À La Réunion, 24% des personnes testées pour le diabète sont considérées comme à risque élevé de devenir diabétiques, d'où l'importance de se faire dépister. Nombreux sont celles et ceux qui ignorent leur pathologie, tandis que d'autres minimisent leur atteinte, alors que La Réunion figure parmi les territoires français les plus touchés. Le projet artistique "Soigne Tes Maux", a été lancé pour sensibiliser la population. Il vise à éduquer et libérer la parole autour de cette maladie (Photo rb/www.imazpress.com)
Une part de la population ignore sa situation vis-à-vis du diabète du fait d’une absence de recours au diagnostic. Le dépistage précoce reste la clé pour limiter les complications.
Depuis 2024, l’ARS et l’Assurance maladie déploient l’Opération "Dépist out diabète". Ce dispositif permet de repérer les personnes à risque de développer la maladie et de les orienter vers une prise en charge adaptée.
Le programme a été construit avec des experts locaux, notamment du CHU de La Réunion et de Promotion Santé Réunion, afin d’être adapté aux réalités du territoire.
- Une personne sur quatre testée, présente un risque élevé d'être diabétique -
Dans le département, sur plus de 1.600 tests réalisés, 24% des Réunionnais testés sont à risque élevé de devenir diabétique, 20 % présentent un risque modéré.
Les actions de dépistage sont majoritairement mises en œuvre dans le nord de l’île. L’objectif est désormais pour l'Agence régionale de santé, de renforcer leur déploiement sur l’ensemble du territoire afin de favoriser un accès équitable à la prévention.
Des outils simples et accessibles sont mis à disposition du public :
• Le test FindRiskPéi, permettant d’évaluer en une minute son risque de développer un diabète.
Ce test offre la possibilité à chacun de calculer son risque de développer un diabète (de type 2) en s’autoévaluant et en répondant à 8 questions simples permettant d’identifier les facteurs de risque connus de diabète : l’âge, l’indice de masse corporelle (le poids / taille2), le tour de taille, le manque d’activité physique, la faible consommation de fruits et légumes, la présence d’une hypertension artérielle, un antécédent de diabète dans la famille ou de glycémie élevé (diabète gestationnel ou pré-diabète).
À l’issue du test, un score de risque est donné dont les interprétations sont classées en 4 catégories (peu élevé, modéré, élevé, très élevé). En fonction du résultat obtenu, une consultation du médecin traitant est conseillée.
• Le portail masante.re et le site de l’ARS La Réunion, qui proposent des ressources locales d’information et de prévention.
- Une prévalence du ""petit diabète" ou "début de diabète" à La Réunion -
Si certaines personnes découvrent être diabétiques, selon le baromètre de Santé publique France, à La Réunion, certaines personnes minimisent leur atteinte par le diabète en faisant était d'un "petit diabète" ou "début de diabète", considéré comme peu ou pas grave.
La proportion de ceux faisant état d’un "petit diabète" est de 3,4% à La Réunion, soit une estimation de 2,9% de "petit diabète" chez les adultes de 18-85 ans.
La fréquence du "petit diabète" est jugée élevée et représente un frein potentiel à une prise en charge adaptée et précoce permettant de prévenir l’aggravation de la maladie et ses complications.
Parmi les personnes se déclarant avoir un "petit diabète" peuvent figurer des patients prédiabétiques.
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- "Soignes Tes Maux" pour sensibiliser au diabète -
Pourtant, mieux connaître les personnes atteintes d’un diabète à La Réunion est indispensable pour mieux les accompagner et mettre en place des mesures permettant de consolider l’offre de prise en charge et de prévention.
Afin de libérer la parole, la chanteuse Keïla a lancé le projet "Soigne Tes Maux". Un projet artistique qui vise à éduquer et libérer la parole autour du diabète.
L'artiste de La Réunion a été diagnostiquée diabétique de type 1 à l'âge de 17 ans. La jeune femme a "longtemps vécu sa maladie dans le silence, entre déni et frustration", avant de trouver force d'en parler.
"Il m'a fallu plus de 7 ans pour réussir à en parler, même à mon entourage", dit-elle.
Aujourd'hui âgé de 27 ans, c'est à travers son projet que la chanteuse a mis sur papier ce qu'elle ressentait. "J'ai écrit "Maladie" comme la chanson que j'aurais voulu entendre lorsque j'ai été diagnostiquée diabétique de type 1", raconte Keïla. Écoutez.
L’objectif est de sensibiliser, informer, accompagner et mettre en lumière les personnes touchées par le diabète par l'art et la culture comme leviers d’éducation à la santé et renforcer la mobilisation institutionnelle et citoyenne autour du diabète.
En partenariat avec la ville de Saint-Denis, le ministère de la santé des Comores, l'Agence française de développement (AFD), Expertise France, l'ONG Santé diabète, l'association des diabétiques juniors 974 (ADJ974) et l'association LBon'heur, le projet s'étend dans l'océan Indien.
- 13,6% des adultes réunionnais de 18 à 85 ans se déclarent diabétiques -
La Réunion figure parmi les territoires les plus touchés par le diabète en France. Le diabète touche 13,6 % de la population âgée de 18 à 85 ans (soit deux fois plus que dans l’hexagone).

En 2023, 2 femmes enceintes sur 10 ont développé un diabète pendant leur grossesse (diabète gestationnel). Une offre de prise en charge permet un accompagnement de ces femmes.

L’âge moyen du diagnostic est de 48 ans, signifiant que la maladie apparaît plus tôt qu’ailleurs.
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Les causes d’une prévalence importante du diabète à La Réunion sont multifactorielles : la prévalence du surpoids et de l’obésité, une alimentation riche en protéine, en gras, sucre et sel, une consommation importante de boissons sucrées, une faible consommation de légumes et une pratique insuffisante de l’activité physique.
Près de la moitié de la population âgée de 18 à 85 ans en situation de surcharge pondérale (surpoids ou obésité) déclarée en 2021 : 47% de la population réunionnaise a un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25.
Les principaux signes caractéristiques sont : une augmentation du besoin d’uriner, qui devient fréquent et survient nuit et jour, avec des urines abondantes (polyurie) ; une augmentation de la soif (polydipsie) ; une perte de poids malgré un appétit qui augmente ou encore une fatigue importante ou une vision trouble.
Ces pathologies ont un impact lourd : complications cardio-vasculaires, amputations, insuffisance rénale, cancers… mais elles peuvent être prévenues par une alimentation équilibrée, la pratique régulière d’une activité physique, un dépistage précoce et un suivi médical régulier.

Si les progrès médicaux permettent aujourd’hui une meilleure prise en charge, la prévention, l’éducation thérapeutique et l’engagement des patients sont des leviers essentiels pour limiter les complications et améliorer le quotidien des personnes atteintes.
Aussi, l’ARS et ses partenaires ont décidé d’élargir le champ d’action en mettant en place un Programme Réunionnais de Nutrition et de lutte contre le Diabète et l’Obésité (PRNDO).
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