Le Port : les salariés d'une boulangerie tirent la sonnette d’alarme : “on vit avec 500 euros par mois”

  • Publié le 22 octobre 2025 à 10:32
  • Actualisé le 28 octobre 2025 à 19:24
personnel boulangerie 3 épis

À la boulangerie-pâtisserie Les 3 épis, au Port, la tension est palpable. Plusieurs employés dénoncent des retards ou absences de salaire depuis plusieurs mois. Certains affirment ne pas recevoir leurs compléments de salaire pendant leurs arrêts maladie, d'autres évoquent une perte totale de confiance. Le gérant, Norbert Tacoun, reconnaît des "turbulences économiques", mais se veut rassurant. (Photo sly/www.imazpress.com)

"On n’a plus de salaire, ou alors à moitié. Aujourd’hui, il y a des collègues qui vivent avec 500 euros par mois", témoigne Frédéric Robert, pâtissier depuis 33 ans dans l’entreprise. En arrêt maladie depuis mars, il assure n’avoir reçu aucun complément de salaire depuis cette date. "Même la prévoyance, il n’y a plus rien. Je vis grâce aux indemnités de la sécurité sociale et à ma femme qui travaille", confie-t-il. Écoutez.

Il dit avoir alerté la direction à plusieurs reprises : "J’ai envoyé des mails, j’ai écrit à Monsieur Tacoun. L’inspection du travail est même venue le 9 juillet dernier, mais depuis, rien n’a changé. On galère tous les jours". Pour lui, la situation n’a rien d’un incident passager : "Les difficultés ont commencé après une coupure EDF en février. On n’a jamais su pourquoi. Depuis, plus rien ne va".

- "Je suis parti à la retraite sans être payé" -

Eugène Couteyen-Carpaye, employé depuis 38 ans, a lui aussi quitté Les 3 Épis dans la douleur. "Quand je suis passé à la retraite, je n’ai rien eu. Aucun salaire, aucun solde. Il me doit environ 15.000 euros", affirme-t-il, amer. "Avant, c’était une grande boulangerie, une institution au Port. Mais depuis l’année dernière, le travail a baissé, les paiements se font en deux ou trois fois. C’est triste de finir comme ça après tant d’années". Regardez.

- Une entreprise historique en difficulté -

Contacté, Norbert Tacoun, gérant des 3 Épis et président de la Fédération de la boulangerie-pâtisserie de La Réunion, reconnaît des difficultés financières, mais les attribue à un contexte économique défavorable. "Il y a eu une période de turbulences après le cyclone Garance", explique-t-il. "L'activité a ralenti, les charges et les matières premières ont augmenté. Beurre, farine, chocolat... tout a pris entre 30 et 50%". Écoutez.

L’artisan évoque aussi la hausse des coûts salariaux prévue pour les apprentis à partir de 2026 : "Jusqu’à présent, on bénéficiait d’exonérations. Ce ne sera plus le cas. L’État doit prendre conscience que l’artisanat, c’est 2.800 emplois à La Réunion. On doit protéger le commerce de proximité". Interrogé sur une éventuelle procédure de dépôt de bilan, il élude : "Je ne souhaite pas répondre à cela". 

Pour les salariés, l'absence d'explication de leur employeur a du mal à passer. "C’est dommage pour un président de fédération de traiter ses employés comme ça", estime Frédéric Robert. "On attend simplement qu’il nous paye ce qu’il nous doit".

- L'espoir d'une solution -

Autrefois fleuron de la boulangerie au Port, Les 3 Épis ont vu leur activité se réduire : quatre magasins auparavant, un seul aujourd’hui. Les vitrines sont dégarnies, une poignée d’employés restent en poste et tous espèrent que la direction trouvera une solution avant que l’entreprise ne sombre définitivement.
"Les 3 Épis, c’était une fierté", conclut le pâtissier en arrêt. "Aujourd’hui, c’est surtout de la tristesse".

vg / www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Doudou
Doudou
2 jours

Dommage. Vous faites du bon pain , c est vrai . Par contre dans une période où les gens ont du mal à joindre les eux bouts , c est trop cher , même très cher . 1,80 € un croissant !!

Bibi
Bibi
2 jours

2e50 brioche doree st gilles gbh carrefour

Achtung
Achtung
2 jours

1,8 ?? Quel délire