Le 8 novembre 1811, aux côtés d’Élie, Gilles et Prudent, prés de 200 esclaves se soulèvent à Saint-Leu. Une rébellion longuement réfléchie, et organisée lors des corvées d’eau au bord du bassin Missouk. Dans le creux de la Ravine du Trou, située entre Piton Saint-Leu et les Avirons, la révolution se prépare. À l’heure du soulèvement, Élie, ses frères et leurs camarades marchent vers les habitations, lieux ou se trouvent les propriétés de leur maître et les plantations. Sur leur passage, ils libèrent de leur geôles les esclaves enfermés pour maronnage. Alors que le vacarme de la révolte résonne sur la mi-hauteur de Saint-Leu, la peur change de camp. Hommage à Élie et ses frères de révolte contre l'ignominie (Photo : rb/www.imazpress.com)
Célestin Hibon est le propriétaire de l’habitation où vit Élie. Ce dernier, forgeron de métier, est le principal chef de l’insurrection des esclaves de Saint-Leu.
En 1811, Saint-Leu est une petite bourgade qui compte 5.050 esclaves. L’historien Sudel Fuma écrit : "entre 1788 et 1805, le nombre d’esclaves à Saint-Leu est dix fois plus élevé que celui des gens de condition libre".
"Sur la propriété de Célestin Hibon, les esclaves créoles sont majoritaires et connaissent le fonctionnement de la société coloniale." Ce sont eux qui prennent la tête de la révolte.
- Installer la terreur pour contrôler les esclaves -
L'insurrection maîtrisée, les esclaves seront jugés le 15 février 1812 sur la place publique à la Cathédrale de Saint-Denis.
Élie parti marron, se rend. 30 condamnations à mort sont prononcées. Ils seront décapités, et leurs têtes suspendues à la vue de tous à Saint-Paul, Saint-Pierre, à Saint-Benoît, Saint-Denis et Saint-Leu.
Sur le parvis de la mairie de Saint-Leu, un coin d’ombre abrite des visages creusés dans la pierre. Un hommage éternel dans la roche, aux esclaves qui, en 1811 menèrent une révolte historique qui fût violemment réprimée. La stèle commémorative a été réalisée par Richard Vildeman et inaugurée en 2011.
Les hommages à Élie et aux révoltés de novembre 1811 à Saint-Leu commencent à la fin des années 80 sur un chantier d’insertion avec des Saint-Leusiens âgés de 18 à 25 ans.
Embauchés par la ville, ils sont une trentaine et se mettent au théâtre avec Elsa Joson, metteur en scène.
Tous, produiront une pièce de théâtre dans le cadre des 200 ans d’histoire de la ville de Saint-Leu, le 19 décembre 1990.
Dans "La révolte des esclaves de Saint-Leu" ils abordent l’arrivée des Anglais, la traite négrière et la révolte, de novembre 1811.
- Une commémoration qui commence en 1990 -
Sandro Blancard raconte : "ce qui m’a marqué vraiment, j’ai joué le rôle d’un esclave vendu sur la place de la mairie. C’était un moment fort, on s’amusait entre nous pendant les répétitions, mais au final, les sujets étaient durs et m’ont beaucoup touché’. À 17 ans à l’époque, j’ai découvert l’histoire de ma ville."
Bily Johny a 18 ans en 1990 : "Elsa Joson avait ouvert une compagnie de théâtre. Nous, on a postulé pour un travail, on nous a proposé ce chantier d’insertion. Ce chantier, ça a été mes débuts dans le monde artistique, ça m’a permis de voyager, de découvrir d’autres horizons. Ça a été enrichissant pour moi, je n’ai jamais arrêté, j’en ai fait mon métier."
Au sujet de la révolte de 1811, Bily raconte : "j'ai appris l’histoire de la révolte sur le chantier d’insertion. Mais mon tonton, me disait qu’il avait vu des croix là sous les filaos, où il y a le parc du 20 décembre aujourd’hui. Selon lui, les esclaves pendus sur la place, étaient enterrés ici même."
Élisa Palas fait ses débuts dans le théâtre à cette période, elle se souvient : "on a fait une pièce en trois parties. Une partie devant la mairie de Saint-Leu ou des paillotes étaient installées, certains jouaient des saynètes de vie quotidienne d’esclaves, d’autres le débarquement des Anglais dans le port de Saint-Leu, et la révolte menée par Élie."
