Établissements scolaires, centres commerciaux, transports en commun… Dans un climat de peur lié aux attaques terroristes, les démineurs du groupe d'intervention Nedex (neutralisation, enlèvement, destruction des explosifs) ont connu un pic d'activité considérable. Depuis la rentrée scolaire, La Réunion a été victime d'une centaine d'alertes à la bombe. Et pourtant… les cours n'ont repris que depuis deux semaines. Toutes les alertes étant prises au sérieux, qu'il s'agisse d'un simple mail, d'un courrier ou d'un sac abandonné. Un travail minutieux de détection pour au final… assurer la sécurité de tous. On vous dit (presque) tout sur ce métier à haut risque... (Photos : rb/www.imazpress.com)
Sac abandonné, alerte à la bombe, colis suspect… mais qui sont ces hommes et ces femmes qui risquent leur vie pour sauver ou protéger la nôtre ?
Il s'agit des sous-officiers du groupe d'intervention du Nedex de La Réunion, que les gens identifient plus rapidement sous le nom de "démineurs".
Et si leur nombre reste évasif, l'adjudant-chef Steve nous le dit, "on est suffisamment pour intervenir à plusieurs endroits en même temps".
Depuis la reprise des cours – le lundi 30 octobre – ils ont enchainé les interventions. Sur plus d'une cinquantaine d'alertes à la bombe et des sacs abandonnés, les démineurs sont intervenus plus d'une dizaine de fois.
"Tout est arrivé d'un seul coup. On a eu énormément de demandes et de suite on a mis le dispositif en place pour réagir au mieux et procéder aux levés de doutes afin de rouvrir les établissements scolaires", explique l'adjudant-chef Steve à Imaz Press.
Si le nombre d'intervention par rapport au nombre d'appel peut paraître moins élevé, c'est parce que ce n'est pas le groupe d'intervention du Nedex qui décide du déploiement.
"On travaille avec les autorités préfectorale, responsables sur le territoire national. Elles font ensuite appel aux démineurs de l'armée par demande auprès du Commandant supérieur (COMSUP) qui nous met à disposition des autorités pour pouvoir intervenir pour eux."
Face aux alertes simultanées, c'est la préfecture qui donne l'ordre de priorité d'intervention.
- Une procédure à respecter au millimètre près -
Beaucoup de sang-froid et une grande dextérité sont les atouts principaux du démineur.
Lundi 30 octobre donc, jour de rentrée, les élèves du lycée Bellepierre ont été mis en sécurité sur le stade pendant que les forces de l'ordre quadrillaient le quartier… attendant le Nedex et leur camion de déminage.
Sans matériel (du moins c'est ce qui semble paraître), sans tenue de déminage, avec un chien pour guide… les agents analysent le bâtiment et ses moindres recoins.
Mais comment passer en revue un établissement d'une telle ampleur ? "Il y a des dispositifs déjà établis dans les groupes scolaires depuis quelques années", indique l'adjudant-chef Steve. "Les gens récupèrent leurs affaires et sortent."
Pour le matériel restant, les professionnels "connaissent ce qui reste sur place et ce qui peut être douteux".
Si un chien a aidé les sous-officiers du Nedex à intervenir, il sert seulement de soutien. "Le chien est un outil supplémentaire qu'on peut avoir de temps en temps sur demande." Un canidé qualifié pour la recherche d'explosifs "qui nous fait gagner du temps sur des grandes superficies".
Chaque poubelles, bureau… tout est scruté, même si avant cela, "les personnels voient s'il y a quelque chose de suspect.
Vient ensuite la levée de doute. "Quand on fait appel à nous – et souvent dans l'urgence – pour rassurer les gens, on procède à la levée de doute", indique le militaire. Après, ce ne sont pas forcément les démineurs qui le font à chaque fois. "Généralement se sont les forces de sécurité et les établissements – après qu'on leur ai rendu compte qu'on a rien trouvé de spécial – que la décision est prise."
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- Démineur... un travail minutieux -
Si les démineurs sont intervenus ces derniers temps majoritairement dans les établissements scolaires de La Réunion, évacués après avoir reçu des mails d'alertes à la bombe, les membres du Nedex sont également intervenus dans les centres commerciaux.
À Saint-Denis, deux à Sainte-Marie… "c'est le même procédé", souligne l'adjudant-chef Steve. Toutefois, dans "les grandes surfaces il y a aussi un service de sécurité qui a l'habitude de surveiller, d'avoir l'œil pour rappeler les gens qui oublient un sac ou de se dire qu'un sac laissé là n'est pas normal".
Les transports en commun ont eux aussi été victimes d'alertes à distance. Des sacs oubliés par inadvertance ont mis aussi la population en alerte.
"Dans ce cas le déclenchement est le même, ensuite on se déplace sur les lieux déjà sécurisés par les forces de l'ordre. Après, on travaille avec la personne sur place pour voir comment intervenir, précise l'adjudant-chef. C'est là que se met en place la procédure d'intervention "car on va sur quelque de chose de suspect".
Mais ne vous méprenez pas. Si l'on peut penser à tort qu'à chaque bagage ou sac suspect termine en morceaux, il n'en n'est rien… "Là encore on rentre dans quelque chose de technique mais on ne va pas forcément faire exploser", note l'adjudant-chef Steve.
Le militaire prend d'ailleurs l'exemple des sacs abandonnés dans un bus et d'une valise oubliée à l'aéroport le week-end du 4 et 5 novembre, "on n'a rien détruit car nous avions des moyens pour discriminer une vraie menace de la fausse menace".
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Pour de telles opérations par contre, le sous-officier porte une tenue qui pèse près 40 kilos. "Une tenue lourde qui permet de protéger le démineur au risque d'explosion."
De plus, à chaque pas, il est en contact avec l'un de ses collègues situés au camion de déminage.
"On met la tenue et on part toujours sur le principe que cela peut être une intervention réelle."
Des officiers parés à toute éventualité et formés pour faire face à n'importe quel objet susceptible d'être une bombe.
Que ce soit de l'explosion des bagages ou de colis, de la recherche d'explosif après des alertes… nous n'en saurons pas plus sur les procédures et le matériel utilisé par ces hommes et ces femmes du Nedex. Le Nedex gardera à son niveau toutes ces informations.
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