[PHOTOS - VIDEO] FiliĂšre canne

De la canne au sucre... visite au coeur de l'usine de Bois-Rouge

  • PubliĂ© le 2 aoĂ»t 2022 Ă  06:40
canne Ă  sucre

AprÚs des discussions houleuses sur la convention canne 2022-2027, la campagne sucriÚre a enfin pu démarrer le lundi 25 juillet 2022. Une saison qui a tout d'abord débuté à l'usine sucriÚre de Bois-Rouge à Saint-André, avant de se poursuivre à l'usine du Gol de Saint-Louis. Chaque année, ces deux usines réceptionnent les cannes à sucre des quelque 2.700 planteurs de l'ßle, pour en extraire le jus, et ainsi, fabriquer du sucre péi. Du sucre, en grande majorité exporté vers la métropole et l'international. Pour vous expliquer tout ce processus de fabrication, nous avons pu pénétrer dans les entrailles de l'usine de Bois-Rouge. (Photo : rb/www.ipreunion.com)

Tout commence par le dĂ©chargement. La canne fraĂźchement arrivĂ©e est pesĂ©e et Ă©chantillonnĂ©e par un centre technique indĂ©pendant. Marion Simonet, opĂ©ratrice, reçoit depuis six heures le matin le flux continu de tracteurs. "On procĂšde Ă  un Ă©chantillonnage en position haute", explique-t-elle. "Il s’agit lĂ  d’analyser le taux de richesse en sucre." Une fois l’échantillon prĂ©levĂ©, Marion le met sur sa balance. Le poids obtenu permet de dĂ©finir le prix d’achat de la canne.

Une fois cette Ă©tape passĂ©e, les tracteurs et leur chargement se dirigent vers le broyage. D’un cĂŽtĂ© sont dĂ©posĂ©es les cannes longues machines, de l’autre, les cannes dĂ©jĂ  dĂ©coupĂ©es. "La canne tronçonnĂ©e arrive directement dans la chaine de canne. On ne peut pas la stocker car sinon elle perd en richesse", nous explique Deva Pouniandy, technicien contrĂŽle non destructif (CND). Les cannes longues machines, quant Ă  elles passent au fur et Ă  mesure.

Une fois arrivĂ©es, toutes ces cannes passent dans ce qu’on appelle le schreiber. "Cet appareil va permettre le dĂ©fibrage de la canne. Des sĂ©ries de marteaux Ă  l’intĂ©rieur vont permettre d’exploser la canne Ă  sucre pour ensuite obtenir une fibre riche en jus", explique Deva Pouniandy. C’est aprĂšs cette Ă©tape, que l’usine Bois-Rouge va procĂ©der Ă  l’extraction du jus Ă  l’intĂ©rieur de la canne.

- Les cannes broyées donnent leur premier jus -

Suite au dĂ©fibrage des cannes, les machines de l’usine de l’Est de l’üle passent Ă  l’étape de la premiĂšre extraction du jus. "Cela consiste Ă  extraire un premier jus en passant par un systĂšme de prĂ©-extracteur oĂč deux cylindres de rĂ©pression vont faire le premier jus", nous explique le technicien contrĂŽle non destructif. Suite Ă  cela, l’on obtient un jus brut, tandis que la canne dĂ©fibrĂ©e poursuit son chemin dans le long parcours des machines de Bois-Rouge. La canne passe ensuite dans un diffuseur oĂč elle est arrosĂ©e Ă  une tempĂ©rature de 95 degrĂ©s. "Par percolation, l’eau s’enrichit en saccharose".

AprĂšs la diffusion, la matiĂšre fibreuse appelĂ©e mĂ©gasse est transfĂ©rĂ©e vers deux moulins. On obtient alors la bagasse. Un produit qui part directement vers la centrale thermique voisine pour produire de l’électricitĂ©. "En Ă©change, la centrale thermique nous fournit de la vapeur, nĂ©cessaire au fonctionnement de l’usine", explique Nacima Akoone, chargĂ©e de communication Ă  Bois-Rouge.

- AprÚs évaporation, le jus laisse place au sirop la cuite -

Le jus brut est ensuite rĂ©chauffĂ© Ă  105 degrĂ©s. On lui ajoute de la chaux afin de contrĂŽler l‘aciditĂ©. La dĂ©cantation, aidĂ©e par l’adjonction de floculant, permet d’obtenir un jus clair et enlever toutes les impuretĂ©s. Les rĂ©sidus des dĂ©cantations aprĂšs filtration, les Ă©cumes, riches en phosphates, sont quant Ă  eux restituĂ©s aux planteurs qui les utilisent comme engrais.

