Ce dimanche 17 mars 2024 dans la forêt de l'Étang-Salé, a lieu la toute première marche pour la vue organisée à La Réunion. Fruit de l'association Valentin Haüy et du Lions club de l'île, cette mobilisation a pour objectif de récolter des fonds, mais pas que… Marche pour la vue, c'est sensibiliser aux atteintes visuelles, montrer aux voyants ce que les personnes déficientes visuelles ne voient pas et alerter les élus sur le chemin qu'il reste encore à parcourir pour l'inclusion de ces personnes porteuses d'un handicap. À La Réunion près de 15.000 personnes seraient atteintes de déficience visuelle, "mais c'est un chiffre difficile à comptabiliser car nombreux sont ceux qui restent dans l'isolement". (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
C'est à 9 heures 30, du parking de Croc-Park à l'Étang-Salé que la marche pour la vue prendra le départ d'une boucle de 4,5km. Tous les Réunionnais sont invités à y prendre part.
Des personnes déficientes visuelles participeront également à la marche, accompagnée de bénévoles de l'association Valentin Haüy.
En plus de cette marche des ateliers de sensibilisations seront organisés tels que le déplacement avec GPS, la canne électronique, le port de lunettes de simulation pour voir ce que les autres ne voient pas.

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- Une première édition -
La première intention de ce rassemblement est de collecter des fonds pour l'association IRRP (Information recherche rétinite pigmentaire).
Des fonds destinés à la recherche sur les rétinopathies pigmentaires et l'ensemble des maladies de la vision. "Il faut pouvoir trouver des traitements et grâce à la recherche on a déjà bien avancé. On en est même à parler de thérapie génique visant à modifier les informations que reçoivent les gênes pour traiter certaines rétinopathies", explique Richard Muller, président de l'association Valentin Haüy.
À La Réunion, parmi les pathologies les plus présentes, on peut noter la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge) chez les personnes âgées ou encore les glaucomes.
"Des maladies parfois liées à l'âge, parfois génétique mais pas seulement, certaines peuvent être dues au soleil ou à d'autres causes", indique Richard Muller.
Quand on évoque le terme déficients visuels, "on parle de malvoyants et de non-voyants". "Les malvoyants ont en quelque sorte encore une vision mais qui est altérée. Ce sont des personnes qui peuvent voir un individu en face mais ne pas voir la marche ou le trottoir", explique Richard Muller.
Une personne aveugle est considérée comme telle dès que "au meilleur œil on a moins de 1/10ème".
Selon les chiffres, dans notre département près de 15.000 personnes seraient atteintes de déficience visuelle. "Mais c'est un chiffre difficile à comptabiliser car nombreux sont ceux qui restent dans l'isolement", note le président de l'association.
En France, environ 40.000 personnes sont affectées par une maladie de la rétinite pigmentaire, plus d’un million a une dégénérescence maculaire liée à l’âge et 1,7 million ont une déficience visuelle.
- La Réunion pas totalement inclusive -
De nombreuses personnes touchées par une déficience visuelle n'osent pas trop sortir. Et ce, malgré la pléthore d'activités que propose l'association Valentin Haüy (club informatique, randonnée, souffleur de sens…)
Un isolement qui s'explique par plusieurs facteurs. "Il y a tout d'abord la géographie de l'île. Beaucoup sont isolés et parfois l'accessibilité des transports est compliquée, notamment dans les écarts."
Concernant l'inclusivité de ces personnes, La Réunion est encore à la traîne. "Depuis la loi du 11 février 2005, il y a obligation pour la collectivité d'avoir de l'accessibilité en termes de voirie, d'établissements accueillant du public ou de documents", explique Richard Muller.
Mais force est de constater que ce n'est pas le cas, du moins pas totalement. "Maintenant tout est dématérialisé et pour cela il faut passer par internet sauf que ces sites ne sont pas forcément accessibles aux personnes déficientes visuelles."
Les établissements recevant du public ne sont pas non plus très accessibles. "Pour les malvoyants l'éclairage est encore insuffisant et puis il est parfois difficile de trouver les poignées de porte", indique le président de l'association.
En matière de voirie "c'est pire". "Sur les voiries il y a parfois des bandes de guidage ou des bandes d'éveil de vigilance, notamment pour traverser la rue (des bandes avec de gros points pour que les personnes malvoyantes les ressentent) mais il, n'y en a pas partout", déplore-t-il. Pire des exemples pour lui, la rue de Paris "où il y a des poteaux en plein milieu. Si pour les fauteuils ce n'est pas terrible pour les malvoyants encore plus car ils sont obligés de se déporter et d'aller sur la chaussée".
Côté transport, Richard estime qu'il n'y a pas "assez de signalisation vocale pour dire l'arrêt ou signaler la venue d'un bus".
Cette marche, sera d'ailleurs un bon moyen pour ces personnes de faire connaître leurs difficultés quotidiennes que, pour le coup, la société ne voit pas.
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