Une présence faible

Polluants éternels : l'eau de La Réunion plutôt épargnée mais toujours sous surveillance

  • Publié le 13 août 2025 à 15:11
  • Actualisé le 15 août 2025 à 09:57
Eau du robinet

Depuis le 30 juillet 2025, les analyses portant sur la présence des PFAS ou "polluants éternels" dans les eaux françaises sont librement consultables sur une carte en ligne. A La Réunion, leur présence reste faible, mais ces mesures doivent "faire l’objet d’une surveillance accrue" et d’"investigations complémentaires" afin de "réduire autant que possible la présence de ces molécules dans les eaux distribuées", note l'ARS, interrogée par Imaz Press Réunion. (Photo photo RB/www.imazpress.com)

Les PFAS sont une large famille de plusieurs milliers de composés chimiques largement utilisés dans divers domaines industriels et produits de consommation courante : composants pour emballages alimentaires en papier et en carton, mousse anti-incendie, isolant pour fils électriques…

Massivement utilisés dans l'industrie depuis le milieu du 20e siècle, ils sont extrêmement difficiles à éliminer une fois présents dans l'eau ou les sols.

L’ARS a organisé dès 2023, des campagnes de recherche exploratoires sur les ouvrages principaux de prélèvement d’eau du territoire réunionnais. 

"Celles-ci ont permis de mettre en évidence la présence de quelques molécules PFAS dans un petit nombre de captages exploités pour des usages alimentaires. Les quantités mesurées sont faibles et bien en deçà des limites de qualité fixées", note l'ARS. 

Les premiers résultats "confirment la présence des molécules sur certains d’entre eux, toujours en dessous des limites de qualité, dans les secteurs fortement urbanisés (Saint-Denis, Saint-Paul notamment) de l’île". Aucune restriction d’usage n’est actuellement en vigueur sur le territoire. 

Lire aussi : Pollution aux PFAS : le gouvernement met en ligne des résultats d'analyses de l'eau

- Des mesures plusieurs fois par an à La Réunion -

"23 substances de type PFAS sont recherchées dans les rivières 6 fois par an, et les nappes souterraines 4 fois par an à La Réunion depuis 2017", détaille par ailleurs l'Office de l'eau. 

Sur les 23 substances recherchées, "12 ont été retrouvées au moins une fois dans les rivières et 13 dans les nappes souterraines", souligne-t-elle. 

Office de l'eau

Alors que le seuil d’alerte dans l’eau est évalué à 50 nanogrammes par litre et la limite de potabilité est fixée à 100 nanogrammes par litre, sur toute la période du suivi, "6 quantifications excèdent le seuil d’alerte et seulement 2 quantifications dépassent la limite de potabilité" dans les rivières, et "une seule quantification dépasse le seuil d’alerte" dans les nappes phréatiques. 

Les cours d’eau les plus concernés par cette problématique "sont la Rivière Saint-Jean, la Rivière Sainte-Suzanne, la Ravine Saint-Gilles et le Grand Bras de Cilaos", détaille l'Office de l'eau, tandis que les nappes souterraines les plus impactées se trouvent "dans les secteurs les plus urbanisés de l’île comme Saint-Paul, Le Port, Saint-Denis, Saint-André, Saint-Louis et Saint-Pierre".

"Ainsi, ces molécules sont bien présentes dans nos cours d’eau et nos nappes, mais les concentrations encore très faibles n’entrainent pas une dégradation significative des ressources en eau", détaille-t-elle. 

"La chronique des données étant inférieure à 10 ans, aucune tendance significative des concentrations n’a pu être déterminée pour le moment", précise l'office. Cependant, "l’amplitude des pics de concentrations est de plus en plus importante dans les nappes de Saint-Denis et dans celles du Port". 

Le gouvernement a lancé une plateforme qui permet notamment d'accéder à une carte de surveillance des PFAS. Chaque valeur affichée dans l’outil correspond à la concentration de PFAS mesurée dans un milieu aqueux (eau de surface, rejet industriel, etc.) à un instant donné, c’est-à-dire la quantité de PFAS présente pour un litre.

- Des polluants présents presque partout – 

Au-delà de la pollution des cours d'eau, les PFAS sont présents dans de nombreux objets du quotidien. 

