Depuis dix ans, le service de chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique du CHU Félix Guyon soigne les cardiopathies. C'est en 2015 que développement d'une activité médico-chirurgicale a débuté, avec l'accompagnement du CHU de Bordeaux. Depuis 2022, le CHU de La Réunion a reçu l'autorisation de délivrer une activité continue, et quatre lits de réanimation pédiatrique dédiés ont été ouverts. Le service nous a ouvert ses portes (Photos : rb/www.imazpress.com)
C'est une spécialisation difficile, mais plus que nécessaire. Dans l'aile pédiatrique du CHU de Bellepierre, une centaine d'enfants a été prise en charge depuis le début de l'année dans le service de chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique. Certains étaient âgés d'à peine quelques semaines, pour des opérations à cœur ouvert ou des poses de cathéters.
Ces malformations cardiaques sont multiples, et plus ou moins sévères. "Dans un tiers des cas, il faut le prendre en charge de manière invasive, soit par cathétérisme cardiaque, soit par chirurgie cardiaque à cœur ouvert", détaille le Dr Jean-Bernard Selly, chef de service de cardiologie congénitale et pédiatrique.
"Le volume de patients à prendre en charge, et l'éloignement géographique qui obligeait à effectuer des transferts à risque, ont motivé la création de ce service", explique-t-il. Avant l'ouverture du service, tous les enfants – et adultes – nécessitant une intervention étaient envoyés dans l'Hexagone. Avec parfois, malheureusement, des décès lors des transferts.
"L'impulsion est venue lors de mon retour de Bordeaux où j'ai fait mes études. En revenant à La Réunion, on a commencé les premières missions de chirurgie cardiaque en convention avec le CHU de Bordeaux", se rappelle-t-il. "Il n'y a pas si longtemps, on entendait un discours qui affirmait que jamais nous ne serions en capacité de créer un service de qualité. Et nous voilà aujourd'hui", lance-t-il.
Le CHU de La Réunion s'est équipé au fil des ans d'une équipe compétente et un plateau technique de pointe. Le service s'est mis en place de façon progressive, avec deux chirurgies par an les premières années, sous le chapeautage du CHU de Bordeaux, pour arriver aujourd'hui à tendre vers les 120 à 130 interventions à l'année.
"On ne peut pas créer un service qualitatif du jour au lendemain, ça s'est fait progressivement", souligne le Dr Jean-Bernard Selly.
Une prise en charge désormais assez qualitative pour éviter les transferts sanitaires jusque dans l'Hexagone, et ce même pour les cas de cardiopathies les plus complexes. Le CHU espère arriver bientôt au seuil des 150 opérations annuelles.
- Une prise en charge lourde -
Des enfants de quelques semaines aux adolescents jusqu'à 18 ans sont accueillis dans le service, qui tourne à plein régime toute l'année. Berceaux et petits lits sont présents partout dans le service, prêts à les accueillir.
"Nous avons une capacité d'accueil de quatre lits de réanimation, et deux lits de soins intensifs, qui sont actuellement remplis", explique Bilkis Rutgers,cadre de santé puéricultrice.. "Les pathologies cardiaques congénitales sont en augmentation, ce qui fait que nous avons un nombre d'enfants accueillis en continu. Nos services sont toujours remplis", détaille-t-elle. Ecoutez :
Les petits réunionnais, mais aussi des îles voisines, sont accueillis tout au long de l'année à Saint-Denis. Dans les couloirs du service, des instructions à destination des parents ont d'ailleurs été traduites en plusieurs langues pour s'assurer que chaque famille soit adressée correctement.
Le processus est lourd, et l'intervention en elle-même peut durer jusqu'à une dizaine d'heures dans les cas les plus complexes. "Il faut compter dans tout cela la préparation de l'enfant, son anesthésie, l'intubation, la stérilisation des équipements…Parfois, l'acte en lui-même sur le cœur peut ne durer qu'une demie heure, pour une intervention complète de plusieurs heures", détaille Dr Jean-Bernard Selly.
Deux chirurgiens pédiatriques sont présents dans le service. "Pour pouvoir faire l'intervention, on met en place ce qu'on appelle une circulation sanguine extracorporelle. C'est une machine qui prend le sang à l'entrée du cœur, et qui le restitue à la sortie, c'est-à-dire l'aorte. Cela permet d'oxygéner le patient et faire circuler le sang comme il le ferait normalement", détaille Gilbert Dubois, l'un des chirurgiens du service.
"Après cela, le chirurgien arrête le cœur avec un produit qui arrête la contractilité tout au donnant de l'énergie au muscle pour qu'il reste vivant et en bon état pour le temps de la procédure", décrit-il. "Une fois que tout est fait, on remet le cœur dans la circulation. Dès que les coronaires sont alimentées par le sang, le cœur repart, et après vérification que tout est stable on peut refermer". Ecoutez l'explication complète de la procédure :
C'est ensuite au tour de l'équipe de réanimation de prendre le relais, sous l'autorité de la cheffe du service réanimation/soins intensifs cardiaques congénitales, Yaël Levy. "On accueille les patients en post-opératoire pour suppléer tous les organes qui en ont besoin, notamment cardiaque", souligne-t-elle. "Le cœur est fatigué, il faut s'assurer de son bon fonctionnement", dit-elle.
Dès quatre jours après l'opération, les enfants n'ont généralement plus besoin des équipements médiaux. "En général, le séjour hospitalier dure entre sept et dix jours, et ils sont transformés, ils ont le temps de cicatriser", sourit le Dr Gilbert Dubois.
Un suivi hebdomadaire se met en place le premier mois, où les complications sont les plus fréquentes.
Si le plus difficile est enfin passé, l'enfant restera suivi à vie pour s'assurer que son cœur continue d'être en bonne santé. Il peut arriver au cœur d'une vie qu'une autre intervention soit nécessaire, par exemple. "Rarement pour une chirurgie, mais parfois pour une opération de cathétérisassions pour compléter la chirurgie", explique le chirurgien.
- Formation et recherches -
Après dix ans d'activité, le CHU de La Réunion a acquis assez de connaissances pour désormais former à son tour. Une équipe complète venue de Madagascar est venue se former.
"La formation complète d'un chirurgien dure dix ans, voire cinq ans", rappelle le Dr Gilbert Dubois. "Pour un jeune chirurgien en formation, il suit le patient, et aide au bloc opératoire, jusqu'à ce que le chirurgien en chef estime qu'il est prêt à débuter. Cela se fait graduellement, jusqu'à ce qu'il soit capable de faire une intervention complète", détaille-t-il.
Des réunions en visioconférence se tiennent aussi toutes les semaines avec l'équipe malgache, pour les accompagner lors d'écographies cardiaques et aider au diagnostic et aux recommandations.
Au-delà de la prise en charge de patients, le CHU s'investit dans la recherche. "On a plusieurs études en cours dans le service, l'objectif étant de participer aux connaissances autour des cardiopathies et de la prise en charge enfants, en réalisant des recherches ici mais aussi d'autres centres", explique Yaël Levy.
Avec l'objectif d'améliorer, toujours, la prise en charge de la malformation congénitale la plus fréquente en France.
as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com


















C’est du boulot bravo aux médecins et à toute l’équipe
Bravo, service indispensable et très beau boulot effectué. Par ailleurs, tous les services cardiaques de Belle Pierre sont au top.
Bravo aux collègues qui font un super boulot