Depuis plusieurs semaines, les produits prévus dans le Bouclier qualité prix (BQP) se font rares dans les supermarchés et autres surfaces de ventes de La Réunion. Leur absence s'explique par deux facteurs. D'une part un engouement aussi soudain qu'inattendu pour ces produits moins chers et souvent critiqués pour leurs qualités gustatives jugées moindres. D'autre part, des retards dans l'approvisionnement en crise de la crise en Ukraine (Photo rb/www.ipreunion.com)
Anna fait ses courses à Sainte-Marie. "Cela fait deux mois que je n’ai pas pu acheter une bouteille d’huile. Il n’y en a tout simplement pas." Entre la pénurie due à la crise ukrainienne et les retards de fret, cela n’aide pas. Pour elle, "les rayons vides dans les supermarchés deviennent une habitude".
Cette situation, Vincent la vit également. "Je suis accablé de voir les produits du BQP indisponibles dans les magasins." Il ajoute, "par contre les produits équivalents sont eux beaucoup plus chers".
Cet attrait pour les produits du BQP peut surprendre tant ces marchandises "premier prix" étaient boudées par les consommateurs. Les produits étaient en effet jugés peu attrayants, moins bons et ne correspondant pas au goût des Réunionnais.
- Les grandes enseignes impactées par les retards d’approvisionnement -
Sur les 153 produits proposés dans le BQP, ceux de l’alimentaire manquent le plus. "Il y a vingt jours, on avait une rupture d’environ 15 % sur tous les produits", note Johan Thérin, directeur de Carrefour Grand Large. Huile, pâtes, biscuits sucrés sont les produits le plus souvent en rupture dans les supermarchés. Et "dès lors qu’ils sont en rayons, ces produits partent", indique Sylvain Fernandez, responsable du Super U de Petite-Île.
Outre l’engouement des Réunionnais pour ces produits, la rupture est également le fait des retards de conteneurs. "Des fois il y a trois conteneurs qui arrivent d’un coup et des fois plus rien pendant des semaines", précise Johan Thérin, directeur de Carrefour Grand Large à Saint-Pierre. Dans la même enseigne, à Sainte-Suzanne, "les ruptures sont même globales, pas seulement sur les produits du BQP". Il l’assure, "on fait tout pour avoir ces produits, on a augmenté la capacité de stock".
Dans le petit Super U situé à Petite-Île, "On peut avoir une rupture pendant quelques jours à cause des retards de bateau", explique Sylvain Fernandez, directeur du magasin. Le plus gros retard auquel l’enseigne a été confrontée est de douze semaines. "Là sans les produits, c’est compliqué." Au Leader Price de Saint-Joseph, les retards des navires aussi sont la raison de ces ruptures de produits. "Les conteneurs sont débloqués au compte-goutte", explique le responsable. Les retards pouvant aller d’une à trois semaines.
Du côté de l’enseigne E.Leclerc, les retards ne sont pas seulement visibles pour les produits du BQP, mais dans tous les rayons. "Les produits arrivent en décalé." Le service communication explique, "normalement la bonne fréquence de livraison c’est quatre semaines, et là des fois c’est multiplié par deux". Contacté à ce sujet, le service communication du Grand port maritime explique, "avoir mis en place un dispositif pour réduire les attentes de navires au large de La Réunion".
Pour pallier ce manque, les enseignes se tournent donc vers les produits locaux. Mais là aussi ça coince. "En local, comme la demande est plus forte, il y a aussi une rupture sur la chaine d’approvisionnement", explique le directeur de Carrefour Grand Large à Saint-Pierre.
- Une demande trop élevée pour les produits locaux -
Les produits péi locaux comme la viande se font rares dans les rayons, confirme Olivier Robert, éleveur de bovins à la Plaine des Cafres et président de la Sicarévia. La demande est plus forte que la production possible sur l’île actuellement. "Le cycle étant long chez nous (36 mois pour une naissance et 18 mois le temps d’élevage sous la mère), il faut le temps de reconstituer le cheptel", explique-t-il. La coopérative agricole est en charge de livrer les carcasses aux industriels et bouchers qui la transforme et la revende. Pour répondre à la demande, la Sicarévia doit donc s’organiser. "On répond aux sollicitations de tout le monde mais les commandes sont plus petites", indique Olivier Robert. "C’est pour cela que les produits manquent", poursuit l’éleveur.
Patrick Chauchon, responsable du pôle C de la DEETS (concurrence, consommation, répression des fraudes et métrologies) explique qu’en moyenne, "entre 20 et 25% des produits manquent". Pour s’assurer que ce manquement n’est pas du fait du magasin, la DEETS procède à des contrôles. "Nous demandons au responsable des pièces justificatives pour démontrer qu’il est victime de la chaine d’approvisionnement."
- Des produits plébiscités car moins chers -
Si les 153 produits proposés dans le BQP sont autant convoités par les Réunionnais, c’est que le prix des autres articles a fortement augmenté et que le pouvoir d’achat a diminué. Selon les dernières données de l’Insee dévoilées au mois d’avril 2022, les prix à la consommation avaient augmenté de plus de 3,2% sur un an. Certes c’est moins qu’en France (hors Mayotte avec +4,8%) mais cela reste tout de même élevé pour les familles réunionnaises. Rien que pour l’alimentaire, le prix a augmenté de plus 6,1%. En France, l’inflation accélère à 5,2% sur un an, comme le relatent nos confrères du Monde, du jamais vu depuis septembre 1985.
Des prix qui ne sont pas près de baisser comme l’a annoncé le Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Sur France Inter, Bruno Le Maire a prévenu, "Nous sommes dans un pic d’inflation et je préfère être clair, ça va durer encore plusieurs mois".
.@BrunoLeMaire : "Nous sommes dans un pic d'inflation : j'ai dit il y a déjà plusieurs mois que le plus dur était devant nous, le plus dur nous y sommes, et je préfère être clair, ça va durer encore plusieurs mois, l'inflation va durer." #le79Inter pic.twitter.com/sWpRWJbkiN
— France Inter (@franceinter) June 1, 2022
Pour faire le point sur ces ruptures de produits et sur la hausse des prix, selon nos informations, la Préfecture devrait s’entretenir dans les prochains jours avec les industriels.
ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com
C'est une bonne chose
Lobby qui contrôle la Reunion. Un autre comique y veut son port pour ses activités professionnelles. Il faut arrêter de prendre creoles pour des abrutis. On a eu 50 ans de retard avec certains élus du passé.