Komidi Festival

À La Réunion, Guillaume Meurice bat la campagne

  • Publié le 10 mai 2023 à 02:57
  • Actualisé le 10 mai 2023 à 05:13

Après "Meurice 2022", place à "Meurice 2027" où Guillaume Meurice se représente à la fonction suprême. Un nouveau one-man-show entre droit d'expression et devoir d’impertinence agrémenté de quelques petites touches locales qui ne manqueront pas de faire réagir à découvrir cette semaine dans le cadre du Komidi festival. Rencontre…

Hasard du calendrier, vous vous produisez cette semaine alors qu’Élisabeth Borne arrive, ce jeudi 10 mai, en compagnie de 4 ministres…

J’ai découvert ça en effet et j’ai l’impression qu’elle me suit parce que je suis arrivé avant elle. D’ailleurs, je ne sais pas du tout ce qu’elle vient faire ici, cela dit ça m’arrange bien parce que j’ai des chroniques sous forme de cartes postales de 3,30 minutes à faire pour France Inter. Alors merci Babeth et je pense que ce sera l’unique fois où je l’aurai remerciée dans ma vie.

Comme en 2022, vous vous représentez à la présidentielle. Le scrutin étant dans 4 ans, vous vous y prenez donc à l’avance. Comme Coluche en son temps, pensez-vous être élu ?


Je m’étais pris en retard la première fois et j’avais même obtenu 6 parrainages. Cette fois-ci, je pense être élu car pour moi l’échec n’est pas envisageable.

Quel regard portez-vous sur la Ve République ?


Grosse question ! Je dirais qu’elle est anachronique et désuette, que c’est un système politique en complet dysfonctionnement. Certes, j’enfonce un peu des portes ouvertes mais c’est intéressant de voir à quel point Macron en est devenu le symbole. On entend souvent le slogan "Macron démission" mais si c’est pour mettre un autre gugusse à la place (il ne fera pas mieux ou pire, enfin si, ça peut toujours être pire) qui plus est dans cette structure désespérément verticale du haut vers le bas qui emprisonne tout, on ne s’en sortira malheureusement pas. 

Peut-on dire que la situation est grave mais pas désespérée ?


Elle n’est jamais désespérée (rires) et elle peut toujours être plus grave. Il faudrait vraiment en finir le plus rapidement avec la Ve République qui est actuellement une sorte de monarchie républicaine. Macron joue à fond là-dessus, à endosser le rôle de chef de guerre quand il faut, à surjouer l’homme de la situation alors que tout le monde voit qu’il est complètement aux fraises !

Ça crée un décalage et ça engendre beaucoup de frustration et de colère. Je trouve même les gens étonnamment calmes parce qu’à chaque prise de parole, il insulte la population et c’est assez particulier pour un chef d’État même si par le passé on a eu des présidents un peu machiavéliques du genre Mitterand ou qui se la jouaient "taper le cul des vaches" à l’image de Chirac. Mais voir un mec mépriser autant les gens qu’il est censé gouverner ! Cela dit, ça donne de la matière à l’humoriste que je suis. Et la Ve République, merci, bonsoir, on n’en peut plus et on n’en veut plus !

Pour ce spectacle, le décor est sobre pour une ambiance meeting. Place à l’improvisation ou à un discours rodé ?


J’ai en effet repris la scénographie d’un meeting politique et je dirais même que je me la suis réaproprié parce que ce sont les politiques qui nous ont volé les codes du spectacle. À la base ils ne faisaient pas de scénographie, il n’y avait pas de musique d’entrée, mais ils ont voulu faire le show comme aux États-Unis.

Mon spectacle s’ouvre donc avec un clip de campagne, et sur scène un pupitre, un drapeau bleu-blanc-rouge et dans mon discours, je déroule toute une liste de propositions de réformes, le tout avec pas mal d’impro car j’interagis beaucoup avec le public. En tant que comédien, c’est quelque chose que j’aime car je déteste l’idée de dire aux gens "Taisez-vous et écoutez-moi" pendant une heure et demi, j’ai vraiment envie que tout le monde passe un bon moment. D’ailleurs, j’adore cette citation de Michel Bouquet qui dit : "Les gens ne sont pas venus pour vous voir jouer, ils sont venus pour jouer avec vous".

Combien êtes-vous sur scène et le spectacle est-il suivi de temps d’échanges après le public ?


Si je réponds à cette question, je spoile ! Je suis tout seul mais mon assistante Julie n’est jamais très loin. J’adore échanger avec les spectateurs et des fois je fais 1h40 de spectacle suivi de deux heures à tchatcher avec les gens, à boire des coups, parfois au grand désespoir de ceux qui m’accompagnent. Mais je ne me vois pas venir ici juste pour jouer et repartir… L’après-spectacle est toujours intéressant.

Avez-vous pris le temps d’y ajouter une petite touche locale ?


Dans ce spectacle construit comme un meeting politique, j’ai essayé de pousser le curseur du cynisme au maximum. C’est quasiment du post-macronisme et le mec que j’interprète est non seulement de gauche et de droite mais aussi d’extrême gauche et d’extrême droite.

