L'Institut d'émission des départements d'outre-mer (Iedom). L’IEDOM publie ce mercredi 3 septembre 2025 les tendances conjoncturelles au 2ème trimestre 2025. L’indicateur du climat des affaires (ICA) progresse de 7,7 points pour atteindre 97,5, un niveau désormais proche de sa moyenne de long terme (100). Ce rebond reflète un regain de confiance dans les milieux d’affaires. Selon les chefs d’entreprise interrogés, l’activité économique cesse de s’affaiblir. Nous publions ci-dessous le communiqué (Photo : sly/www.imazpress.com)
Cette amélioration s’explique par un volume d’affaires supérieur aux anticipations, dans un contexte d’inflation maîtrisée et de redressement modeste de la consommation des ménages. Elle traduit également, dans une certaine mesure, la diminution de l’impact du passage de Garance sur l’activité.
Cependant, ce redressement n’est pas homogène : si les secteurs des services et du commerce connaissent une nette amélioration, le tourisme et les industries manufacturières continuent de montrer des signes de faiblesse.
- Regain de confiance dans le climat des affaires -
L’indicateur du climat des affaires (ICA), qui synthétise l’opinion des chefs d’entreprise interrogés dans l’enquête
de conjoncture de l’IEDOM, bondit au 2e trimestre à 97,5 (+7,7 points). Il se rapproche ainsi de sa moyenne de longue période, suggérant que l’activité économique cesse de s’affaiblir.
Les réponses des chefs d’entreprise sont plus optimistes pour le trimestre en cours (2 e trimestre 2025) que pour le trimestre à venir (3e trimestre 2025). L’activité s’améliorerait même légèrement sur les mois d’avril à juin : le solde d’opinion mesurant son niveau devient positif pour la première fois depuis deux ans. Le solde des effectifs déclarés par les chefs d’entreprises rebondit également, après une très forte baisse au 1 er trimestre liée au passage du cyclone Garance. Les prévisions d’investissement sur 12 mois comme les carnets de commande augmenteraient de nouveau. Ces évolutions contrastent positivement avec les anticipations des chefs d’entreprise au cours de l’enquête précédente.
Néanmoins, les soldes de gestion (charges d’exploitation, trésorerie et délais de paiement) demeurent négatifs sur les trois derniers mois. Par ailleurs, l’épidémie de chikungunya a semblé peser sur l’économie de l’île au 2 e trimestre. Parmi les chefs d’entreprises interrogés, 78,4 % déclarent que leur activité a été affectée par l’épidémie. Pour rappel, selon l’Agence Régionale de Santé, environ 54 545 cas de chikungunya confirmés biologiquement ont été enregistrés à La Réunion depuis le début de l'année 2025. Le pic d'incidence a été atteint fin mars 2025.
S’agissant du trimestre à venir, les chefs d’entreprise semblent pessimistes, comme le reflètent les soldes d’opinion tous négatifs pour le 3 e trimestre.
- L’inflation se stabilise à un niveau modéré -
L’inflation augmente légèrement à La Réunion. Elle demeure cependant en deçà du seuil des 2 % pour le cinquième mois consécutif. Les prix progressent de 1,5 % en glissement annuel à fin juin (après +1,4 % à fin mars), contre +1,0 % dans l’Hexagone.
Sur un an, les prix du tabac connaissent la hausse la plus importante (+7,9 %). Néanmoins, ils pèsent peu dans l’indice général des prix (moins de 0,1 point de pourcentage). Les prix des services (loyers, eau et charges, transports, services financiers, etc.), qui comptent quant à eux pour moitié dans cet indice, augmentent de 3,3 %. Ils sont le plus grand contributeur à l’inflation (+1,5 pp).
La hausse des prix des produits alimentaires sur les 12 derniers mois reste significative (+3,2 %, avec une contribution de 0,5 point). Cette hausse est portée par celle des prix des produits frais (+9,5 %) qui demeurent encore élevés suite au passage du cyclone Garance.
Les prix des produits manufacturés ont modérément augmenté (+0,3 % pour une contribution de 0,1 pp). En revanche, les prix de l’énergie reculent de 10,7 % (soit une contribution de -0,8 pp), dans le sillage de la détente des prix des produits pétroliers (- 9,8 % sur un an). Les prix de l’énergie à La Réunion diminuent désormais pour le cinquième trimestre consécutif.
À noter, les chefs d’entreprises interrogés dans l’enquête de conjoncture anticipent une nouvelle baisse de leurs prix de vente pour le trimestre à venir.
- Emploi : une amélioration timide -
Les conditions sur le marché du travail s’améliorent au 2 e trimestre. Les professionnels interrogés dans l’enquête de conjoncture signalent une augmentation du niveau de leurs effectifs. D’autres indicateurs confirment ce redressement. Le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois de catégorie A recule ainsi de 3,2 % sur le trimestre (données CVS) pour atteindre 116 190 personnes. Cependant, la dégradation des statistiques d’emploi du 1 er trimestre reflétait dans une certaine mesure le passage du cyclone Garance. Ainsi, sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi reste en progression de 1,5 % à fin juin.
- Premiers signes d’amélioration de la consommation privée -
La consommation des ménages réunionnais montre des signes d’amélioration. Les chefs d’entreprise du secteur du commerce répondant à l’enquête de conjoncture déclarent une hausse de leur activité au 2 e trimestre pour la première fois depuis mi-2023. La circulation fiduciaire progresse de nouveau à fin juin (+6,7 %) après un recul en mars (-16,8 %). Les encours de crédits à la consommation ont augmenté de 10,3 % sur un an à fin juin, après +9,3 % à fin mars. Parallèlement, les ventes de véhicules neufs ont progressé de 1,6% au premier semestre (données CVS), après une baisse de 9,4% sur la même période en 2024.
