Saint-Denis : une centaine de personnes rassemblées en soutien à Madagascar

  • Publié le 27 septembre 2025 à 19:22
  • Actualisé le 30 septembre 2025 à 14:11
Rassemblement pour Madagascar

Une centaine de personnes s'est rassemblée à Champ Fleuri à Saint-Denis ce samedi 27 septembre 2025, pour apporter du soutien à la population de Madagascar. Membres de la diaspora et Réunionnais solidaires se sont réunis pour dénoncer les exactions contre la population, qui vit dans une précarité extrême dans sa grande majorité. Tous dénoncent un système de santé défaillant, des délestages et coupures d'eau à répétition, et le fossé existant entre la majorité des Malgaches et les dirigeants du pays. (Photo Photo as/www.imazpress.com)

Depuis jeudi, la jeunesse appelle à se soulever pacifiquement dans les rues de Madagascar, pour dénoncer aussi bien les conditions de vie de la population, que la corruption d'Etat et le manque de droits fondamentaux. Des manifestations qui ont dégénérées une fois la nuit tombée, des pillages et des incendies ayant été constatés dans plusieurs villes de l'île.

Plusieurs orateurs ont d'ailleurs condamné ces violences, pointant du doigt des "fauteurs de trouble" dont les actions "ont été permises par les forces de l'ordre afin de délégitimer le mouvement". 

A La Réunion, où vivent de nombreux membres de la diaspora et où de nombreux Réunionnais ont des origines malgaches, le combat résonne. 

Citoyens et militants ont pris la parole devant une centaine de personnes, certains drapés du drapeau de la Grande Île, d'autres portant des pancartes où l'on pouvait lire divers slogans : "Pourquoi tuer un peuple qui crie à l'aide pacifiquement ?", "On réclame du changement, plus de promesses en l'air !", "Arrêtez de frapper ceux qui réclament leur droit de vivre", "C'est juste une simple demande : de l'eau et de l'électricité". 

"La jeunesse s'est levée, cette génération réussit là où nous les aînés avons échoué", dit Sylvie Razafintsalama, citoyenne franco-malgache. "Le pays se dégrade, les Malgaches souffrent au quotidien. On n'a pas d'eau, d'électricité, les enfants ne sont pas à l'école, on ne peut pas se soigner de façon digne. Sauf quand on a de l'argent, quand on est au gouvernement par exemple : ils vont à Maurice, en France", dénonce-t-elle. "Il y a un fossé énorme entre les dirigeants et le peuple, et ils refusent de le voir."

Sa famille sur place "n'a pas d'électricité". "Ils se lèvent à des heures pas possibles pour aller remplir leurs bidons jaunes, c'est malheureux au 21ème siècle", lance-t-elle. "Aujourd'hui, il faut qu'il y ait une concertation nationale. Il faut en finir avec ce pouvoir présidentiel trop fort, il n'a pas de contre-pouvoir", regrette Sylvie Razafintsalama. 

Lire aussi - Saint-Denis : un rassemblement pacifique en soutien à Madagascar organisé à Champ-Fleuri

- Les jeunes nombreux sur place -

Beaucoup de jeunes étaient présents à ce rassemblement, à l'image de Stene, âgé de 21 ans. Né à Madagascar et arrivé à La Réunion il y a dix ans, il se dit "profondément en colère et attristé", en voyant "comment le gouvernement répond de manière violente aux revendications qui sont tout à fait légitimes". 

"La dernière grande manifestation à Madagascar a eu lieu en 2009, où il y a eu énormément de personnes qui sont mortes, ce qui a créé un grand traumatisme au sein de la population. Cela a pris une décennie pour qu'on se mobilise de nouveau", rappelle-t-il. Le bilan officiel fait état de 135 morts durant cette période (attention, images sensibles). 

"Quand on sait qu'il y a toujours un lourd traumatisme, entre la colonisation et les coups d'Etat successifs, c'est dur de se dire que les populations qui veulent manifester sont réprimées", dit-il. "On ne peut pas rester silencieux face à ça."

L'inquiétude règne chez ses proches toujours à Madagascar. "Les gendarmes rentrent dans les maisons sans accord, c'est effrayant. Il y a une atmosphère de peur, mais aussi de lassitude : on n'en peut plus de pas pouvoir manger, de pas avoir d'argent", lance-t-il. 

"Quand un peuple réussit à s'organiser et à tenir tête au pouvoir en place, c'est une manière de changer le cours des choses. On a pu le voir au Népal, en Indonésie. Je pense que ça va changer quelque chose", espère-t-il. 

