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Madagascar : le colonel Michaël Randrianirina investi président, la Gen Z à la croisée des chemins

  • Publié le 18 octobre 2025 à 06:00
  • Actualisé le 18 octobre 2025 à 07:16
Rassemblement à Antananarivo après le discours de membres d'une section de l'armée malgache qui ont pris le parti des manifestants opposés au gouvernement, le 11 octobre 2025 à Madagascar

Issu de la jeunesse malgache urbaine et diplômée qui s'est révoltée contre ses conditions de vie, Elliot Randriamandrato, 31 ans, incarne le collectif Gen Z dont les manifestations ont chassé le président Andry Rajoelina du pouvoir. Ce vendredi 17 octobre 2025, trois jours seulement après la prise de pouvoir de son unité militaire à Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina a été investi vendredi "président de la refondation" de la Grande Ile. Le président renversé Andry Rajoelina a confirmé avoir quitté le pays

Le renversement du président, déjà remplacé par le colonel Michaël Randrianirina, a fait passer ce militant aux pantalons baggy et Doc Martens basses en vogue à Antananarivo, de l'ombre à la lumière, à mesure que le mouvement doit passer de la contestation à la proposition.

Le mardi 14 octore, il exliquait à Imaz Press les raisons de la colère de la Gen Z, il exposait aussi les conditions d evie de ce pays comptant parmi les plus pauvres au monde.

Lire aussi - Madagascar : des réseaux sociaux aux rues d’Antananarivo, la Gen Z malagasy entre colère et espoir

Cette fois, c'est à l'AFP qu'il se confie.

"Les dernières semaines sont une demi-victoire, la vraie lutte commence maintenant. Notre principale revendication est le changement du système politique actuel", dit le porte-parole désigné du mouvement, diplômé du master en affaires publiques de Sciences Po Paris.

Le mouvement est novateur: numérique, horizontal et empreint de références culturelles générationnelles comme le manga One Piece. Il a finalement abouti à un classique de l'histoire malgache: une intervention des militaires pour arbitrer.

"On bosse à mort pour éviter d'être récupérés, que ça ne se reproduise pas comme avant et que la jeunesse ne soit pas oubliée", assure Elliot Randriamandrato, des tatouages Dragon Ball et Warhammer sous la manche du t-shirt.

La disparition de la page Facebook initiale du mouvement, suivie par près de 200.000 abonnés avant d'être piratée, n'aide pas. Même s'il se dit "agréablement surpris par l'écoute" des militaires après une brève entrevue avec eux, l'heure est à la "vigilance", dit-il.

- "Le Népal a ouvert la voie" -

"Les gens doivent le comprendre, l'un ne serait pas arrivé sans l'autre, rappelle-t-il. Seulement les militaires, ça n'aurait pas été possible. Juste nous, ça aurait duré des mois, même si on était prêts à ça. La bascule s'est faite par la convergence des deux".

Rentré en mars à Madagascar où son association d'agro-écologie, Tetikasa Ala, oeuvre depuis 2019 à la création de jardins forêts pour lutter contre la dégradation des sols, Elliot Randriamandrato tenait aussi un média sur la culture urbaine malgache, Hype Mada, avant d'être pris dans les événements.

"Je suis venu en manif, le 25 septembre, comme tout le monde et le jour d'après, des amis m'ont demandé si ça me disait de participer à l'organisation du mouvement", retrace celui qui a été interpellé brièvement jeudi avant le ralliement des militaires.

"Le Népal a ouvert la voie. On a vu ce qu'il s'est passé, le drapeau levé, les liens ont été faits avec One Piece. Et on s'est dit: c'est bon, ras-le bol", raconte-t-il.

- "Des centaines de menaces de mort -

La crise politique de 2009 ayant conduit à la prise de pouvoir d'Andry Rajoelina marque le début de son engagement. Il a 14 ans, prépare son brevet des collèges, quand des grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants atterrissent dans la cour de son école.

"Je me rappelle très bien avoir dû fuir l'école avec ma sœur, au beau milieu des tirs de balles. C'était au moment des événements d'Ambohitsorohitra", relate-t-il, quand 36 manifestants ont été abattus par la garde présidentielle de Marc Ravalomanana.

