Ce samedi 11 octobre 2025, un contingent militaire a appelé les soldats et forces de sécurité à "unir leurs forces" et à "refuser les ordres de tirer" sur les manifestants. Un véritable signe d'espoir pour la diaspora malgache de La Réunion, de nouveau rassemblée sur le parvis de Champ-Fleuri (Saint-Denis) pour une mobilisation de soutien. Madagascar est le théâtre depuis deux semaines d'un mouvement de protestation né d'un ras-le-bol des coupures incessantes d'eau et d'électricité, qui s'est mué en une contestation plus large, notamment dirigée contre le président (Photos : dc/www.imazpress.com)
Ce samedi, la disapora malgache espère se rassembler "une dernière fois pour réclamer le départ du président de Madagascar, Andry Raojelina. Regardez.
Les membres de la diaspora ont ensuite entonné l'hymne national de Madagascar. Écoutez.
Avant d'interpréter le chant des résistants de 1949. Écoutez.
La fédération réunionnaise du parti socialiste exprime sa solidarité avec le peuple malgache, "qui se mobilise depuis deux semaines contre la misère, les coupures d’eau et d’électricité et une répression d’une brutalité intolérable".
"Nous condamnons fermement les brutalités commises par les forces de sécurité : tirs de balles en caoutchouc, grenades assourdissantes, passages à tabac et humiliations publiques. Des témoignages font état de femmes victimes d’actes particulièrement choquants, dont l’une s’est fait brûler les cheveux par un militaire en pleine rue. Ces gestes portent gravement atteinte à la dignité et à l’intégrité des personnes", écrit Ericka Bareigts.
Des centaines de personnes se sont déjà rassemblées à Champ-Fleuri à Saint-Denis le 27 septembre et le 4 octobre, pour apporter du soutien à la population de Madagascar.
- Le soulèvement des militaires, un espoir pour la population malgache -
Un contingent militaire basé près de la capitale malgache a appelé, dans une vidéo diffusée samedi, les soldats et les forces de sécurité à "unir leurs forces" et à "refuser les ordres de tirer" sur les manifestants. "Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs", ont déclaré des soldats d’une importante base militaire du district de Soanierana, en périphérie d’Antananarivo, dans cette vidéo.
Pour Sylvie Razafintsalama "c'est très important car depuis le début du mouvement, les jeunes étaient avec leurs 10 doigts et en face ils ne nous ménageaient pas. Il y a eu quand même 22 morts officiellement". "Certains se sont levés pour dire stop", dit-elle, confiance, même si elle sait que "la reconstruction sera difficile car il faudra se mettre d'accord et laisser parler les jeunes". Écoutez.
"La seule chose importante c'est que les militaires appellent les civils et les forces vives de tous les secteurs pour travailler avec eux", lance Simon Rafidison. Même si "sur la forme cela ressemble à un coup d'État ça n'en est pas car sur le fond c'est légitime. Les gens sont dans une extrême pauvreté et si Rajoel ne part pas ça sera l'affrontement". Écoutez.
"La fin de la dictature s'annonce imminente", pense Pana Rakoto. "Rajoel n'a pas arrêté d'écraser les droits de l'homme et là les militaires se sont prononcés en faveur de la lutte populaire alors on ne peut qu'être optimiste", dit-il. "Là c'est le redémarrage. On va s'acheminer vers un processus électoral et pour la première fois de l'histoire les malgaches auront les élus qu'ils méritent." Écoutez.
- La population de Madagascar continue de se mobiliser -
Les promesses du président Andry Rajoelina, 51 ans, n'éteignent pas le mouvement Gen Z instigateur des manifestations.
Des milliers de manifestants se sont encore rassemblés cette fin de semaine dans la capitale malgache, à l’appel du collectif instigateur il y a deux semaines d’un mouvement de protestation contre les coupures d’eau et d’électricité qui a mué en une contestation du pouvoir, incarné par le président Andry Raojelina, 51 ans.
La veille à Antananarivo, un homme poursuivi puis roué de coups par les forces de sécurité a été laissé inanimé au sol, avant d’être évacué par la Croix-Rouge, comme le montraient aussi des vidéos virales sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs au moins quatre personnes ont été blessées par des balles en caoutchouc, dont une blessure ayant nécessité des points de suture, et deux par des éclats, vraisemblablement issus de grenades assourdissantes, d’après les bilans des rares organisations médicales faisant état de leurs interventions, SOS Médecin et Medikelly.
Mère de famille, Oninala Rakotondrasoa "aimerait que cette répression inouïe se termine et que les violences s'arrêtent". Écoutez.
Au moins 22 personnes ont été tuées dans les manifestations, d'après un bilan fourni le 29 septembre par l'ONU. Des "chiffres erronés" d'après le chef de l'État, qui estime les "pertes de vies" à 12, tous "des pilleurs, des casseurs" selon lui.
- Le président malgache tente de reprendre la main -
Après avoir renvoyé son gouvernement pour tenter d'enrayer la contestation, le président Rajoelina a repris la main en nommant un militaire Premier ministre, le général Ruphin Zafisambo, méconnu du grand public.
Interrogé sur la question des délestages, le président l'assure, "si d'ici un an ce problème n'est pas réglé, je démissionnerais". Tout en précisant que "nous allons résoudre le problème et mettre tous les moyens pour résoudre cela à Tanarive et sur l'ensemble de Madagascar.
Il ajoute : "Je suis convaincu que l'ensemble des difficultés vont se terminer autour d'une table car l'on ne peut pas développer le pays dans la violence. La destruction n'est pas une solution."
Des paroles qui sonnent que "du saupoudrage car les annonces sont les mêmes depuis ces deux mandats", souligne Simon Rafidison. "On est arrivé à une dégradation morale inimaginable de la part des gardiens de la paix, ceux qui devaient protéger la population", dit-il.
Installé une première fois au pouvoir en 2009 par les militaires à la suite d'une mobilisation populaire, Andry Rajoelina, après s'être mis en retrait en 2014, a été élu en 2018 et réélu en 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition.
À Madagascar, 80% de la population au moins vit avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.
ma.m/www.imazpress.com avec l'AFP/redac@ipreunion.com
Vous êtes français ou malgache ? J aurais bien aimé comprendre pourquoi vous vous êtes exilé et de venir pleurer pour vos semblables dans un pays de droits ?
Respect pour ces hommes qui refusent de tirer sur la foule.