"Une fois le jus rĂ©cupĂ©rĂ©, on va fabriquer un sirop grĂące Ă  des caisses d’évaporation", explique Deva Pouniandy. C’est aprĂšs cela, que l’on dĂ©couvre un premier produit, trĂšs connu Ă  La RĂ©union, le "sirop la cuite".

"Suite Ă  l’obtention de ce sirop, on va le concentrer dans des appareils Ă  cuisson qui vont permettre la cristallisation", ajoute-t-il. "AprĂšs, Ă  l’intĂ©rieur, on va injecter de la semence. Une semence qui va servir Ă  former des cristaux de sucre, va se concentrer, va cuire", prĂ©cise l’employĂ© de Bois-Rouge. Prochaine Ă©tape, le malaxeur. "Il va refroidir la masse cuite" et permettre au sucre contenu dans la liqueur mĂšre de continuer Ă  se dĂ©poser sur les cristaux pour favoriser leur grossissement.

Étape suivante, la centrifugation. "Elle vise Ă  sĂ©parer la liqueur mĂšre des cristaux de sucre", explique Deva Pouniandy. AprĂšs les trois cycles, cuisson, malaxage et centrifugation, on obtient la liqueur appelĂ©e mĂ©lasse, appauvrie en saccharose. Elle est ensuite transfĂ©rĂ©e Ă  la distillerie pour la fabrication des rhums et alcools, Ă  partir du glucose.

Bryan Grondin est opérateur de cristallisation. Il est chargé de vérifier le bon fonctionnement des machines. "Ici, on vérifie la bonne valeur des vapeurs, le vide, et si on a toutes les énergies nécessaires pour le bon fonctionnement de nos cuites", explique-t-il.

En plus de la salle de contrĂŽle, tout est vĂ©rifiĂ© par le laboratoire de l’usine. "On va travailler en partenariat avec la production pour cibler les dysfonctionnements ou dire si on rĂ©cupĂšre un maximum de sucre Ă  chaque Ă©tape du process", explique Lynda Lucilly, responsable du laboratoire. Elle ajoute, " lĂ  on est au dĂ©marrage de la campagne et les analyses dĂ©butent progressivement. Aujourd’hui on est sur une partie extraction donc on analyse les jus pour valider le taux de saccharose dans la canne ".

- Du sucre préservé à l'abri des rergards -

AprĂšs tout un parcours semĂ© d’étapes, le sucre se dĂ©voile (enfin presque). "Le sucre qui reste est humide, dont il va passer dans le sĂ©cheur", explique Deva Pouniandy. "C’est lĂ  qu’on va avoir un sucre avec une coloration trĂšs belle et bien sec pour ensuite ĂȘtre stockĂ©", dit-il.

DerniĂšre Ă©tape avant de quitter Bois-Rouge, les camions des silos du Port viennent prĂ©lever le sucre qui sera par la suite transformĂ© au bon dĂ©sir des clients. Malheureusement pour nous, nous n’avons pas pu voir cet or de l’usine pour deux raisons. La premiĂšre, la plus importante, le contrĂŽle qualitĂ©. "On ne peut pas y accĂ©der car nous sommes soumis Ă  des normes en agroalimentaire", prĂ©cise le technicien. "Si un corps Ă©tranger venait Ă  se glisser, tout le chargement serait perdu". DerniĂšre raison, Ă  l’heure oĂč nous y Ă©tions, le sucre n’était pas encore produit. Car il faut douze heures aprĂšs la cuisson pour obtenir le sucre tel qu’on le connaĂźt.

L’usine de Bois-Rouge, rĂ©ceptionne Ă  elle seule, les cannes des planteurs situĂ©s de Saint-Paul Ă  Sainte-Rose. Chaque annĂ©e, et durant la campagne sucriĂšre, l’usine a la capacitĂ© de recevoir plus d’un million de tonnes de canne pour une production dĂ©passant les 100.000 tonnes de sucre par an.

L’usine tourne Ă  plein rĂ©gime durant six mois (de juin Ă  dĂ©cembre). Parmi les 200 employĂ©s et 80 saisonniers, certains travaillent la nuit, d’autres le jour. "L’usine ne ferme que le dimanche Ă  2 heures et reprend le lundi Ă  6 heures", nous explique Nacima Akoone. MĂ©canicien, laborantin, Ă©lectricien, chaudronnier
 tous travaillent ensemble pour crĂ©er les dĂ©licieux sucres qui accompagnent, pourquoi pas, votre cafĂ© ou votre thĂ© du matin.

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ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Le ti coupeur
Le ti coupeur
3 ans

C'est trĂšs bien tout sa , surtout n'oubliez pas les planteurs de canne ,sans qui tout ce processus n'existerait,pas de planteurs= pas d'usine et pas de Sucre.