[Photos] Saint-Denis : des centaines de personnes manifestent pour soutenir le peuple malgache mobilisé contre la pauvreté

  • Publié le 4 octobre 2025 à 18:14
Manifestation pour Madagascar

(Actualisé) Alors que la contestation ne faiblit pas à Madagascar, près de 300 personnes, des citoyens et la diaspora malagasy de La Réunion, se sont de nouveau rassemblées ce samedi 4 octobre 2025 sur le parvis des droits de l’homme à Champ-Fleuri. Réunis à l’appel de la Gen Z Madagascar du 974, les manifestants ont exprimé leur solidarité envers la jeunesse malgache, mobilisée depuis plusieurs semaines pour réclamer des conditions de vie dignes et la démission du président Andry Rajoelina. (Photos rb/www.imazpress.com)

Sur le parvis des droits de l’homme à Champ-Fleuri, les drapeaux rouges, blancs et verts flottaient au vent ce samedi après-midi. Près de 300 personnes, membres de la diaspora malgache et leurs soutiens réunionnais, ont répondu à l’appel de la Gen Z Madagascar du 974 pour exprimer leur solidarité envers la jeunesse malgache mobilisée depuis plusieurs semaines dans les rues d’Antananarivo. Ensemble, ils ont rendu hommage aux victimes de la répression et appelé à un changement politique profond à Madagascar.

- Un hommage poignant aux victimes -

Le rassemblement, débuté vers 15 heures, s’est ouvert sur une atmosphère à la fois solennelle et fraternelle. Après avoir fait résonné l’hymne national malgache, une minute de silence a été observée. Vingt-deux personnes se sont alors allongées au sol, symbolisant les au moins 22 morts recensés depuis le début des manifestations à Madagascar. Un geste fort, qui a rappelé la gravité de la situation dans la Grande Île.

Au fil de l’après-midi, les arrivants se sont mêlés aux chants, aux slogans et aux pancartes, sur le parvis où se côtoyaient jeunes, familles, militants, mais aussi élus et personnalités locales venues apporter leur soutien.

- "Ce n’est pas normal ce qui se passe à Madagascar" -

Pour Noah, 19 ans, étudiant et membre du collectif Gen Z Madagascar 974, la mobilisation est avant tout un cri de conscience. "On est là pour faire valoir nos droits de base et faire entendre le message de la génération Z. À Madagascar, des jeunes de ma génération, âgés entre 15 et 23 ans se font abattre. Ce n’est pas normal”, dénonce-t-il. 

Selon lui, la jeunesse malgache "subit les conséquences d’un gouvernement corrompu" et "d’une inégalité criante dans le partage des richesses" : "Il y a des coupures d’électricité toutes les semaines, parfois plus d’une dizaine par mois. Les jeunes n’ont aucun avenir, et ils se font exécuter pour avoir demandé le droit de vivre dignement".

À La Réunion, la mobilisation prend une dimension culturelle et historique : "Ce qui se passe là-bas nous concerne", assure le jeune homme. "Nos racines, nos noms, notre langue portent la trace de Madagascar. Pour moi, c’est aussi une question d’identité réunionnaise”, explique Noah. "Aujourd'hui, c’est agréable de voir qu’on n’est pas seuls, que notre génération agit, et qu’on peut faire résonner cette cause ici, à La Réunion".

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- "Avoir de l’eau et de l’électricité, c’est devenu un luxe" -

Aux côtés des jeunes, des figures plus âgées de la diaspora ont également pris la parole, comme Sylvie Razafintsalama, citoyenne d’origine malgache et membre de l’organisation du rassemblement. "Avoir de l’eau et de l’électricité, c’est quand même basique, mais c’est devenu un luxe chez nous", déplore-t-elle. "Cette jeunesse n’a aucun avenir. Les enfants du président étudient à l’étranger, pendant que les nôtres apprennent dans des établissements en ruine. Ils ont crié haut et fort leur détresse, et on leur répond par la violence". 

Pour elle, la révolte actuelle est avant tout un sursaut de dignité : "La jeunesse aspire à une nouvelle ère. Elle a dit stop à la corruption, à la misère, à la peur. Nous, de la diaspora, on ne peut pas rester silencieux. On doit faire entendre leur voix ici"

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- Une solidarité visible et intergénérationnelle -

Tout au long du rassemblement, des témoignages poignants et des messages d’unité se sont succédé au micro. Des citoyens, des membres de la diaspora, des représentants d’organisations de la Gen Z et même quelques élus réunionnais ont pris la parole pour dénoncer la répression en cours à Madagascar et appeler à la solidarité. "C’est magnifique de voir toutes ces personnes, jeunes et moins jeunes, unies pour une même cause", confiait une manifestante. 

- À Madagascar, un samedi sous tension entre deux mobilisations opposées -

Alors que la diaspora se mobilisait à Saint-Denis, Antananarivo vivait également une journée sous haute tension, marquée par deux appels à manifestation opposés.

D’un côté, les partisans du président Andry Rajoelina ont organisé un rassemblement "pacifique" à partir de 10 heures, au départ des six arrondissements de la capitale et des districts environnants. Leur mot d’ordre : réaffirmer leur soutien au chef de l’État et rejeter toute tentative de déstabilisation. "Laissez les gens travailler et gagner de l’argent. Laissez les étudiants apprendre. Pas besoin de bruit ni de coup d’État", scandaient certains manifestants.

Face à eux, la jeunesse de la Gen Z, des étudiants et des collectifs citoyens ont maintenu leur appel à se réunir à Ambohijatovo à 11 heures, réclamant toujours le départ du président, l’accès à l’eau et à l’électricité, la fin de la corruption et le respect des libertés fondamentales. "On ne reculera pas", affirmait le mouvement Gen Z Madagascar sur les réseaux sociaux.

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À Ambohidahy, après pluseiurs minutes de pourparlers restés sans issue, les manifestants opposés au régime ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes. Regardez.

C'est vers midi que la tension est montée à Antananarivo, où les forces de l’ordre ont été déployées à Ankorondrano, repoussant une partie des manifestants vers Ankazomanga. Dans le même temps, le président Andry Rajoelina a réuni les grands corps de l’État et les syndicats de fonctionnaires, appelant à "l’écoute, au dialogue et à la coopération" pour restaurer la confiance. Le chef de l’État a toutefois mis en garde contre toute "revendication excessive" ou "changement anticonstitutionnel", soulignant que toute instabilité risquerait de compromettre les projets financés par les partenaires internationaux.

En réponse, un collectif d’organisations citoyennes et syndicales, dont Gen Z Madagascar, Gen Z Universitaire, la Solidarité syndicale et Transparency International, ont condamné les déclarations du président, jugeant son discours "en total décalage avec la gravité de la situation" et dénonçant l'ignorance de la violence exercée par les forces de l'ordre. Rejetant les accusations de "coup d’État" ou de "cyberattaque", le collectif affirme que le mouvement est un "soulèvement citoyen légitime" contre corruption, népotisme et oppression.

Dans un communiqué adressé à la communauté internationale, le ministère des Affaires étrangères avait confirmé vendredi soir que Madagascar faisait face à une "cyberattaque massive" et à une campagne de manipulation d’ampleur inédite, présentée comme orchestrée depuis l’étranger. Selon le ministère, cette opération viserait à "déstabiliser les institutions républicaines" et à "semé le désordre dans le pays". Les autorités affirment disposer de preuves de financements étrangers encourageant "vandalisme, pillages et incitation à l’insurrection".

vg / www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

 

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