Avec plus de 4.500 victimes recensées en 2024, La Réunion se place au deuxième rang national en matière de violences conjugales. Face à l'afflux de demandes, l'île a été désignée pour devenir l'un des territoires-pilote pour tester "AinoAid", un chatbot (dialogue en ligne) pour lutter contre les violences. Une aide conversationnelle utilisable par tous : associations, professionnels de santé, proches ou victimes. Plus de 1.000 connexions ont déjà été enregistrées (Photo sly/www.imazpress.com)
Frédéric Rousset, président du Cevif, nous cite l'exemple d'une femme malvoyante, victime de coups depuis plusieurs semaines par son conjoint.
Il rédige la demande de cette femme dans l'outil conversationnel. "Je suis victime de violences et non-voyante".
"AinoAid" lui répond, déclarant qu'il est "désolé d'apprendre cette situation mais qu'il est important de prendre soin de votre sécurité. Avez-vous des soutiens, des ressources pour vous aider", dit-il, listant également une liste d'associations et de numéros pour lui venir en aide.
La femme ne souhaite pas que son conjoint ait des problèmes ou n'envisage pas d'appeler la police. L'outil pose ensuite une série de questions visant à sécuriser la personne. Regardez.
"Ce sont des questions qui visent à sécuriser la personne et la faire entrer dans une dynamique de réflexion", explique Frédéric Rousset.
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- Un chatbot contre les violences intrafamiliales à La Réunion -
"AinoAid" est un outil qui se veut "discret et totalement anonyme", précise Margarita Vassileva, ingénieure de recherche au CNRS et membre de l'équipe française du projet européen IMPROVE et membre du GRAVIF - (Groupe Recherche-Action sur les violences intrafamiliales). Il ne nécessite aucun téléchargement et n'est pas traçable.
Il facilite le processus d'écoute pour des femmes et hommes souvent piégés dans un contexte de violences.
"Le plus urgent, c'est que chacun puisse avoir accès à l'information et interpeller les acteurs de terrain car quand on est dans l'œil du cyclone, on n'a pas forcément toutes les informations", indique le président du Cevif. Écoutez.
Frédéric Rousset met cet outil "dans les mains des bénévoles et personnes qui intègrent notre équipe pour développer leur culture du champ de l'accompagnement et permettre de prendre les mesures de ce qui existe à La Réunion". Écoutez.
Un outil qui lui-même, apprend grâce aux interactions avec les utilisateurs et collecte des données. Ces initiatives révèlent toutefois les limites de l’IA : elles ne peuvent pas remplacer des professionnels et un soutien humain.
- L’intelligence artificielle vient en aide aux victimes -
Le projet de chatbot dédié aux violences intrafamiliales date d'il y a six ans. Il a été créé en Finlande avec des fonds européens.
"La Réunion a été une évidence", explique Margarita Vassileva. "C'est un outil qui a suscité l'intérêt, notamment pour les associations et le secteur de la santé", ajoute-t-elle.
"Il sert de passerelle entre les différents professionnels et les victimes et même les auteurs", précise-t-elle "et permet de mieux informer car les professionnels n'ont pas forcément suivi de formation sur le sujet".
Au-delà des renseignements, il permet d'indiquer "quelles preuves fournir, les démarches pour se protéger, les différents stades de la prise en charge, la façon dont on parle à une victime ou à un auteur, comment détecter les violences", explique l'ingénieure.
Pour aider au développement de cet outil conversationnel, chacun est invité à faire ses retours auprès du laboratoire, soit en utilisant le formulaire de réponse sur le site ainoaid.fi, soit en utilisant le QR Code, soit en écrivant à margarita.vassileva@umrpacte.fr.
"AinoAidTM" sera opérationnel après 6.000 connexions constructives, c'est-à-dire qui permettent d’apporter des corrections et des ajustements au contenu : c’est l’étape du test.
Ainsi, par leur participation au test du chatbot, les utilisateurs de La Réunion ont l’opportunité de créer un outil qui réponde à leurs propres exigences et qui s’améliore au fil du temps.
- Plus de 4.500 victimes prises en charge en 2024 -
Les violences conjugales restent un fléau sur l’île. En 2024, 3.359 affaires ont été enregistrées par les tribunaux de Saint-Denis et Saint-Pierre, représentant 81 % des violences intrafamiliales traitées.
Les forces de l’ordre ont accueilli 4.501 victimes, dont 84 % de femmes. Cela équivaut à plus de 12 signalements par jour. Avec un taux de 14,6 pour mille habitants, La Réunion est l’un des départements les plus touchés du pays.
Le nombre de victimes reçues par les structures associatives reste également élevé : 2.271 personnes ont été accompagnées par le Lieu d'écoute, d'accueil et d'orientation (LEAO) et les accueils de jour, dont 2.195 femmes.
Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter le 3919, le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. Des conseillers sont disponibles 24h/24. La Réunion est le quatrième département français en matière de violences intrafamiliales.
En cas d'urgence, le seul numéro à composer est celui de Police Secours.
Le 112, numéro d'urgence européen
Le 114 pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques, dysphasiques
Le 115 pour la mise à l'abri pour un hébergement d'urgence
Le 15 pour les urgences médicales, ou le 18
Le 119 pour les enfants en danger
Le 08 019 019 11 pour les auteurs de violences conjugales
Vous pouvez signaler des faits de violences intrafamiliales en ligne, directement auprès du commissariat ou de la gendarmerie la plus proche sur le www.servicepublic.fr/cmi Anonyme et gratuit, ce tchat est accessible 24h/24 et 7j/7 pour échanger avec des policiers ou des gendarmes spécialement formés aux violences sexistes et sexuelles.
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ma.m/www.imazpres.com/redac@ipreunion.com
Ça y est, ça commence !
L'idée que l'humain est incapable d'avoir des émotions ou des sentiments, fait son chemin.
T'as pas l'appli adéquat, tu n'existes pas, ou tu meurs
Bonjour,
Merci pour les commentaire déjà publiés ! Et surtout GRAND MERCI à Imazpress pour l’excellent reportage, complet et approfondi !
Bien sûr, il ne s’agit pas de remplacer l’humain, mais de lui proposer des outils d’information. Une personne avertie en vaut deux. Savoir reconnaître les violences au sein du couple et s’informer de ce qu’il faut faire n’a rien à voir avec "la sensibilité", c’est une question de culture générale. Cela peut aider les personnes concernées : victimes, agresseurs, professionnels, intervenants de terrain et c’est une excellente chose. Mais la nouveauté n’a jamais été automatiquement acceptée. Merci beaucoup à toutes les personnes ouvertes d’esprit et curieuses qui sont en première ligne pour faire avancer les choses 🙏
I koz kreol zafer la ? Sinon sa, sré in pe domaz...
Oui. Ils comptent ajuster au créole réunionnais en partant du créole Mauricie.