que ceux de la profession pour un coût pourtant inférieur. Ils soulignent également des écarts de rémunération "difficiles à comprendre" entre ouvriers/employés et cadres. Ce rapport va ainsi totalement dans le sens des grévistes qui réclament, entre autres, depuis ce lundi 30 juin 2014 "une harmonisation des avantages salariaux au sein du groupe". De son côté, le directeur général de la Cilam Gilles Espitalier-Noël a estimé ce mercredi que cet audit comportait "beaucoup d'inexactitudes et d'approximations".
Ce mercredi 2 juillet 2014, le directeur général de la Cilam, Gilles Espitalier-Noël, a assuré que les salariés de la compagnie laitière n'avaient pas à se plaindre de leurs conditions salariales, soulignant qu'en ajoutant les avantages spécifiques (participation à la mutuelle, prime yaourt, ticket restaurant…), "les salaires sont de 21 % supérieurs à ceux de la grille minimale de la convention laitière".
Des affirmations loin de convaincre les grévistes, d'autant qu'elles vont à l'encontre d'un récent rapport d’experts-comptables du cabinet grenoblois ACCE Expertise qui décrit "une politique salariale austère qui semble concerner toutes les catégories", ainsi que des écarts de rémunération "difficiles à comprendre" entre ouvriers/employés et cadres. Et ce alors que "la productivité apparente chez Cilam est plus élevée que dans la profession".
À la demande des représentants du personnel de l’UES (Unité économique et sociale) Cilam – qui regroupe la Cilam SA, la Cilam PLF (produits laitiers frais) et la Cilam LJ (lait et jus) –, ces experts-comptables se sont attachés à "les assister dans l’analyse de la situation et des comptes de l’entreprise au 31 décembre 2012 d’une part, et dans l’étude des données prévisionnelles d’autre part".
"Une forte hausse du profit brut" en 2012
Ce rapport a été rendu en deux temps, une première partie en novembre 2013, une seconde en mars 2014. Il revient tout d’abord sur les performances réalisées depuis 2010 et la séparation des activités industrielles de la Cilam en trois sociétés distinctes (Cilam SA, Cilam PLF, Cilam LJ).
Avec un chiffre d’affaires en hausse de 2,5 % de 2010 à 2011, puis de 1,6 % de 2011 à 2012, où il s’élevait à 77,6 millions d’euros, les experts grenoblois notent que "la stratégie de la Cilam s’affirme toujours gagnante" et que "ses résultats, sa profitabilité et sa rentabilité, tant d’exploitation que financière, ressortent à de hauts niveaux". Pour 2012, le rapport met ainsi en avant "une cascade de variations positives ponctuées par une forte hausse du profit brut" et "un exercice qui s’achève sur une excellente profitabilité économique brute de 15,5 % du produit total".
Il ajoute que "la Cilam conforte le renforcement de son taux de profit" avec une "situation financière solide qui ne souffre d’aucune inquiétude" et "des taux de rentabilité enviables". Certes, le rapport note "des résultats d’exploitation et nets en repli" pour l'année 2013, mais en ajoutant qu'ils "demeurent cependant appréciables". Gilles Espitalier-Noël affirme de son côté que "les résultats de 2013 sont la moitié de ceux de 2012", justifiant ainsi la position ferme de la direction quant à d'éventuelles revalorisations salariales.
Plus pour les cadres, moins pour les ouvriers
Le rapport s’interroge sur la politique salariale mise en œuvre par la Cilam ces dernières années, au regard des ces résultats qui "paraissent plus que satisfaisants mais soulèvent néanmoins la question de la juste répartition des richesses au sein de l’entreprise".
Il note ainsi une "évolution contrastée" des salaires entre janvier 2011 et janvier 2013. Concernant les ouvriers et les employés, le salaire mensuel moyen a baissé de 47 euros à 2020 euros et le salaire médian a baissé de 3 euros à 1910 euros, pendant que la rémunération mensuelle moyenne des cadres progressait de 2 euros à 3057 euros, leur salaire médian augmentant lui de 811 euros à 2724 euros. "Les écarts de salaires se sont creusés entre les ouvriers/employés et les cadres", insistent les experts-comptables.
Mais ce n’est pas tout. Le rapport souligne que l’écart de salaire avec la grille de la FNIL (fédération nationale des industries laitières) "ne rend pas compte de la cherté de la vie sur l’île". Et ce alors que "le coût salarial chez la Cilam est pourtant inférieur de près de 30 % à celui de la profession", précise-t-il, soulignant que "le taux de charges sociales est beaucoup plus faible chez la Cilam, compte tenu des exonérations locales et d’une proportion de bas salaires plus élevée chez Cilam que dans la profession".
Des "clarifications" nécessaires
"Les salariés de Cilam produisent donc plus de richesses et leur coût est sensiblement moins élevé que leurs collègues dans la profession", en déduisent les experts. "Mais la répartition des richesses à la Cilam contraste avec celle de la profession", s’étonnent-ils.
En conclusion, le rapport des experts comptables grenoblois mentionne que "les multiples aspects de la politique salariale et les enjeux et les limites de l’analyse des frais de personnel interrogent". Et que "l’évolution et la structure des rémunérations impose des clarifications au regard de l’écart de salaire mini par rapport à la grille FNIL, l’écart de rémunération par rapport au coût de la vie, le différentiel de coût du travail observé au sein de la profession et à la Cilam, le taux de charges sociales et des allègements Lodeom dont a bénéficié la Cilam, l’écart de salaire moyen et médian entre des ensembles de catégories difficile à comprendre mais aussi l’absence totale de participation et d’intéressement depuis plusieurs années".
Mais pour Gilles Espitalier-Noël, "ce rapport comprend beaucoup d’inexactitudes et d’approximations, au-delà du fait qu’il aurait dû rester à l’usage exclusif des membres du comité d’entreprise, je ne ferai pas d’autres commentaires".
www.ipreunion.com
Ou vont les bénéfices de ces entreprises? La notion de l'UES fait mal, très mal!!! aux patrons profiteurs.Allez devant les tribunaux, ne lâchez pas prise!!
Joyeux aniversaire pour té 50ans cilam
Quand ça marche il faut casser l'entreprise avec des grèves ? que faire des quelques feignants protégés par des " lois CGT " vs les travailleurs non "syndiqués" ???