300 Réunionnais en attente de greffe

Le CHU va accueillir un nouveau dispositif de prélèvements d’organes

  • Publié le 3 novembre 2022 à 10:00
  • Actualisé le 3 novembre 2022 à 11:10
coronavirus chu bellepierre

Le CHU de la Réunion disposera prochainement d'un nouveau protocole de prélèvements d’organes sur donneurs décédés. La mise en place de ce dispositif, qui concerne les donneurs en arrêt de traitement en réanimation, appelés « donneurs Maastricht III », a été évalué par une visite de l'Agence de la biomédecine cette semaine à La Réunion, et aboutira très prochainement à la signature d'une convention avec le CHU de La Réunion engageant les deux parties à respecter les termes très stricts du protocole et permettant le démarrage de cette activité. Nous publions ci-dessous leur communiqué.

Les donneurs décédés après arrêt circulatoire font l'objet d'une classification  décidée lors d'une conférence internationale à Maastricht en 1995. Le  prélèvement d'organes dit Maastricht III est autorisé en France depuis 2014, sur  des patients hospitalisés en réanimation et dont les lésions, gravissimes,  conduisent les équipes, en accord avec les proches, à un arrêt des traitements  devenus inutiles. La procédure Maastricht III découle de la loi Leonetti de 2005,  ayant introduit la notion de limitation et d’arrêt des thérapeutiques. Elle est en  outre facilitée par la loi Claeys-Leonetti de 2016, qui instaure un droit à la  sédation profonde et continue, tout en mettant l’accent sur les directives  anticipées.

- Maastricht III, un dispositif permettant d’augmenter de 15 à 20% l’accès à la  greffe pour la population de La Réunion -

A la Réunion, les dons d'organes ont lieu sur des donneurs à « cœur battant » ou en état de mort encéphalique. Le protocole Maastricht III a donc pour  ambition d'accroître le nombre de greffons disponibles alors que la barre  symbolique des 1000 greffes de reins a été dépassée à La Réunion. 

Les prélèvements de type Maastricht III nécessitent un savoir-faire de haute  technicité des équipes médicales, chirurgicales, soignantes, mais aussi  psychologiques, gérant le processus du prélèvement à la greffe, pour que  cette nouvelle activité se développe de manière pérenne au CHU de La  Réunion. 

- Près de 300 patients réunionnais en attente d’une greffe de rein à La Réunion, en moyenne plus jeunes qu’en métropole -

Ce n’est qu’après avoir acté la décision d’arrêter les traitements que l’équipe  médicale et la coordination consultent et informent les proches du patient  quant à l’éventualité du don d’organes. Le respect de cette chronologie est  absolument nécessaire pour éviter toute interférence entre la décision d’arrêt  des traitements et la question du don d’organes, dans le respect d’un cadre  éthique exigeant. 

Lorsque la non-opposition du défunt au don d’organes est recueillie auprès des  proches et vérifiée par consultation du registre national des refus, des examens  complémentaires sont réalisés pour déterminer la sécurité sanitaire des  greffons, avant le démarrage du processus de prélèvement puis de greffe. 

- Des procédures sensibles dans le cadre du don d’organe toujours anonyme et gratuit -

Le respect de l’anonymat entre donneur et receveur est un principe  fondamental inviolable en France. Les proches d’un donneur ne doivent en  aucun cas pouvoir identifier le ou les receveurs ; de même, il doit être  impossible aux bénéficiaires du don de pouvoir connaître l’identité d’un  donneur ou de ses proches. Cet aspect est d'autant plus important et sensible  sur un territoire insulaire comme La Réunion. La règle du consentement  présumé, la gratuité du don, l’équité dans la proposition des greffons sont les  autres principes fondamentaux de ce protocole. 

Pour accompagner le déploiement de ce nouveau dispositif au CHU de La Réunion, des représentants de l'Agence Nationale de la Biomédecine ont  passé plusieurs semaines sur l’île afin de proposer des moments d'échange et  de formation au personnel hospitalier du CHU de La Réunion. En appui de l’Agence de la biomédecine, l’équipe de la coordination hospitalière des  prélèvements d’organes et de tissus du Centre Hospitalier Annecy Genevois,  pionnière en France sur le sujet, a également fait le déplacement sur l’île afin  de former leurs homologues réunionnais du CHU de La Réunion. 

Le point d’orgue de cette visite, une conférence ouverte à l’ensemble du  personnel hospitalier du CHU de La Réunion a été organisée au sein de  l’amphithéâtre de l’IFSI Sud le mercredi 2 novembre dernier. 

Avec une totale conformité aux procédures et aux prérequis réglementaires  relatifs à ce type de démarche et une excellence du dossier souligné par les  experts de l’ABM, toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour qu’une  première greffe dite Maastricht III ait lieu dans les toutes prochaines semaines  au CHU de La Réunion, faisant du CHU de La Réunion le 1er CHU d’Outre-Mer à se lancer dans cette pratique.

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