Dans ces semaines d'émeutes, le restaurant de ses parents est incendié au cocktail molotov. "Mon père a failli y passer: 2009, on l'a vécu directement. Quand le restaurant brûle, on perd quasiment tout. On doit changer de maison. On va habiter chez la grand-mère. On n'est plus chez nous. Mes parents s'endettent", se souvient Elliot Randriamandrato.

Il tient d'ailleurs à préciser que son père n'est pas ancien ministre des Finances, il s'agit d'un grand oncle homonyme du paternel.

Vient ensuite 2018, le "tournant de (s)a vie". Andry Rajoelina est en campagne électorale après avoir renoncé à la présidence de transition en 2014 sous pression internationale.

Le candidat vient à Paris pour une conférence à Sciences Po. "Avec des amis, on se dit qu'on ne peut pas le laisser continuer à mentir aux yeux du monde et on fait une lettre ouverte à la direction", explique-t-il.

"Le soir même, ma soeur me dit +Regarde sur Facebook, il y a ton nom partout+. En effet, il y a ma photo, mon adresse, mon nom de famille, celui de ma soeur, mon frère, ma mère, mon père diffusés avec écrit +Eux, ce sont des ennemis de la nation+", rapporte Elliot Randriamandrato évoquant des "usines à troll" et "médias en ligne soutiens du régime".

Il affirme avoir reçu des "menaces de mort par centaines", assistant malgré tout à la conférence pour "confronter Rajoelina à plusieurs dans les questions-réponses". Sept ans plus tard, il a donné sa part à son départ. 

- Le colonel Michaël Randrianirina investit vendredi président -

Pour rappel, ce vendredi, trois jours seulement après la prise de pouvoir de son unité militaire à Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina a été investi vendredi "président de la refondation" de la Grande Ile. Le président renversé Andry Rajoelina ayant quitté le pays, le nouvel homme fort de Madagascar, qui réfute le terme de coup d'Etat, s'évertue à entourer sa prise de pouvoir de légalité. 

Madagascar : le colonel Randrianirina officiellement investi président

En deux années, ce militaire de 51 ans est passé d'une arrestation pour soupçon de tentative de coup d'Etat à une investiture au poste suprême sans passer par les urnes.

Lire aussi - Madagascar : l'Assemblée nationale vote la destitution du président Rajoelina, les militaires du Capsat "prennent le pouvoir"

- "Pas un coup d'Etat" -

Les hommes du "colonel Michaël", comme l'appelle affectueusement la rue, ont condamné la présidence d'Andry Rajoelina en ralliant samedi les protestataires qu'ils ont accompagné vers le centre-ville.

Le coup de grâce est tombé mardi quand cet ancien gouverneur du district d'Androy, dans le sud du pays, a annoncé avec son unité "prendre le pouvoir".

"Un coup d'Etat, c'est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu'ils tirent, qu'il y a du sang... Ce n'est pas un coup d'Etat", affirme-t-il

Reste que l'ONU a déclaré qu'elle "condamne un changement inconstitutionnel de pouvoir" à la veille de la prestation de serment. L'Union africaine a suspendu le pays de ses instances.

"La transition est désormais engagée", a toutefois constaté jeudi depuis Abuja le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot appelant à la "pleine association des civils au processus en cours" avec l'"objectif" de "retour à la légalité".

L'entourage du président renversé Andry Rajoelina a confirmé que ce dernier avait "quitté le pays" entre le 11 et le 12 octobre en raison de "menaces explicites et extrêmement graves (...) proférées contre (s)a vie". Il a été exfiltré dimanche par un avion militaire français, ainsi que l'a annoncé Imaz Press

Madagascar, qui a une longue histoire de soulèvements populaires contre le pouvoir arbitrés par des militaires, reste l'un des pays les plus pauvres de la planète. Au moins 80% de ses 32 millions d'habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

 

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1 Commentaires
Pas encore communiqué de Melchior ?
Pas encore communiqué de Melchior ?
6 heures

Pas de communiqué de melchior ?

Quid des agents du département en grande souffrance ?