Depuis le jeudi 25 septembre 2025, la jeunesse malgache descend dans les rues d’Antananarivo. Les coupures d’eau et d’électricité, devenues insupportables, ont déclenché un mouvement de colère qui s’est rapidement transformé en contestation politique. Dans les cortèges, les manifestants réclament la démission d’Andry Rajoelina, actuel président de la République. Paradoxalement, il est aussi la figure centrale d’un autre soulèvement qui, seize ans plus tôt, l'avait conduit à renverser le président Marc Ravalomanana et avait provoqué un bain de sang. Retour sur ces événements qui ont marqué la Grande Ile et qu'Imaz Press avait couverts (Photos rb/www.imazpress.com)
7 février 2009. Antananarivo est secoué depuis plusieurs jours par des manifestations violemment réprimées, des tensions extrêmes, des magasins dévalisés. Des personnes sont brûlées vives dans les incendies déclenchés dans les magasins attaqués.
La population se révolte contre la misère et la corruption.
Des milliers de partisans du jeune maire de la capitale, Andry Rajoelina, marchent sur le palais présidentiel d’Ambohitsorohitra pour exiger la démission du président Marc Ravalomanana.
La tension est extrême. Après un meeting sur la place du 13-Mai, symbole des résistances malgaches, le cortège tente d’avancer vers le palais. Les forces de sécurité reculent, puis ouvrent le feu. Le chaos est immédiat.
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"C’est terrible, ils se sont mis à tirer comme des fous tout d’un coup. Des gens ont été touchés en pleine tête. Des enfants et des femmes sont tombés à côté de moi", racontait alors un journaliste malgache, témoin du drame. À la fin de la journée, une quarantaine de personnes sont tuées, des dizaines d’autres blessées. La situation est telle que les salles de soins et la morgue de la capitale débordent, les hôpitaux appellent les étudiants en médecine en renfort.
Cet épisode reste gravé dans la mémoire collective. Officiellement, la présidence parle de vingtaines de morts et d’une trentaine de blessés. Les manifestants et les médias locaux évoquent un bilan bien plus lourd. Dans le pays, le traumatisme est immense.
- Le paradoxe Rajoelina -
Ironie du sort : celui qui incarnait alors la fronde est aujourd’hui la cible des contestations. Seize ans après, Andry Rajoelina se retrouve dans la position de Marc Ravalomanana en 2009 : un président contesté, accusé de faire la sourde oreille face aux revendications populaires.
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Les parallèles ne manquent pas. Comme en 2009, la mobilisation est née dans les rues d’Antananarivo avant de gagner d’autres villes. Comme en 2009, la jeunesse est en première ligne, pancartes et slogans à la main. Et comme en 2009, la répression s’abat : selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations de septembre 2025.
Cette fois pas de coup d'État mais une révolution populaire. La différence réside surtout dans l’identité de ceux qui contestent : une génération née après 2009, marquée par ce traumatisme transmis par leurs aînés. "La dernière grande manifestation à Madagascar a eu lieu en 2009, où il y a eu énormément de morts. Cela a pris une décennie pour qu’on se mobilise de nouveau", rappelle Stene, 21 ans, rencontré lors d’un rassemblement de soutien à Saint-Denis la semaine dernière.
Si le mouvement de 2025 a été initié par la Gen Z (Génération Z), on observe une vraie complicité intergénérationnelle. "Parmi les manifestants, il y a des gens de la Gen Z, X et Y. Certains ont manifesté en 2009", raconte une jeune Malgache. "C'est magnifique de voir toutes ces personnes, unies, sur le terrain. Les plus jeunes manifestent et des parents qui soutiennent la cause ramènent de l'eau ou des fruits pour eux".
- Une histoire qui se répète... ou presque -
À l’époque, Andry Rajoelina avait construit son ascension politique en dénonçant les "violations répétées de la Constitution" par Marc Ravalomanana, jusqu’à s’autoproclamer président de la Haute Autorité de Transition. Aujourd’hui, la Génération Z lui reproche les mêmes manquements aux droits fondamentaux : répression, corruption, fracture entre élites et population.
Entre les balles de 2009 et les gaz lacrymogènes de 2025, entre la destitution d’un président et les appels à la démission d’un autre, l’histoire semble se répéter. Mais avec une nuance : la contestation actuelle se veut le cri d’une génération connectée, héritière d’un passé de violences, et décidée à se battre pour un avenir où l’eau et l’électricité ne seraient plus des privilèges.
Dans la mémoire des Malgaches, le souvenir des tirs d’Ambohitsorohitra résonne comme un avertissement : quand la jeunesse descend dans la rue, le pays bascule. Et comme en 2009 il reste à savoir si c'est vers le pire ou le meilleur.
vg/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com
@Steph
Je comprends votre point de vue, mais dire qu’il n’y a aucun parallèle entre 2009 et 2025, c’est aller un peu vite. Certes, les contextes diffèrent sur certains aspects - en 2009, un leader politique identifié, soutenu par une partie de l’armée (le CAPSAT) ; en 2025, un mouvement spontané, mené par une jeunesse connectée et apolitique. Mais cela ne représente qu’une partie du tableau.
Sur 90 % du fond, les ressemblances sont évidentes : dans les deux cas, un ras-le-bol général face à la pauvreté, la corruption, et l’arrogance du pouvoir ; dans les deux cas, une jeunesse exaspérée qui descend dans la rue pour réclamer un vrai changement ; et dans les deux cas, une répression violente qui accentue la fracture entre dirigeants et population.
Le parallèle est donc bel et bien là, non pas dans la forme ou dans les acteurs, mais dans le fond social, politique et émotionnel. Ce qui se répète, c’est le même cri du peuple - un cri contre l’injustice et la misère, quelle que soit la génération ou la figure au pouvoir.
Dire qu’il n’y a “aucun parallèle”, c’est ignorer cette continuité dans la souffrance et les aspirations des Malgaches. Les visages changent, les causes s’adaptent à leur époque, mais le message reste le même : trop, c’est trop.
Désolé mais vous avez tout faux. Aucun parallèle possible entre 2009 et 2025.
2009 a été menée par un homme d’affaire ayant enfreint la loi et soutenu dés le début par certains militaires (régiment Capsat).
2025 est spontanée, sans leader et menée par des jeunes apolitiques.
Enfin comparez les bilans de Rajoelina et Ravalomanana et soyez objectifs.
un des slides est choquant Imazpress ! :-(