Des bananes en grande quantité toute l'année, ça ne sera peut-être plus possible

  • Publié le 21 août 2025 à 09:12
banane

Des bananes en grande quantité toute l'année, ça ne sera peut-être plus possible. Après les passages des cyclones Belal et Garance, les producteurs ont dû faire face à la destruction de la quasi-totalité de leurs plantations dans certaines zones de l'île. La situation ne retournera à la normale qu'en fin d'année…Sans garantie que les nouvelles plantations ne pâtissent pas d'un nouveau cyclone (Photo d'illustration Sly/www.imazpress.com)

Le sujet enflamme sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines : le prix des bananes a flambé. 1,50 euro l'unité, le kilo à 10 euros sur certains étals…Consommées en grande quantité par les Réunionnais, les bananes ne reviendront en abondance qu'en fin d'année. 



"Nous avons enchaîné deux cyclones deux années consécutives : Belal a tout détruit, cela a pris entre huit et neuf mois pour que ça repousse et redonne des bananes, et quand ça commençait à aller mieux, Garance a tout détruit à son tour", regrette Danylo Taïlamé, président de l'Association des fermiers et producteurs du Grand Sud (APFGS). 

"La demande est beaucoup plus forte que l'offre. Le sud a été épargné et on y propose donc des prix moins chers là-bas, mais il faudra attendre la fin de l'année pour que les prix redescendent vraiment", note-t-il. 

La culture de la banane connaît un véritable engouement à La Réunion. "De nombreux producteurs de canne se sont diversifiés ou ont carrément abandonné la canne pour se diriger vers la banane. Le problème, c'est que les producteurs de banane sont en coopérative, et ont des contrats à honorer donc il est difficile de se diversifier de nouveau", avance Danylo Taïlamé.

"Les gens ont oublié rapidement le passage de Garance, la production de bananes non", rappelle Eric Lucas, technicien à la Chambre d'agriculture de La Réunion.

"C'est la deuxième année consécutive que les producteurs sont impactés, et les cyclones sont passés plus ou moins à la même période Quand un cyclone passe, tous les plans sont cassés, l'agriculteur doit nettoyer son champ, recupérer les plants, remettre le terrain à ras…Ça demande beaucoup de travail", souligne-t-il. 

S'ajoutent à cela neuf mois, minimum, pour un retour de production. "En décembre, on va finir avec une surproduction, car tous les plants vont mûrir en même temps", indique Eric Lucas. "En attendant, seules les productions épargnées par le cyclone alimentent les étals."

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- Des pistes mais pas de solution miracle -

Pour pallier ces difficultés, plusieurs pistes sont explorées. Mais face au climat, peu de choses peuvent réellement protéger les plantations.  "Certains investissent dans des brises-vents, mais même avec ça c'est compliqué, les pieds peuvent quand même se casser", dit Danylo Taïlamé. 

"Des discussions ont commencé pour réfléchir à décaler la production, pour que les plants soient rabattus avant la période cyclonique et qu'ils soient moins exposés aux vents, on produirait donc plus en période hivernale. Ce n'est cependant pas dans leurs mœurs et ça va demander un sacrifice", avance Eric Lucas.

 "Cela demanderait en effet des surfaces plus grandes pour avoir une production régulière, ce qui veut donc dire devoir sacrifier certaines parcelles. Ça se fait aux Antilles, avec une programmation sur l'année, mais ce n'est pas dans la mentalité réunionnaise."

Une solution qui ne pourra de toute façon "pas tout résoudre", selon Eric Lucas. "On a vu avec Garance que même certains arbres qui n'étaient pas en production se sont couchés."

L'idée de se diriger vers des variétés plus résistantes, "comme certaines variétés plantées dans le sud", existe aussi. Cependant, "les régimes sont plus petits donc amènent moins de rendement".

Les producteurs "pourraient aussi diversifier leurs lieux de productions, les cyclones n'impactant pas toutes les régions de la même façon, mais cela demanderait des infrastructures supplémentaires, et on se heurterait à la problématique de l'eau", déroule-t-il. Une solution qui se ferait par ailleurs "au détriment de la canne".

Danylo Taïlamé plaide de son côté pour des circuits plus courts. "Il y a trop d'intermédiaires aujourd'hui, ce qui fait grimper les prix", estime-t-il.

La situation est complexe, et il n'existe pas de solution miracle. En attendant, "les agriculteurs espèrent ne pas devoir faire face à la même problématique l'année prochaine, sinon la filière va vraiment se décourager", espère Eric Lucas.

Face à deux années catastrophiques, "il y a certains agriculteurs qui veulent diversifier", abonde Danylo Taïlamé.  "La filière est en grande difficulté depuis deux ans, cela impacte encore plus les producteurs en mono-culture qui n'ont plus de revenus depuis deux ans."

S'ajoute à toutes ces difficultés la multiplication des vols dans les productions. "En plus des mauvais rendements, les agriculteurs doivent investir dans des systèmes de sécurité", dénonce Danylo Taïlamé.

En attendant le retour des bananes en abondance, "il faut croiser un peu les doigts, et faire réaliser à certains qu'il y a des saisons où il y a moins de bananes". "Il faut faire avec, passer à autre chose et ne pas être en colère contre l'agriculteur pour qui c'est déjà compliqué", conclut Erica Lucas. 

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Clara
Clara
1 mois

Respecter les saisons c'est bien aussi .... même si si ici on peut avoir plusieurs récoltes , certains fruits de l hiver sont moins bons que ceux de l été

Missouk
Missouk
1 mois

Il nous reste les agrumes, les ananas, les papayes, les fruits de la passion, ...