Ce mardi 15 juillet, la chambre de l'instruction de Saint-Denis se penche sur l'affaire de Nadia D., accusée de complicité de viols incestueux sur sa fille mineure. Alors que le juge des libertés et de la détention a décidé de remettre la mère en liberté et sous contrôle judiciaire, le parquet a fait appel de la décision. La mère conteste les faits devant la justice, tandis que la partie accusatrice demande son maintien en détention. Son compagnon et père de la victime présumée - âgée de 17 ans et souffrant d'un retard mental - fait lui l'objet d'une enquête menée sous la houlette d'un juge d'instruction pour de multiples viols au domicile familial (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
"Ce dossier constitue le pire du pire", s'écrie la procureure générale avant de requérir le maintien en détention de Nadia D., ce mardi 15 juillet 2025 devant les magistrats de la chambre de l'instruction. L'histoire de cette mère de famille de quatre enfants et de son compagnon, également placé en détention provisoire depuis cinq mois, est en effet des plus sordides.
L'affaire débute lorsque le 7 février 2025, Valérie*, 17 ans, signale à son établissement scolaire qu'elle est victime de viols incestueux réguliers de la part de son père. La lycéenne relate que le premier assaut a eu lieu dans la voiture paternelle où elle aurait été forcée à se masturber contre de l'argent.
À compter de ce jour, l'adolescente indique avoir été violée dans la chambre parentale à raison d'une fois par semaine lorsqu'elle se trouvait seule au domicile avec son père. Après chaque rapport imposé, Valérie se confie à ses trois sœurs en décrivant en détail ce qu'elle a subi. Rien ne lui sera épargné y compris les objets sexuels que les parents utilisent lors de leurs ébats filmés.
- "Vous l'avez torturée" -
Entendue comme témoin, la fratrie confirme. Une des sœurs âgée de 16 ans confie sa honte, son incompréhension et le conflit de loyauté qui la hante. "Vous l'avez torturée", tance la représentante de la société à l'attention de Nadia D.
Car selon les premiers éléments de l'information judiciaire, la quadragénaire était au courant de ce que son compagnon faisait subir à leur fille. "Vous l'avez jeté en pâture parce que vous saviez que c'était la plus vulnérable", poursuit Fabienne Atzori avec colère.
Toutes insistent sur les menaces suicidaires proférées par leur mère afin qu'elles gardent le silence.
- Des menaces suicidaires pour empêcher la libération de la parole -
Face à la cour ce mardi, Nadia D. joue "les victimes". Face aux juges de la rue Juliette Dodu, elle verse des larmes en jurant qu'elle n'était au courant de rien.
Placée à la maison d'arrêt de Domenjod, la mise en cause a bénéficié d'une remise en liberté décidée par le juge des libertés et de la détention de Saint-Pierre et un placement sous contrôle judiciaire le 8 juillet 2025. Décision dont le parquet du Sud a immédiatement relevé appel avec effet suspensif.
"Vous êtes une mère qui n'a pas grand-chose à faire de ses enfants", tacle encore le ministère public sollicitant le maintien en détention le temps des investigations pour éviter toute pression sur la victime présumée et les témoins. Mais Nadia D., malgré sa condamnation à 6 mois de prison avec sursis pour des faits de violence sur une de ses filles entre août 2013 et juillet 2016, se pose en victime de son conjoint.
- Une condamnation pour violences sur une de ses filles -
Pantalon et veste blanche assortie, elle semble ne pas avoir compris le sens de cette sentence et évoque confusément "un enfant qui bougeait beaucoup". Le conjoint avait également été condamné à 8 mois de sursis dans cette même affaire. Un concubin dont elle avait par ailleurs caché l'existence afin d'être considérée par la Caisse d'allocations familiales comme un parent isolé. Une escroquerie que l'organisme avait déjouée, "une forme d'état d'esprit lamentable", pointé du doigt par le parquet général.
En garde à vue, le père a reconnu deux rapports sexuels avec Valérie en se justifiant "des sensations procurées par la virginité de cette dernière". Quant à Nadia D., poursuivie pour complicité de crime incestueux, elle a reconnu savoir depuis 2016 ce qui se jouait dans la chambre conjugale avant de se rétracter indiquant que ce n'était pas "vraiment des viols" et que les enquêteurs l'avaient "forcée à avouer".
La chambre de l'instruction rendra sa décision ce mercredi 16 juillet 2025.
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* Prénom d'emprunt