Néanmoins, la vulnérabilité des ménages financièrement fragiles reste élevée. Le nombre de dossiers déposés auprès de la commission de surendettement à l’IEDOM augmente de 17,1 % par rapport à la même période l’année dernière. Ce niveau est supérieur de 75,2 % au nombre de dossiers déposés en 2019, dernière année de référence hors crise sanitaire.
- Les intentions d’investir rebondissent -
Les prévisions d’investissement à 12 mois se redressent nettement sur le trimestre. Le solde d’opinion des chefs
d’entreprise répondant à l’enquête de conjoncture est en hausse pour la première fois depuis mi-2024.
L’évolution du montant des transactions immobilières suggère que la reprise des investissements résidentiels commence à se matérialiser. Les montants des ventes dans l’ancien augmentent de 9,9 % (données CVS) par rapport au trimestre précédent.
Par ailleurs, bien que la vulnérabilité des entreprises persiste, l’évolution du nombre d’entreprises en défaillances laisse présager une amélioration. En effet, à juin 2025, le nombre d’entreprises en défaillance augmente de 3,0 % en cumul sur l’année par rapport à l’année précédente, contre +15,9 % en mars 2025.
- Repli des échanges extérieurs -
Le niveau des exportations recule sur le trimestre (- 21,7 %, en valeur, CVS). Ce recul compense le rebond au trimestre précédent (+ 31,8 %). Cette évolution s’explique par la baisse des exportations des produits issus de l’industrie agroalimentaire (-36,0 %, en valeur, CVS).
Les importations, quant à elles, diminuent modérément (- 3,7 %). Cette évolution résulte d’une nette baisse des biens d’investissement (-24,3%, données CVS), suite à une forte hausse enregistrée en début d’année, notamment liée aux importations de véhicules particuliers, utilitaires et autobus. Les importations de biens de consommation durables reculent également de 5,1 %. En revanche, les importations de biens intermédiaires bondissent de 23,7 %.
- Les secteurs des services et du commerce se redressent -
Les chefs d’entreprises d’une majorité de secteurs signalent une amélioration de leur activité. Les secteurs du tourisme et des industries manufacturières subissent toutefois des dynamiques négatives.
Les secteurs de l’agriculture, de la pêche et des industries agroalimentaires (IAA) enregistrent une croissance de leur activité au 2 e trimestre 2025. Celle-ci est reflétée par des carnets de commandes en forte progression. Les abattages sont dynamiques sur le trimestre : + 2,8% sur le trimestre (données CVS) pour la volaille et +4,7% pour les porcins. Les exportations brutes de produits de la pêche sont en hausse : +6,5 % sur les douze derniers mois. Par ailleurs, les chefs d’entreprise déclarent des effectifs de nouveau en hausse ce trimestre.
Dans le secteur de la construction et des travaux publics, l’activité déclarée reste bien orientée ce trimestre, et les soldes de gestion sont positifs. Toutefois, les prévisions d’investissement sur 12 mois restent négatives depuis 3 ans et les carnets de commandes sont en baisse depuis le début de l’année. Le nombre de logements mis en chantier stagne, bien que celui des chantiers autorisés augmente modestement (+1,7 %) entre fin mars et fin juin.
Dans le secteur des services marchands, les entreprises voient leur volume d’affaires s’améliorer, après une forte dégradation de leur activité au 1 er trimestre et un an de baisse de leur activité déclarée. Le solde d’opinion relatif au niveau de leurs effectifs a également progressé, mais dans une moindre mesure.
Par ailleurs, les défaillances d’entreprises dans cesecteur ont reculé de 6,5% entre mars et juin 2025. Les prévisions d’investissement à douze mois, de nouveau positives, traduisent également un regain d’optimiste dans ce secteur qui compte pour 40 % environ de la valeur ajoutée produite à La Réunion.
Dans le secteur du commerce, les chefs d’entreprise rapportent une légère amélioration de leur activité, la
première depuis le 2 e trimestre 2023. Les recettes d’octroi de mer, qui reflètent le niveau des transactions commerciales, augmentent de 2,8 % sur un an à fin juin (données CVS). La dégradation déclarée des délais de paiement est désormais moins rapide. Le solde d’opinion relatif aux prévisions d’investissement sur 12 mois devient positif.
Dans le secteur du tourisme, le volume d’activité déclarée a chuté ce trimestre après une légère amélioration au 1 er trimestre. Les réservations de séjour ont souffert du passage du cyclone Garance. Les soldes de gestion sont négatifs, bien que les prévisions d’investissement à 12 mois demeurent positives. Parmi, les entreprises répondantes, 86,2 % déclarent que leur activité a été affectée par l’épidémie de chikungunya, un chiffre supérieur à la moyenne sectorielle. Le taux d’occupation des hôtels enregistre une stagnation au premier semestre, à un niveau proche de l’année dernière, tout comme le trafic Hexagone-Réunion (+1,1%, données CVS).
Dans le secteur des industries manufacturières, les chefs d’entreprise interrogés continuent de signaler une dégradation de leur volume d’affaires. Tous les soldes de gestion, à l’exception des charges d’exploitation sont fortement négatifs, à l’instar des prévisions d’investissements sur les 12 prochains mois. Le solde d’opinion des effectifs demeure également mal orienté sur le trimestre.