Au micro, une jeune femme, Elodie, dénonce "des tirs à balle réelle sur des gens qui demandent simplement des droits humains". "On se fait humilier. Venir avec des pancartes réclamant des droits humains fondamentaux ne devrait jamais signifier risquer sa vie, et pourtant c'est ce que notre peuple a enduré hier et avant-hier", déplore-t-elle.

"La situation est inacceptable. En temps que membre de la Gen Z malagasy, je peux vous affirmer que nous ne demandons rien de plus qu'un avenir prometteur, un quotidien vivable, et un gouvernement présent pour nous protéger et nous élever, et non nous exploiter", plaide-t-elle. 

- "Il s’agit d’une forme de coup d’État" -

Installé au pouvoir à la faveur d'un coup d'État faisant suite à un mouvement de contestation populaire en 2009, Andry Rajoelina a qualifié les événements de jeudi de "factuellement prémédité" : "Il s'agit d'actes de déstabilisation et d'une forme de coup d'État", a-t-il accusé. 

À la suite de sa prise de paroles, la Gen Z a appelé à défiler samedi à partir de 11H (heure de La Réunion) depuis l'université d'Antananarivo vers le quartier d'Ambohijatovo, dans le centre de la capitale - celui où les manifestants avaient été bloqués par de multiples barrages jeudi. "Venez nombreux ! Ramenez vos pancartes ! Et filmez tout ! Manifestation pacifique", interpelle le mouvement, qui s'est désolidarisé des scènes de pillages généralisés de jeudi.

Au total, cinq grandes villes du pays -Antsiranana, Majunga, Toliara, Antsirabe et Antananarivo - sont concernées vendredi par des couvre-feux nocturnes jusqu'à au moins 4h du matin, sur décisions des préfets. À Antsiranana (nord), des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des centaines d'étudiants défilant vendredi en portant le corps de l'un d'entre eux, tué pendant les troubles. Ces images ont été confirmées à l'AFP par une source locale.

D'autres rassemblements entrecoupés d'incidents ont été signalés vendredi à travers l'île. Dans la capitale, des habitants sonnés, pour certains en larmes, ont fait l'inventaire des dégâts occasionnés la veille sur des supermarchés, banques et autres magasins d'électroménager pillés et saccagés la veille. Un distributeur automatique de billets saccagé, des véhicules calcinés et des vitrines dévalisées témoignent des pillages de la veille, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Au moins cinq morts et une quinzaine de blessés sont à déplorer des deux côtés, selon RFI, citant une source hospitalière.

Âgé de 51 ans, Andry Rajoelina avait été réélu fin 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, auquel moins de la moitié des électeurs inscrits avait pris part. En dépit de ses richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l'un des pays les plus pauvres de la planète et est classé 140e sur 180 pays dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International. Près de 75% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d'après la Banque mondiale.

as/www.imazpress.com avec l'AFP

 

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6 Commentaires
La di la fé
La di la fé
5 jours

Soyez logique avec vous même allez manifester à Madagascar, non rassemblée à Champ Fleuri à Saint-Denis

MARIMAR
MARIMAR
2 jours

Très bien dit !
C'est un peu de tout et n'importe quoi, on a assez de nos propres problèmes

La honte
La honte
5 jours

Les gens dénués de toute solidarité et empathie comme vous me fascine. Le monde va mal à cause de gens comme vous. Je vous dirais bien que vous devriez avoir honte, mais ça aussi vous en êtes dénué.

MARIMAR
MARIMAR
2 jours

Non monsieur, ceux qui ont été très proches de Reunionnais ayant été chassés de la Sakay n'ont aucun scrupule et ne pas faire preuve d'empathie.
C'est à eux de résoudre leurs problèmes , on en a nous aussi et pas des moindres

La di la fé
La di la fé
5 jours

Au lieu de faire un commentaire à côté de la plaque

abstiens toi de dire de bêtise quand tu n'as pas les données sur la situation de Madagascar..

Faire son intéressant devant un écran d'ordi. et tapoter sur un clavier, tout complet idiot le fait

Vu !

Les malgaches n'ont qu'à manifester chez eux en se rendant service à eux même, ici des autochtones se foutent de cette situation

La honte
La honte
5 jours

Le seul idiot derrière son clavier c'est vous. Je connais parfaitement la situation à Madagascar, et je connais parfaitement les gens comme vous, bouffis de haine et d'idiotie, qui passent leur vie derrière leur écran à critiquer sans jamais rien faire soi-même. Je plains vos proches qui doivent vous supporter. A jamais, l'imbécile !