"Du fait de l’utilisation variée de ces composés chimiques et de leur persistance (polluants dits "éternels"), tous les milieux peuvent être concernés par des contaminations : l’eau, l’air, les sols, et la chaîne alimentaire", explique l'ARS, précisant que la principale source d’exposition est l’alimentation, en particulier "la consommation de produits de la mer, de viande, de fruits, d’œufs" et "la consommation d’eau de boisson".
 
Certains PFAS ont été catégorisés comme "cancérogène pour les humains", ou comme substance "pouvant-être cancérogène pour les humains". 

"D’autres types d’effets sur la santé sont suspectés comme par exemple : maladies thyroïdiennes, troubles de la reproduction, de la fertilité, mais avec un niveau de preuve scientifique moins élevé, sur la base des connaissances acquises à ce jour", explique l'ARS. 

"La dangerosité d’une substance n’est pas uniquement déterminée par sa dose mais également par sa toxicité. Concernant les PFAS, la toxicité est différente pour chacune des 4 000 substances et les informations disponibles aujourd’hui sur leur toxicité sont encore très limitées", précise par ailleurs le ministère de la Transition écologique. 

- Plan d'action -

Pour structurer les actions en réponse aux préoccupations grandissantes concernant les impacts des PFAS sur la santé humaine et la biodiversité, une action interministérielle est engagée pour "prendre en compte les enjeux sanitaires et environnementaux".

"Cette action s’inscrit dans un plan d’action interministériel qui organise la mobilisation de toutes les administrations et opérateurs publics", précise l'ARS. 

Ce plan, qui s’appuie sur les expertises scientifiques existantes et sur les instances d’expertise européennes et internationales, "définit la doctrine du Gouvernement pour réduire le plus rapidement possible les risques associés aux PFAS". 

Il a été élaboré conjointement par les ministères chargés de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires, de l’Industrie, du Travail et de la Santé, de l’Intérieur, de l’Agriculture, des Armées, de la Recherche. 

Ce plan s’organise autour de cinq axes d’actions : acquérir des connaissances sur les méthodes de mesures des émissions, sur la dissémination et les expositions, améliorer, renforcer la surveillance et mobiliser les données qui en sont issues pour agir, réduire les risques liés à l’exposition aux PFAS, innover en associant les acteurs économiques et soutenir la recherche et informer pour mieux agir. 

La coordination des actions et le suivi de la mise en œuvre du plan seront assurés par un comité de pilotage interministériel, piloté par les ministères chargés de la transition écologique et de la santé.

Le gouvernement a aussi annoncé "le lancement à venir d'une consultation du public sur deux projets de décrets". 

L'ARS explique désormais que "des plans de maitrise des activités humaines émettrices et présentes autour des captages d’eau destinées à la consommation seront mis en œuvre" afin de "limiter le risque d’enrichissement des ressources en eau par ces polluants". 

La DEAL s’assure de la mise en œuvre des recherches de PFAS par les industriels ciblés par arrêté ministériel, tandis que l’office de l’eau assure leur suivi dans les masses d’eau. 

Lire aussi : Une eau "plutôt bonne" à La Réunion mais "à préserver", estiment les experts

ma.m/as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Le sirop 60 secondes
Le sirop 60 secondes
1 mois

Aux Antilles le sol est pollué par le glyphosathe que le frère de l'autre a longtemps utilisé pour les bananes. Il n'a hamais ete inquiète par la justice.

Zozo
Zozo
1 mois

Qu’est ce que ça vous apporte de mentir ? Vous déformez et mentez. Et dire que des inutiles de votre acabit ont le droit de vote….

pouet
pouet
1 mois

Si on regarde la propreté des terrains qui bordent les rivières, on comprend. Je parle que des habitants, pas des agriculteurs (mais on comprend on s'en baladant dans les champs...). Rivière petit saint jean, sainte Suzanne, la colline croule sous les déchets, épaves de camions, voitures, batteries, etc ... Tout est enterré depuis des générations, les riverains sont tellement sales. Rivière des galets, les digues degueulent de déchets. Je ne parle que de ce qui se voit même pas de l'invisible a nos yeux. Le niveau de crasse, d'irresponsabilité, d'éducation des gens est proprement hallucinant (la seule chose de propre d'ailleurs). La faute aux gens.

pouet
pouet
1 mois

Bah y a même des militants qui ont le droit de vote vous savez, c'est terrible. Et donc? "Le frère de l'autre" c'est pas vrai? C'est Voldemort ou verges j'ai pas tout compris du coup, vous nous dites la vérité sivouplé. De toute façon, les gens sont trop propres ici pour qu'il y est une quelconque pollution...