Il bouffe à tous les râteliers et son gimmik (truc) est de dire qu’il a des amis partout et que tous les politiques sont ses amis. Ici, votre star en son temps était Thierry Robert, il y a 5 ans et il me manque (rires). J’étais récemment à Saint-Pierre et j’ai parlé un peu de Michel Fontaine dans mes chroniques, j’évoque aussi le maire de Saint-Paul, Emmanuel Séraphin.

En réalité, je me renseigne toujours en amont que ce soit au point de vue politique ou des affaires judiciaires en cours par exemple. Le spectacle évolue constamment et n’est jamais figé. Lors de mon dernier séjour en 2018, j’avais notamment tâclé la gestion de la crise requin et certaines personnes avaient menacé de venir manifester devant le théâtre où je me produisais. Ils ne sont jamais venus mais j’aurais trouvé ça marrant. 

Les politiques ont l’art et la manière de manier la rhétorique. Est-ce aussi votre cas sur scène ou prenez-vous plutôt le contrepied pour souligner leurs petits travers ?


Je suis obligé de me mettre sur le même registre mais je le fais davantage dans mes chroniques lorsque j’interroge les politiques. Il y a un genre de match assez intéressant avec eux : ils savent qu’ils font de la langue de bois, je sais qu’ils le font et eux savent que je sais qu’ils font de la langue de bois ! Voilà donc l’état des forces en présence.

Quand tu commences une discussion ou une interview avec un politique, tout le jeu consiste à faire dérailler sa machine et pour ça, il y a plein de stratégies que je connais d’ailleurs et c’est tellement amusant de les voir se débattre. Globalement, tous acceptent de me parler à l’exception peut-être d’Eric Ciotti parce que j’ai fait tout une chronique sur lui en disant que Ciotti ça n’était pas très français alors que son truc c’est les Français de souche. Pourtant, Ciotti c’est venu bien après Meurice ! 

En 2018, vous dézinguiez notre très chère NRL ? Vous l’avez sans doute empruntée lors de vos déplacements dans l’île… Un avis ?


On m’a dit ce truc incroyable qu’il y avait autant d’embouteillages qu’avant, c’est donc un bel exemple de ce qu’on appelle l’effet rebond. En France, on adore construire des gros trucs en béton, des viaducs comme celui-là ! En parallèle c’est pas mal d’argent public gaspillé qui plus est pour une route qui n’est pas terminée.

Qu’appréciez-vous sur notre petit caillou qui vous fait revenir ?


J’étais déjà venu en 2018 pour le festival Komidi dont j’adore l’état d’esprit, le fait que ça se passe justement dans le Sud, que les tarifs soient abordables et qu’on se réunit le soir pour faire la fête. C’est un vrai festival populaire, chaleureux et qu’on a rarement l’occasion de voir en métropole. Sans compter le cadre magnifique, ce sont vraiment des conditions idéales pour travailler. À côté de ça, j’adore la plongée - je ne suis pas team rando -, les paysages, me poser sur la plage, boire un coup…

Humoriste, chroniqueur sur France Inter, écrivain, vous êtes un véritable multitâche. Avez-vous une préférence ?


Le lien de tout ça reste l’écriture. J’écris mes chroniques tout seul, mes spectacles aussi et je pense que c’est ce qui me manquerait le plus si ça devait s’arrêter un jour. J’aime l’exercice de me poser devant mon ordi, d’inventer des histoires, d’écrire des blagues.

Votre prochain projet ?


En parallèle, j’ai démarré un nouveau spectacle il y a trois semaines, sous forme de conférence avec Eric Lagadec, un pote astrophysicien, en réponse à une demande émanant du Curieux festival de Strasbourg qui mêle à la fois humour et science. Notre spectacle qui tourne autour de l’infini est parti d’une phrase d’Einstein qui dit qu’il y a deux infinis : l’univers et la connerie humaine. Eric fait donc le spécialiste de l’univers et moi celui de la connerie humaine. Je travaille également à un podcast sur Spotify sur mon gouvernement idéal. Bref, j’ai plusieurs projets à la fois et je m’amuse bien en fait !

- Le spectacle -

Guillaume Meurice est votre candidat. Celui de la réconciliation nationale. Certes, le quinquennat précédent a été d’une incroyable réjouissance doublée d’une réussite totale. Certes, le personnel politique actuel brille par son génie, son honnêteté, son altruisme. Mais Meurice veut aller plus loin, plus vite, plus haut, plus fort. Il a des propositions pour le pays et incarne à lui seul, l’avenir de la France du futur !

"Je n’ai jamais rencontré un homme aussi charismatique" Barack Obama
"Il est celui qu’il faut à la France" Vladimir Poutine
"Je crois en lui" Kim Jong Un
"Qui cherche un appartement ?" Gérald Darmanin.

"Meurice 2027", les jeudi 11 et vendredi 12 mai, à 19h30 à Saint-Joseph (scène sous chapiteau)

vw/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
juliana a.
juliana a.
10 mois

Comment être le "systéme", profiter du "systéme" et critiquer le "systéme" ! le bourgeois dans toute sa splendeur, et les croyants autour !!!