L'antiépiléptique peut entraîner des malformations congénitales

Après le Médiator, la Dépakine : la crainte d'un nouveau scandale sanitaire

  • Publié le 23 août 2016 à 10:19
Un médecin fait une échographie à la maternité d'Argenteuil, près de Paris, le 22 juillet 2013

Alors que l'affaire Médiator commence juste à se tasser, un nouveau scandale sanitaire se profile dans les pharmacies. La Dépakine, un antiépileptique présentant des risques élevés pour la santé du foetus, pourrait avoir déjà causé des milliers de victimes en France. A La Réunion, les médecins et pharmaciens prescrivent le traitement en informant les patientes concernées.

On parle de 50 000 à 70 000 victimes pour 50 ans de prescription. Une étude, qui doit être publiée ce mercredi, s’interroge sur les risques sanitaires du valproate de sodium, commercialisé sous le nom de Dépakine depuis 1967 par Sanofi. C’est l’association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac) qui a lancé l’alerte à propos de l’antiépileptique : "C’est un scandale sanitaire énorme" estime Martine Martin, sa présidente.

La substance est sur la sellette à cause d’un risque de malformations congénitales chez les bébés nés de mères ayant pris ce traitement pendant leur grossesse. Un risque accru d’autisme et de retards intellectuels et/ou de la marche peut aussi atteindre jusqu’à 40 % des enfants exposés. "Avec tous les antiépileptiques, il y a toujours un risque pour le fœtus" nuance un médecin officiant dans l’ouest de l’île. Il a déjà fait face à des cas de ce type et certaines de ses patientes ont préféré arrêter le traitement pour ne pas courir de risques. Il précise cependant que des dangers existent aussi pour les femmes épileptiques stoppant toute prise de médicaments. Les crises à répétition peuvent effectivement entraîner un "manque d’oxygène" pour le fœtus. Un "cas pour cas" par le biais d’une consultation avec le gynécologue et le neurologue serait l’idéal pour le médecin.

-Des anti-dépresseurs également concernés-

Mais si les risques de malformations sont connus depuis les années 1980 et ceux des troubles neuro-développementaux depuis le milieu des années 1990, ce n’est qu’en 2006 que la notice déconseille pour la première fois son utilisation chez la femme enceinte. Une lente prise de conscience qui s’est également faite très lentement dans le corps médical : selon l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), un médecin sur 5 et un pharmacien sur 3 ne connaissaient pas les effets du valproate sur les enfants à naître, en 2008. Irshad Cassamchenaï, pharmacien dionysien, a déjà prescrit ce médicament. "La sortie de Dépakine chez moi concerne surtout les hommes" assure t-il, en indiquant néanmoins que "pas mal de traitements utilisés comme anti-dépresseurs dérivent de ça". Des traitements à base de valproate sont aussi utilisés pour traiter les troubles bipolaires, sous d'autres appelations (Dépakote, Dépamide et génériques).

En 2014, juste avant l'introduction de nouvelles restrictions décidées à l'échelle européenne, 93.000 femmes en âge de procréer prenaient du valproate dont 37.000 contre l'épilepsie (Dépakine et génériques) et 56.000 pour des troubles bipolaires, notait pour sa part l'Igas dans son rapport.
Aucune évaluation officielle du nombre de victimes n'a encore été publiée à ce jour, à l'exception d'un chiffre de l'Igas faisant état de 450 enfants nés avec des malformations congénitales entre 2006 et 2014 après avoir été exposés in utero au valproate.

Sanofi indiquait pour sa part il y a quelques jours n'avoir "pas connaissance (des) données" de l'étude qui doit être présentée mercredi par le Directeur général de la santé Benoît Vallet à une délégation de l'Apesac.
Martine Martin, la présidente du collectif, espère obtenir des avancées dans la prise en charge et dans l'indemnisation des victimes, avec la mise en place d'un mécanisme du type de celui mis en oeuvre pour indemniser les victimes du Mediator.
Elle souhaite aussi un logo de mise en garde pour les femmes enceintes sur les boîtes de médicament.
Le ministère de la Santé qui travaille "étroitement" avec l'Apesac a annoncé pour sa part un plan d'action début septembre en même temps que la publication de l'étude.

www.ipreunion.com avec l'AFP

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1 Commentaires
Neama
Neama
9 ans

Je l'ai toujours sur, je l'ai toujours répété au médecin, ce médicament est un poison, j'ai perdu ma fille à 22 mois, elle a été mis sous Dépakine 10 mois auparavant, son état de santé c'est dégradé de façon incroyable, aujourd'hui je le confirme la dépakine a tué mon bébé. Pour le moment le scandale se concentre sur les femmes enceintes, chercher plus loin, même les enfants en bas mis sous dépakine changent sans raison et perde de leur forces mentale et physique petit à petit jusqu'à plus rien...A tous les parents, croyez moi au non, mais si vos enfants sont sous dépakine, arretez toute de suite je vous en prie, cela ne l'aide pas, cela intensifie les déréglements, bon courage.