"Crosses en l'air", le deuxième roman de l''écrivain réunionnais, Dominique Maraval de Bonnery, propose au lecteur de suivre le parcours de deux jeunes hommes pendant la première guerre mondiale. Issus d'une rencontre improbable, l'un est fils de châtelain, l'autre anarchiste, leur amitié se forge dans l'enfer des tranchées de la Grande guerre dans laquelle les deux garçons se sont engager pour défendre leur pays. Au cours de pérégrinations, le duo va faire une autre rencontre improbable avec un soldat Réunionnais égaré en pleins milieu de l'Auvergne en Allier. l'ouvrage dresse le portrait de toute une époque, marquée par des faits historiques, à la croisée de deux cultures totalement différentes. (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)
Si l'histoire de la première guerre mondiale n'a plus aucun secret pour vous, vous serez curieux de découvrir le nouveau roman, "Crosses en l'air", de Dominique Maraval de Bonnery. Ce réunionnais de coeur depuis plus de 25 ans, cet ancien journaliste, originaire de l'Allier, vient donc de publier son tout premier roman historique, après la sortie de son ouvrage autobiographique "Tumeur changeante", en 2018. Pour lui, cet ouvrage est une façon de se prouver à lui-même "qu'il est capable d'écrire autre chose que de l'autobiographie".
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De 1905 à 1917
1905. L'histoire débute dans un village bourbonnais, en Allier, autour d'une "amitié improbable entre deux adolescents issus de milieux diamétralement opposés." Ce qui les uni c'est essentiellement leur destin. Un destin que le lecteur va suivre tout au long de sa lecture, plongé au coeur de la Première Guerre mondiale.
Les deux garçons vont devancer l'appel pour s'engager au moment de la mobilisation en août 1914. "Comme beaucoup, ils sont persuadés qu'ils seront rentrés chez eux, auprès de leur famille pour Noël, mais ils vont vite déchanter lorsqu'ils vont découvrir l'absurdité de cette guerre", confie l'auteur. Les deux garçons vont en effet très vite subir l'horreur des tranchées, les rats, les poux, la mal-bouffe qui arrivait systématiquement en retard, et très souvent périmée.
Cette idée m'est venu lors d'une exposition sur les poilus dans mon village. C'est une lettre poignante d'un soldat allemand qui a inspiré mon récit. Dans cette lettre, il dit adieu à toute sa famille, juste avant un assaut où il est certain de mourir.
Dominique Maraval de Bonnery, auteur de l'ouvrage Crosse en l'air
Dans leur malheur, les deux jeunes hommes font la connaissance d'un soldat Réunionnais. "Bien sûr, personne ne connaissait La Réunion à cette époque. Les autres soldats apprennent purtant très vite à le connaître et à découvrir une nouvelle culture". N'ayant pas de famille à proximité pour lui envoyer de la nourriture, le miliaire réunionnais va bénéficier de l'aide des "marraines". "Des femmes qui remplaçaient les familles des soldats pour leur envoyer de la nourriture, mais aussi pour leur donner de l'affection", raconte Dominique Maraval de Bonnery.
Tous se battent pour leur survie. Et puis arrive le ras le bol final qui se manifeste au travers des grandes mutineries de 1917", précise l'auteur. Humiliés par la défaite dans la bataille du Chemin des Dames où plus de 200.000 militaires français ont été tués, blessés ou portés disparues, et épuisés par leurs conditions de vie dans les tranchées, des soldats se révoltent contre les états-majors. Les trois amis font partie des mutins. Chacun d'entre-eux connaîtra un sort différent.
La mutinerie sera matée dans le sang. Au total, 600 condamnations à mort sont prononcées. 44 soldats sont fusillés pour l'exemple. "Ils savaient qu'ils allaient mourir, mais ils ne savaient pas quand, ni le lieu. Lorsqu'ils étaient jugés c'était très expéditif, le procès durait 10 minutes, juste le temps que l'avocat donne son avis, et c'était fini", relate Dominique Maraval de Bonnery. Les mutins qui ne sont pas fusillés sont envoyés dans les bagnes, notamment à Cayenne, en Guyane, mais aussi en Nouvelle Calédonie et en France métropolitaine.
Ces mutins n'ont jamais été réhabilités par l'Etat Français. "Un siècle plus tard, le nom de ces soldats ne figure en effet toujours pas sur les monuments aux morts", remarque l'auteur de Crosses en l'air.
Pour l'écriture de son roman, Dominique Maraval de Bonnery a procédé à plus de huit mois de recherche. "Tous les faits historiques sont vrais, mes personnages sont inventés, mais ils voyagent bel et bien au travers d'une époque historique réelle." Le texte final a ainsi été relu et corrigé par un l'historien Etienne Jacquet.
Dominique Maraval de Bonnery, ed.Orphie, 18 euros, paru le 2 juin 2022
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