Visite dans l'île de François Chérèque, secrétaire général de la CFDT

"La Réunion ne doit plus être sous perfusion de l'Etat"

  • Publié le 2 février 2012 à 17:15

Le secrétaire général de la CFDT (confédération française démocratique du travail) François Chérèque est arrivé à La Réunion ce mercredi 1er février 2012. Après avoir rencontré le conseil syndical local hier, il s'est rendu ce jeudi 2 février à l'entreprise ICO à Sainte-Marie, puis à la préfecture et au CESER (conseil économique, social et environnemental de La Réunion). Avant de terminer sa visite par une rencontre avec les militants de l'UIR CFDT au Village Bienvenue à Sainte-Marie, François Chérèque a accepté de livrer son regard sur la situation économique et sociale de La Réunion à Imaz Press. Interview.

- François Chérèque, vous êtes à La Réunion depuis ce mercredi. Quel est votre regard sur la situation économique et sociale du département ?

"Le constat qui saute aux yeux, c'est que la situation économique et sociale n'est pas bonne, ne serait-ce que sur la question de l'emploi. Le chômage a encore augmenté de 5% en 2011, 60% des jeunes actifs ne travaillent pas, ce sont des chiffres effrayants. Sans compter que le coût de la vie est cher".

- Selon vous, que faudrait-il faire pour remédier à cette situation ? Que doit réclamer La Réunion à l'approche de l'élection présidentielle ?

"La situation actuelle nécessite que les élus locaux et l'Etat se concertent pour agir sur le court terme et regarder sur le long terme. Je pense que pour le bien de son développement économique, La Réunion doit entretenir, organiser, et renforcer ses relations avec les pays de la zone Océan Indien. Cela permettrait de mettre en avant la production locale, de créer des partenariats importants avec les pays qui se trouvent autour, et de former la population à une ouverture sur la région. Je suis sûr que c'est la clé pour un meilleur développement et une meilleure situation. Ce qui ne veut pas dire pour autant que l'Etat doit cesser d'être un soutien pour La Réunion, mais il faut que le département arrive à dépasser le système dans lequel il se trouve actuellement, c'est-à-dire un développement économique sous perfusion de la métropole".

- Sur la question des salaires, l'UIR-CFDT s'est inquiétée des clauses concernant la prorogation de la prime Cospar qui auraient été publiées dans une circulaire ministérielle, selon lesquelles aujourd'hui, rien n'oblige un employeur à donner la prime Cospar. Quel est votre avis sur cette prime ?

"A La Réunion, on est actuellement dans un système commercial inquiétant où certains exploitent le manque de concurrence pour asseoir leur monopole et faire du profit. L'Etat doit mettre en place des marges de régulation pour équilibrer les prix. En attendant, il est obligatoire de recourir à des dispositifs comme la prime Cospar, car tant que l'Etat ne régularise pas les prix, les Réunionnais vont continuer à souffrir d'une baisse de leur pouvoir d'achat, et ils ont besoin de l'assurance d'un bonus sur leur salaire".

- Avant de poser vos bagages à La Réunion, vous avez fait un passage à Mayotte. Quel est le bilan de votre visite sur l'île aux Parfums ?

"A Mayotte, la situation est différente de La Réunion. En fait, Mayotte est dans la situation où se trouvait La Réunion il y a 40 ans, c'est-à-dire qu'il y a des retards structurels importants dans tous les domaines. L'enjeu est colossal pour les Mahorais, puisqu'on leur demande de rattraper ce retard en trop peu de temps, et les efforts qu'on leur demande sont énormes, puisqu'ils ne reçoivent pas assez de soutien de la part de l'Etat".

Propos recueillis par Samia Omarjee pour
guest
0 Commentaires