Dans un rapport publié ce mercredi 15 février 2023, l'organisation non-gouvernementale (ONG) Human Rights Watch revient sur l'histoire des Chagos, et accuse les Etats-Unis et l'Angleterre de "crime contre l'humanité". Les habitants de cet archipel de l'océan Indien, sous contrôle britannique, ont en effet été expulsés de leur territoire dans les années 60 et 70 pour permettre l'installation d'une base militaire états-uniennes sur l'île de Diego Garcia. Ils réclament depuis la restitution de leurs terres (Photo d'illustration)
"Le déplacement forcé de l'ensemble du peuple chagossien par les gouvernements du Royaume-Uni et des États-Unis et la persécution raciale au Royaume-Uni, ainsi que le blocage continu de leur retour chez eux, sont des crimes contre l'humanité" écrit l'ONG dans ce rapport d'une centaine de pages.R
Les deux gouvernements "devraient fournir des réparations complètes au peuple chagossien, y compris leur droit de retourner vivre dans leur patrie dans l'archipel des Chagos dans l'océan Indien" estime ce rapport.
L'organisation identifie trois crimes contre l'humanité : un crime colonial en cours avec déplacements forcés, l'empêchement du retour chez eux par le Royaume-Uni et la persécution raciale et ethnique par le Royaume-Uni. Maurice, qui a obtenu son indépendance en 1968, revendique le territoire des Chagos et demande le retour de l'archipel dans son giron.
"Le Royaume-Uni commet aujourd'hui un crime colonial épouvantable, traitant tous les Chagossiens comme un peuple sans droits", a déclaré Clive Baldwin, conseiller juridique principal à Human Rights Watch et auteur principal du rapport.
- Demande de réparations -
"Les gouvernements britannique et américain devraient fournir des réparations complètes au peuple chagossien" a déclaré Human Rights Watch. Le Royaume-Uni "devrait fournir une restitution en levant immédiatement l'interdiction faite aux Chagossiens de retourner définitivement dans les îles Chagos". Le Royaume-Uni et les États-Unis "devraient garantir un soutien financier et autre pour restaurer les îles et permettre aux Chagossiens de revenir et de vivre et de travailler dans la dignité" estime l'ONG.
"Nous rejetons catégoriquement cette caractérisation des événements", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, soulignant que Londres a déjà exprimé ses "profonds regrets" au sujet de la manière dont ont été déplacées ces populations. Contactées par l'AFP, les autorités américaines n'ont pas répondu.
L'archipel est réclamé par Maurice depuis de nombreuses années. Le 25 février 2019, la Cour internationale de Justice a déjà tranché en la faveur de l'île sœur, sans conséquence sur le positionnement du Royaume-Uni.
Le 22 mai de la même année, ce sont les Nations Unies qui ont validé cet avis en votant la restitution des Chagos à Maurice. La Grande-Bretagne avait alors six mois pour rétrocéder les terres, ce qui n’a pas été fait.
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