Cité des Dirigeants : la Cour rendra sa décision le 30 octobre pour Christophe Di Donato et Gérald Maillot

  • Publié le 25 septembre 2025 à 08:38
  • Actualisé le 25 septembre 2025 à 10:28
Cité des dirigeants christophe di donato gérald maillot

Le délibéré dans l’affaire de la Cité des dirigeants était attendu ce jeudi 25 septembre 2025 devant la cour d’appel de Saint-Denis. Finalement les magistrats ont décidé de repousser leur décision au au 30 octobre. L'affaire avait été examinée en appel en juin dernier au cours d'une audience dense emarquée par des réquisitions lourdes du parquet et des plaidoiries unanimes en faveur de la relaxe (Photo sly/www.imazpress.com)

Sur le papier, l’initiative avait tout pour séduire. Lancée en 2017, la Cité des dirigeants devait être un hub de l’innovation à La Réunion, inspiré du modèle prestigieux du CPA (Centre de perfectionnement aux affaires) à la française, proche de l’esprit Harvard. Chefs d’entreprise, élus locaux et collectivités ont mis la main à la poche : près de 700.000 euros de la part de chacune des intercommunalités, auxquels se sont ajoutées des contributions privées.

Mais dès la deuxième année, la machine s’enraye : retrait d’Agefos qui limite son financement, déficit abyssal, et au final une liquidation en 2019. Dans le sillage, des soupçons d’enrichissement personnel et de montage financier hasardeux retombent sur ses promoteurs.

- Des premières condamnations légères en correctionnelle -

En 2022, le tribunal correctionnel de Saint-Denis avait relaxé cinq des six prévenus. Seul Christophe Di Donato, fondateur du projet, avait écopé de six mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende. Le parquet, insatisfait, avait interjeté appel. L’affaire a alors été requalifiée : on ne parle plus d’escroquerie mais de détournement de fonds publics, un chef d’accusation plus lourd, qui exposait l’ancien dirigeant à dix ans de prison.

Le 19 juin dernier, la cour d’appel a entendu à nouveau les protagonistes. Le président a rappelé les doutes exprimés dès 2017 par les services administratifs de la CINOR : absence de compétence légale en matière de formation, capital de départ insuffisant, objet social élargi mais déconnecté de la réalité. Malgré ces réserves, le projet avait été validé et financé à hauteur de près de 1,4 million d’euros d’argent public.

À la barre, Gérald Maillot, ancien président de la CINOR, a tenté de convaincre que son rôle n’avait pas été moteur, insistant sur sa volonté de créer du lien entre élus, administration et chefs d’entreprise. Mis en difficulté par les questions des magistrats, il a admis que l’argent n’avait pas été utilisé comme prévu, tout en affirmant avoir été dupé.

Christophe Di Donato, lui, s’est défendu longuement : "je deviens le complice d’un détournement de fonds, je vais vous démontrer que non", a-t-il lancé, dénonçant un acharnement judiciaire et médiatique. Il a justifié son salaire de 10.000 euros mensuels et rappelé que d’autres activités que la formation CPA avaient généré du chiffre d’affaires.

 - Des réquisitions sévères -

La procureure générale Fabienne Atzori a dressé un portrait sévère de l’homme d’affaires, qu’elle a décrit comme "inconséquent, incompétent", rappelant les 110.000 euros facturés sans convention entre la Cité des dirigeants et la holding GBO, dont Di Donato était le bénéficiaire. Elle a requis deux ans de prison, une interdiction de gérer pendant cinq ans et la confiscation des sommes saisies.

Pour Gérald Maillot, elle a demandé un an à dix-huit mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité. Concernant Arnaud Cottereau et Joël Perrigaud, elle a reconnu que leur responsabilité directe paraissait secondaire, estimant qu’ils avaient surtout exécuté des ordres dans un cadre contraint.

La partie civile, représentée par la CINOR, a insisté sur la perte sèche de 692.000 euros pour la collectivité et sur l’illégalité d’un financement public consacré à une activité de formation qui ne relevait pas de ses compétences. L’association Anticor s’est également constituée partie civile, dénonçant une gouvernance "politique" et un montage destiné à servir les intérêts d’un seul homme.

 - Une défense unanime pour la relaxe -

Les avocats des prévenus ont plaidé l’acquittement. Me Amina Garnault a fait valoir le doute profitant à Gérald Maillot. Me Nicolas Normand a souligné que Joël Perrigaud avait agi en simple salarié, sans intérêt personnel. Me Alexandre Alquier a défendu Arnaud Cottereau, « second couteau » qui n’aurait fait qu’exécuter des instructions.

Enfin, Me Chris Baptiste a pris la défense de Christophe Di Donato, rappelant que c’est la Cinor, par la voix de son président, qui avait voulu investir massivement et que la SCIC n’avait pas une vocation exclusivement économique mais aussi sociale. Selon lui, condamner supposerait de démontrer que la Cité des dirigeants n’a fait que de la formation, ce qui est "impossible".

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Johny
Johny
1 heure

Re qualification après 10 ans mais bien
La honte, la loose : changeons de justice surtout !!

Achtung
Achtung
4 heures

Ça va etre 6 mois avec sursis.

Mi dit mi pense
Mi dit mi pense
5 heures

La Taule ... Inéligibilité à vie