"Déconstruire le cliché des cocotiers" : Jeanny Belanyi dénonce la vision exotisante des Outre-mer

  • Publié le 23 novembre 2025 à 08:35
  • Actualisé le 23 novembre 2025 à 09:26
Saint-Pierre

"Saint-Pierre c'est archi moche " : cette vidéo qui a créé la polémique récemment à La Réunion a ravivé un débat ancien mais toujours présent : celui de la perception réductrice des territoires ultramarins depuis l’Hexagone. Interviewée dans l'émission "C pas si loin" de FranceTV, Jeanny Belanyi, directrice de l’Observatoire des outre-mer de la Fondation Jean-Jaurès, revient sur cette polémique et ce qu’elle révèle : une vision exotisante persistante qui façonne encore largement l’imaginaire hexagonal autour des Outre-mer. (Photo photo RB/www.imazpress.com)

Tout part d’une influenceuse venue de l’Hexagone, qui a publié une vidéo décrivant la ville de Saint-Pierre comme "archi moche" au début du mois de novembre. L’extrait, devenu viral, a rapidement provoqué un tollé. Si l'influenceuse s'est excusée en déclarant "s'excuser si (ses) mots ont pu blesser ou être mal compris", de nombreux Réunionnais ont dénoncé cette même vision exotisante de l'île. 

Pour Jeanny Belanyi, la question dépasse la simple appréciation esthétique. "Au-delà d’une opinion personnelle, c’est la vision exotisante des territoires ultramarins qui, encore une fois, est mise sur le devant", explique-t-elle. 

Elle rappelle que l’imaginaire hexagonal attribue souvent aux territoires ultramarins une image simplifiée : celle de paysages tropicaux, de cocotiers et de douceur de vivre permanente. "On s’attend, en débarquant à La Réunion, à avoir les cocotiers, le soleil, la plage, à être dépaysé", dit-elle. 



Ce fantasme de la "carte postale" que recherchent certains touristes est en contradiction avec la réalité de villes vivantes, complexes, façonnées par "l’histoire, l’architecture, des défis et des habitants qu'ils conviendraient de respecter", 

Au-delà de la polémique autour de Saint-Pierre, Jeanny Belanyi rappelle que les villes ultramarines ne sont pas des décors touristiques, mais des espaces urbains peuplés. 

Elle note par ailleurs la manière dont l’Hexagone relate la vie dans les Outre-mer oscille entre deux extrêmes : d’un côté, le paradis tropical, et de l’autre, des territoires présents dans la presse uniquement sous l’angle de crises sociales, économiques ou sécuritaires.

"On a une image forgée des territoires ultramarins dans l’Hexagone : soit les territoires carte postale, soit les territoires avec des crises anxiogènes à répétition", conclut-elle. 

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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