Ça bulle dans les jardins de la préfecture de Saint-Denis. Depuis jeudi 30 novembre et jusqu'à dimanche 3 décembre 2023 – se tient le Cyclone BD, un festival dédié à la bande dessinée. Et si l'on apprécie les bulles, ce n'est pas celles à boire… quoique, cet événement est l'occasion pour ceux qui ont soif de lecture – passionnés comme occasionnels, de buller à l'ombre d'un arbre, en s'enivrant des histoires relatées par ces auteurs et illustrateurs. Nous les avons rencontrés… (Photos : rb/www.imazpress.com)
Les premiers du genre à La Réunion, deux mangakas. D'un côté Fenix et son manga intitulé "Geko" et de l'autre Staark, père de "Redskin". Deux hommes, deux passionnés venus de l'Est de l'île.
"Geko", c'est "l'histoire d'un jeune homme qui se fait enlever et se fait transformer en gecko pour lutter contre les légendes urbaines locales", raconte son auteur.
L'idée de ce manga "est venue d'une blague" lorsqu'il se trouvait dans son ancienne association. "On s'est demandé ce que donnerait un shōnen (ndlr - bande dessinée pour jeune garçon)", précise-t-il.
De là est sortie l'idée de Geko, "un petit lézard en savate qui se balade pour combattre des légendes juste par sa force".
Pour le mangaka, "le manga est un format attractif et cet événement est une bonne chose pour le mettre en avant", souligne Fenix.
De l'autre Staark, l'un des premiers mangakas à La Réunion et auteur de Redskin. "Je travaillais sur un manga et je voulais pousser le délire plus loin et proposer un autre manga."
"J'ai donc commencé à réfléchir au scénario en regardant l'arche de Noé et c'est là que m'est venue l'idée d'une personne qui viendrait en aide aux animaux", dit-il.
Mais, à l'inverse d'un héro "shonen", "je voulais quelqu'un de détestable et antipathique", ajoute Staark.
L'histoire racontée est celle d'Akato, un jeune homme venu parcourir le monde pour venir en aide aux animaux et faire la lumière sur son peuple disparu.
Pour Yvan Soudy (alias Staark), "le manga est la première porte d'entrée sur la lecture en France. Plus de 70% des livres achetés par les jeunes sont des mangas".
- L'histoire de La Réunion racontée en images -
À La Réunion, s'il existe des mangakas, d'autres illustrent des bandes dessinées. C'est d'ailleurs le cas de David D'Eurveilher, né à Saint-Benoît.
Par ces dessins, et ses collaborations avec des auteurs comme l'historien Gilles Gauvin, David D'Eurveilher rend l'histoire de La Réunion accessible au plus grand nombre.
"À travers ces ouvrages on peut faire découvrir l'histoire de La Réunion. L'ouvrage "L'autre côté la mer", parle de la grande histoire à travers la petite histoire avec une approche plus intimiste comme ça le lecteur peut s'identifier au personnage et à la famille", souligne l'illustrateur.
Ce livre raconte l'histoire lorsqu'un soldat par au front lors de la Première Guerre mondiale. "Outre les dates et les chiffres, cette histoire concerne directement la famille avec les émotions du personnage", confie David D'Eurveilher.
Pour donner vie à ses personnages, David D'Eurveilher s'inspire "de la réalité et pour la partie fictive je m'inspire de ma famille ou lors dans les scènes du quotidien". "Mon imaginaire peut ressurgir dans ma BD."
Autre ouvrage sur lequel le Bénédictin a travaillé, "5 Réunionnais, cinq destins". Cela raconte l'histoire de cinq femmes Réunionnaises qui ont marqué l'histoire.
"Il y a Anne Mousse, première fille née à La Réunion et on va terminer avec Marie-Aline Wuathion, première institutrice non européenne."
- Auteurs de France et d'ailleurs à l'honneur -
À côté des mangas, des bandes dessinées.
Dans sa main, son carnet de dessins sur lequel il fait quelques esquisses, il donne vie à son imaginaire, à ce qu'il voit devant lui… cette fois, c'est nous qu'il voyait...

En face de lui plusieurs ouvrages. Dwa est originaire de Madagascar. Cela fait 18 ans qui vient au festival Cyclone BD.
"Je pense que le dessin ou le fait de voir des formes se dessiner attire tout le monde."
"La magie qui est dans un dessin c'est intéressant pour nous et c'est réconfortant de voir les jeunes feuilleter les bouquins", précise Dwa.
Laval vient lui de Maurice. Il est l'illustrateur de Paul et Virginie et aussi Furioso.
"Quand j'étais plus jeune je lisais beaucoup de BD et c'est là que je me suis rendu compte que moi aussi je voulais faire des histoires, créer mes personnages."
Il le dit, "souvent le personnage nous ressemble, il nous parle, on ressent une vraie connexion", souligne Laval.
Ce qu'il apprécie à La Réunion, "c'est que les gens sont toujours enthousiastes". "Il y a l'idée d'émerveillement car des fois on prend les BD et les gens n'ont pas idée de la personne qui est derrière tout ça".
Éric Hérenguel est auteur de bandes dessinées. La première fois qu'il est venu à La Réunion, c'était en 2015 pour le Cyclone BD. Selon lui, "il n'y a pas suffisamment de vitrine en métropole pour découvrir les auteurs de La Réunion et de l'Océan indien".
Pour Éric, "dans les Salons on se rend compte que la BD touche un public dont la moyenne d'âge est au-dessus de 40 ans, et les mangas touchent les plus jeunes".
- La Réunion, véritable inspiration artistique -
Le livre à La Réunion a une place particulière. "Ici, il y a un réseau particulièrement actif d'auteurs, illustrateurs, libraires, éditeurs" a déclaré la ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, présente à La Réunion pour inaugurer ce festival.
Selon la membre du gouvernement, "la lecture doit rester au cœur de nos priorités, car c'est le premier accès à la culture".
"La lecture c’est un moment à soi, dans lequel on s’épanouit individuellement. Chaque jour, il faut trouver un peu de temps pour la lecture. Sinon, on ne peut pas vivre", affirme Rima Abdul Malak, ministre de la Culture.
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