Élisa se remémore : "avant l’aboutissement qu’est la pièce de théâtre, nous avions fait des recherches dans les archives, notamment à la bibliothèque du musée de Stella. Quand j’ai découvert cette histoire, j’étais en colère, très en colère."
Comment peut-on arriver à un tel degré d’atrocités, se demande-t-elle . "Je venais des hauts de Saint-Leu, dans mon village, on n'avait jamais entendu parler de tout ça."
Elisa, Bily et Sandro se rappellent d’une représentation grandiose et d’un processus de recherche et de création qui les a profondément marqués.
En 1990, leur spectacle se conclut sur un maloya pléré en créole. Écrit par Élisa Palas, le chant de lamentation supplie : " nou lé pa zanimo, nout koulér la po lé pa in défo. Ravin di trou, ravin di trou, racont amwin zistwar, zistwar gran pér, gran mér, lété masacré po gayin zot libérté. "
- Komité Élie -
En 1999, le Komité Élie est créé sous l’impulsion d’Yvrin Rosalie, Saint-Leusien lui aussi.
C’est cette association qui reprend le flambeau des commémorations de la révolte de novembre 1811. Depuis, chaque année est marquée par une série d’événements : randonnée historique sur les traces des ancêtres esclaves, kabar, ainsi que des ron kozé.
L'édition 2025 des commémorations, est marquée par un hommage à Baguette, personnage emblématique du monde culturel Saint-Leusien.
Au programme : Éric Izana revient avec une pièce de théâtre "piè dbwa santér" à 17 h à Saint-Leu.
Suivi d’une projection du film "Élie et les forges de la liberté" dans l’auditorium de la ville à 18 h ce samedi 8 novembre 2025.
Le fondateur du Komité Élie explique qu’il est important de commémorer la mémoire et le courage de ces ancêtres esclavisés : "Élie et ses frères savaient qu’avec cette révolte, la mort les attendait. Ils prennent deux fusils et un drapeau bleu et blanc d’un bateau qui avait échoué entre Saint-Leu et Étang-Salé. La révolte se lève, ils tuent Célestin Hibon."
Le 8 novembre 1811 Figaro dénonce ses camarades. Le jour même, les maîtres tirent et tuent une vingtaine de personnes.
À Saint-Leu, chacun rend hommage à Élie et ses frères à sa façon : un verre d’eau, une bougie allumée, un kabar la parol. Dans la sincérité d’une commémoration qui a commencé il y a 35 ans, chaque habitant de la ville devient militant.
ee/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

214 ans après les esclaves salariés, dans leurs combats contre leurs exploiteurs, trouvent toujours des Figaro dans leurs pattes !
Mais le combat continue et il aboutira un jour !
"la mémoire est une cire fluide qui ne devrait jamais durcir" (M. Jousse)
le Komité Élie et d'autres association continuent ce travail pour le présent et le futur de La Réunion
Alors il faut faire vite!
Je vous invite à lire ma réponse di d'aventure elle était publiée !
Marre de ce genre d'article rédigé pour les pages du site. Les faits sont justes mais ressasser tout le temps c'est très a gauche
Non ce n'est pas à gauche, madame, lorsque l'on voit l'état de notre île aujourd'hui (bitumée et bétonnée de partout) on se dit qu'il est peut-être temps de faire une nouvelle révolution ! La terre conquise par nos ancêtres dans le sang et dans les larmes est livrée depuis un moment déjà à tous les prédateurs, descendants d'esclavagistes.
Comment oublier les véritables bétaillères dans lesquelles on a embarqué de force de jeunes Réunionnais sous prétexte de surpeuplement, bizarrement plus grand monde n'en parle. Il faudrait que les politiciens se réveillent poussés par le petit peuple afin de freiner cette immigration massive qui ne fait que contribuer un peu plus chaque jour au dérèglement climatique. L'île n'est pas d'un seul coup devenue extensible que je sache et les histoires d'exodes forcées massives via la Creuse et le Bumidom ne ressemblent elles pas à une forme d'esclavagisme ??? Et ce n'est pas si loin!
Le pire dans toute cette histoire, c'est que ce sont les Réunionnais qui s'écrasent entre eux et mettent toutes les goyaves de France en l'air.
Saviez-vous que les terrains sont achetés par un maximum de personnes venant de l'hexagone à grand coup de defiscalisation ! Comment voulez vous oublier lorsque vous êtes descendante d'esclaves ???
Merci pour ce rappel historique et ce très bel article !