Saint-Denis : un rassemblement pacifique en soutien à Madagascar organisé à Champ-Fleuri

  • Publié le 26 septembre 2025 à 20:50
  • Actualisé le 30 septembre 2025 à 14:08
Des manifestants protestant contre les coupures d'eau et d'électricité devant les boucliers des forces de l'ordre malgaches, à Antananarivo le 25 septembre 2025 ( AFP / RIJASOLO )

Alors qu'Antananarivo s’apprête à passer une deuxième nuit sous couvre-feu ce vendredi 26 septembre 2025 au lendemain d'une manifestation interdite contre les coupures d’eau et d’électricité durement réprimée par les forces de l’ordre, un rassemblement est organisé ce samedi à Saint-Denis en soutien à la population Malgache. Le rendez-vous est donné à 15h à Champ-Fleuri, en face du tribunal.

Un appel au rassemblement pacifique a été partagé sur les réseaux sociaux. "On ne peut plus ignorer la souffrance de notre pays", note la diaspora malgache à l'origine de l'appel à se rassembler. 

"A Madagascar, la réalité est brutale : délestages, manque d'eau, pauvreté qui s'aggrave, étudiants en détresse. Ca fait trop longtemps que ça dure, il faut que ça cesse", dénoncent les organisateurs. "Les Gasy de La Réunion sonr aussi concernés, ce combat est le nôtre", disent-ils. 

 

- Appel de la jeunesse -

Les protestataires répondaient à un appel sur les réseaux sociaux d’un mouvement baptisé "Gen Z". Ce dernier reprend à son compte le drapeau pirate tiré de la série japonaise "One Piece", signe de ralliement de mouvements de contestation anti-régime, vu en Indonésie ou au Népal.

Au total, cinq grandes villes du pays --Antsiranana, Majunga, Toliara, Antsirabe et donc Antananarivo-- sont concernées par des couvre-feux nocturnes à partir de 20h (heure de La Réunion) et jusqu’à au moins 5h du matin, sur décisions des préfets vendredi.

Au moins cinq morts et une quinzaine de blessés sont à déplorer des deux côtés, selon RFI, citant une source hospitalière.

En attendant, des habitants sonnés, pour certains en larmes, ont fait l’inventaire des dégâts sur des supermarchés, banques et autres magasins d’électroménager pillés et saccagés la veille.

En déplacement cette semaine à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU, le président malgache Andry Rajoelina a condamné les "acttes de destruction et la volonté de ravager le pays" dans un communiqué diffusé sur Facebook appelant "tous les Malgaches à rester calmes". Sans un mot concernant les revendications des étudiants. 

Vendredi, les axes routiers du centre-ville étaient rendus à la circulation, toutefois moins dense qu’en temps normal.

Un distributeur automatique de billets saccagé, des véhicules calcinés et des vitrines dévalisées témoignent des pillages de la veille, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Si la situation est restée calme dans le centre-ville, des pillages ont encore été signalés dans la périphérie sud d’Antananarivo.

- "La Gen Z n’a pas cassé" -

L’ambassade de France recommande de "reporter pour l’instant tout projet de voyage".

"La Gen Z n’a pas cassé. Hier, à 15H00, on était épuisés par les gendarmes. On est rentrés", assure un de ces militants, reconnaissable au chapeau vu dans One Piece sur son crâne.

Ce mouvement s’est baptisé en référence à la génération Z, les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010.

Ce manifestant est venu nettoyer la librairie de son enfance, pillée comme la plupart des commerces du centre commercial Tana Water Front.

"Il se peut qu’ils aient été frustrés. Qu’ils aient été envoyés pour casser. Ils sont déjà pauvres et n’ont rien. Et ils prennent le peu qu’ils voient", juge ce jeune homme préférant garder l’anonymat par peur de représailles.

Sur les réseaux sociaux, Gen Z Madagascar, qui appelait à manifester, a condamné les violences perpétrées dans la soirée. "Nous, jeunes de la Génération Z, tenons à affirmer avec force que la manifestation que nous avons organisée et à laquelle nous avons pris part a toujours conservé sa nature pacifique. Malgré la répression et la violence exercées par les forces de l'ordre, nous avons choisi la voie de la non-violence pour exprimer nos revendications et notre désir d'un avenir meilleur", peut-on lire dans un communiqué publié jeudi soir. 

"Nous condamnons fermement les actes de pillage et de destruction de biens qui ont pu survenir en marge de cette mobilisation. Ces actes ne reflètent en aucun cas nos valeurs, ni l'esprit de notre mouvement. Nous refusons d'entre être rendus responsables", affirme le communiqué.

Au-delà de ces coupures, les partisans de la Gen Z réclament le respect de leurs droits fondamentaux.

Le rassemblement avait été interdit par le préfet d’Antananarivo.

Âgé de 51 ans, Andry Rajoelina a été réélu fin 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, auquel moins de la moitié des électeurs inscrits a pris part.

En dépit de ses richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 75% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d’après la Banque mondiale.

www.imazpress.com / redac@ipreunion avec l'AFP

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