Dans le cadre de la semaine de sensibilisation aux violences conjugales, le groupe Kiltir dévoile un nouveau clip intitulé "Papa tap pa moman". Ce titre, entièrement chanté en créole réunionnais, aborde les violences intrafamiliales sous un angle encore trop rarement mis en lumière : le regard et le vécu de l’enfant (Photo : groupe Kiltir)
"Papa tap pa moman" met en scène ce que traverse un enfant lorsqu’il voit son père frapper sa mère : la peur, la culpabilité, la confusion, et cet appel à l’aide souvent inaudible pour les adultes.
Dans les paroles de cette chanson, "la violence à travers le regard de l'enfant". "Pou li a swar ankor in koshmar, kom tou lé swar li kashièt sou son li, li la pèr, li kri, li pri, talèr papa i sa rantré, pov moman lo kou li sa gagné (…) Kan papa ka fine boir li maltrèt moman, li kashièt sou son li. Lo kèr la ek li..." Écoutez.
À travers ce clip, le groupe souhaite "rappeler que la violence conjugale touche aussi les plus jeunes, parfois dans le silence et l’incompréhension". Jeannick Arhimann dit "Nono, le leader du groupe Kiltir ajoute : "je ne chante pas une fiction".
- "Papa tap pa moman", une chanson, symbole de faits réels -
Si évoquer ce sujet a longtemps trotté dans la tête de l'artiste, la façon de l'exprimer lui est apparue lors d'un échange avec un jeune de 16 ans. Un jour il a sorti cette phrase : "papa maltraite maman le soir". "C'est là que je me suis dit, il faut faire entendre la voix de l'enfant", comment il vit cela", dit-il à Imaz Press.
"Avoir la vision de l'enfant, c'est faire en sorte de dire que ce sujet des violences conjugales engendre des violences intrafamiliales.
"Si la maman va avoir le coup physique, l'enfant aussi souffre car ça lui fait mal de voir sa mère et son père comme ça. Dans les deux cas il est victime", indique Nono.
"Même lorsqu’il n’est pas directement frappé, l’enfant subit profondément la violence qu’il voit, qu’il entend, qu’il ressent".
- Un manga musical pour sensibiliser aussi les plus jeunes aux violences intrafamiliales -
Le clip de Nono et du groupe Kiltir est pensé comme un manga. "C'est le jeune marmaille qui m'a donné cette idée", confie le chanteur.
"Quand les jeunes voient le clip, ils voient ce que l'enfant ressent et peut-être cela peut leur permettre de libérer la parole, d'en parler avec leurs parents", dit-il.
Un clip pensé avec BBK Picturez, "un jeune marmaille de Saint-Pierre qui a créé tous les personnages juste grâce à notre discussion".
À la fin du clip, une phrase, un message : "dans les violences conjugales, le côté du marmaille est souvent invisible mais lui aussi est une victime".
- La musique comme vecteur de sensibilisation d'un fléau régional -
"On ne veut juger personne ni viser qui que ce soit", dit-il. "Je ne suis pas là pour changer la société mais pour sensibiliser."
Pour Nono et son groupe, "chanter ce sujet était le meilleur moyen pour parler de ces problématiques, faire passer un message". "Cette chanson peut parler à tout le monde. On connaît tous un camarade ou des gens dans la famille qui ont été victimes de violences et puis, quand on regarde les statistiques, on voit que ce genre d'affaire est en augmentation à La Réunion", confie Jeannick Arhimann dit "Nono.
Et peut-être que demain, "cette musique va faire changer les choses du côté de l'éducation civique car tout le monde est influencé par ce qu'il écoute, ce qu'il regarde".
La Réunion est le 2ème département français le plus violent envers les femmes d'après les dernières données du ministère de l'Intérieur,
En 2024, 3.359 affaires ont été enregistrées par les tribunaux de Saint-Denis et Saint-Pierre, représentant 81 % des violences intrafamiliales traitées. Les forces de l’ordre ont accueilli 4.501 victimes, dont 84 % de femmes. Cela équivaut à plus de 12 signalements par jour.
Le nombre de victimes reçues par les structures associatives reste également élevé : 2.271 personnes ont été accompagnées par le Lieu d'écoute, d'accueil et d'orientation (LEAO) et les accueils de jour, dont 2.195 femmes.
Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter le 3919, le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. Des conseillers sont disponibles 24h/24. La Réunion est le quatrième département français en matière de violences intrafamiliales.
En cas d'urgence, le seul numéro à composer est celui de Police Secours.
Le 112, numéro d'urgence européen
Le 114 pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques, dysphasiques
Le 115 pour la mise à l'abri pour un hébergement d'urgence
Le 15 pour les urgences médicales, ou le 18
Le 119 pour les enfants en danger
Le 08 019 019 11 pour les auteurs de violences conjugales
Vous pouvez signaler des faits de violences intrafamiliales en ligne, directement auprès du commissariat ou de la gendarmerie la plus proche sur le www.servicepublic.fr/cmi Anonyme et gratuit, ce tchat est accessible 24h/24 et 7j/7 pour échanger avec des policiers ou des gendarmes spécialement formés aux violences sexistes et sexuelles.
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