Madagascar : un contingent militaire annonce prendre le contrôle du pays, pas d'apparition publique du président Rajoelina

  • Publié le 13 octobre 2025 à 05:20
  • Actualisé le 13 octobre 2025 à 07:36
Des soldats dans une rue près d’Antananarivo, à Madagascar, le 11 octobre 2025

Ce dimanche 12 octobre 2025, un contingent militaire, suivi de gendarmes, ont pris le parti des manifestants antigouvernementaux à Madagascar. Ils ont nommé ce dimanche 12 octobre 2025, le nouveau chef d'état-major de l'armée. Andry Rajoelina, président de la Grande Île, a dénoncé dans un communiqué une "tentative de prise de pouvoir illégale". Depuis, il n'est pas apparu publiquement et n'a fait aucun communication

Après la révolte annoncée des militaires malgaches ce samedi, les gendarmes ont annoncé également rejoindre les rangs de la population. Des soldats de l'unité CAPSAT (Corps d'armée des personnels et des services administratifs et techniques), ayant propulsé Andry Rajoelina au pouvoir en 2009.

- CAPSAT, gendarmes, militaires au côté du peuple de Madagascar -

Le CAPSAT, acteur majeur du coup d'État de 2009 avait appelé samedi les forces de sécurité à "refuser les ordres de tirer" sur les manifestants.

Tôt dimanche, des officiers ont fait une nouvelle déclaration vidéo: "Désormais, tous les ordres de l'armée malgache, terre, air, mer, émaneront du quartier général du CAPSAT", ont-ils dit.

Quelques heures plus tard, leur candidat pour occuper le poste vacant de chef d'état-major, le général Démosthène Pikulas, a été installé à son poste lors d'une cérémonie au QG de l'armée, à laquelle a participé le ministre des Forces armées, Manantsoa Deramasinjaka Rakotoarivelo.

"Je lui donne ma bénédiction", a lancé à l'adresse de M. Pikulas le ministre, nommé la semaine dernière par le président.

- "Le pouvoir appartient au peuple"

La place du 13 Mai a rassemblé ce dimanche une foule immense, unie autour d’un même objectif, le départ du président Andry Rajoelina en vue d'une nouvelle réforme pour le pays. Étudiants, forces de sécurité, artistes, entrepreneurs, politiciens et membres de la diaspora ont uni leurs voix.

Le colonel du Corps d'armée des Personnels et des Services Administratifs et Techniques, Michaël Randrianirina a déclaré : "le pouvoir appartient au peuple".

Une grande foule s'est rassemblée dimanche pour prier devant l'hôtel de ville d'Antananarivo en mémoire des victimes des violences, parmi lesquelles figure un soldat du CAPSAT tué samedi par des gendarmes.

Les officiers ont été rejoints sur scène lors de la commémoration par plusieurs personnalités de l'opposition, dont l'ancien président Marc Ravalomanana, renversé en 2009.

Répondant à une revendication des manifestants, le Sénat a annoncé dimanche la destitution de son président, Richard Ravalomanana, ancien général de gendarmerie.

Depuis le 25 septembre, des manifestations secouent Madagascar, portées notamment par le collectif Gen Z. La colère contre les coupures d'eau et d'électricité s'est muée en fronde plus large contre le pouvoir.

Au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations et plus d'une centaine blessées, d'après un bilan des Nations unies.

Le président a démenti des "nombres erronés", évoquant 12 morts, tous "des pilleurs, des casseurs", selon lui.

- Le président malgache dénonce "une tentative de prise du pouvoir illégale -

Plus tôt dans la journée, Andry Rajoelina avait dénoncé dans un communiqué "une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la constitution et aux principes démocratiques, (qui) est actuellement en cours sur le territoire national", ajoutant que "le dialogue est la seule voie à suivre et la seule solution à la crise".

Le colonel du CAPSAT Michael Randrianirina a assuré dimanche que la décision de son unité de rejoindre les manifestants antigouvernementaux ne constituait pas un coup d'État. "La situation, si vous voulez, je peux appeler ça un chaos, mais ce n'est pas un chaos provoqué par l'armée, c'est un chaos provoqué par les dirigeants", dit-il.

Depuis, le président malgache est aux abonnés absents. Les spéculations d'une possible fuite vers l'étranger circulent.

L'île Maurice, voisine de Madagascar, a elle confirmé que l'ex-Premier ministre malgache Christian Ntsay (2018-2025) et l'homme d'affaires Maminiaina Ravatomanga, un proche conseiller du président Rajoelina, étaient arrivés dimanche matin de Madagascar par un vol privé.

Le gouvernement mauricien "n'est pas satisfait des conditions dans lesquelles ce vol privé a été autorisé à atterrir à Maurice".

"Le gouvernement demande à toutes les parties malgaches de poursuivre le processus de médiation afin de sortir de cette situation de crise qui a malheureusement déjà fait des victimes. À cet égard, Maurice se joint à l'appel de l'Union africaine encourageant toutes les parties à favoriser des solutions concertées afin d'éviter l'aggravation de la situation", est-il écrit dans un communiqué.

Lire aussi - Madagascar : en 2009 Andry Rajoelina menait la révolte contre la pauvreté, en 2025 la population l'accuse d'entretenir la misère et exige son départ

Lire aussi - Madagascar : les Nations unies et des militaires appellent les forces de sécurité à ne pas tirer sur les manifestants

www.imazpress.com avec AFP/www.imazpress.com

guest
0 Commentaires