Dans un communiqué, les représentants du personnels du Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre (CTICS) ont indiqué qu'une journée de débrayage aurait lieu ce mardi 25 octobre 2022 sur les différents sites de réception de la canne à sucre. Ils entendent protester contre “contre les pressions incessantes et les injures” qui seraient proférés à leur encontre par “certains planteurs“. En raison du mouvement de débrayage, il n'y a pas eu de réception des cannes à sucre. En revanche, une réunion de travail s'est tenue entre les représentants du personnel et les vices-présidents du CTICS et de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF) (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)
D'après les représentants du CTICS, cette journée de débrayage a permis au personnel du centre technique de la canne et du sucre "d'avoir des garanties sur le climat salarial en cette fin de campagne" ainsi qu' "une visibilité pour les emplois du centre". D'autres mesures ont également été prises lors de cette rencontre.
Les représentants du CTICS font savoir que "les sanctions prévues au protocole de campagne seront appliquées systématiquement en cas d'insulte et menace des planteurs envers le personnel du centre technique interprofessionnel". Ils ajoutent que "des pistes de travail ont été évoquées afin de permettre un dialogue au sein de l'interprofession et plus particulièrement au sein du conseil d'administration dans l'objectif d'améliorer et faciliter les débats entre les différentes parties". Enfin, la "pérennité" du CTICS a été évoquée "en rappelant le soutien du comité paritaire de la canne et du sucre qui, de part ses statuts, se doit d'assurer l'équilibre financier du centre technique".
Ce débrayage des salariés du CTICS est l’un des nouveaux épisodes de cette campagne sucrière 2022 qui a été marqué par de multiples incidents et notamment une campagne sucrière retardée.
-Un conflit sans fin-
En mai dernier, deux mois avant le début de la campagne sucrière, la convention 2022-2027 n’était toujours pas signée et les négociations avec les industriels même pas débutées. Dans un contexte où la richesse en sucre et le prix de la canne baissait, la Chambre d’agriculture avait tiré la sonnette d’alarme. Une enveloppe de 14 millions d’euros avait d’ailleurs été débloquée à destination des agriculteurs.
Le 31 mai 2022, une réunion a lieu au CTICS (Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre) situé à la Providence, entre planteurs et industriels. Malheureusement, une nouvelle fois, le comité paritaire de la canne et du sucre (CPCS) n’arrive pas à se mettre d’accord. Les industriels demandant des aides supplémentaires à l’État, alors qu’une enveloppe de 28 millions d’euros leur avait déjà été accordée. De là, s’installe un climat de tension entre planteurs et industriels, notamment Tereos. Le dialogue est au point mort. Chaque semaine une nouvelle réunion, mais chaque semaine aucune avancée dans les négociations.
Le 21 mai 2022, la mobilisation des planteurs, qui jusque-là assistaient aux réunions, prend un nouveau tournant. Ce jour-là, un mardi, plusieurs convois de tracteurs ont fait route vers le CTICS à Saint-Denis. Pour la première fois, Région et Département étaient présents lors de la réunion de négociation entre planteurs et industriels. Suite à cette mobilisation, les agriculteurs ont été reçus en préfecture le lendemain pour tenter de trouver une solution. leur sortie, l’intersyndicale s’était dite satisfaite de l’appui apporté par l’État. “L’État a joué son rôle mais Tereos ne fait aucun geste”, expliquait Frédéric Vienne, président de la Chambre d’agriculture. C’est ce jour qu’il est également décrété, que chaque réunion se déroulerait désormais en préfecture.
Le lundi 27 juin, le mouvement prend encore de l’ampleur. La vingtaine de tracteurs stationnés devant le CTIS descendent vers les jardins de la préfecture. Planteurs, État, Région, Département son tous d’accord sur un point, ” il faut qu’un accord soit trouvé “, disait Serge Hoareau, représentant du Conseil départemental.
Le jeudi 30 juin, alors que les discussions avec Albioma avancent et l’État, du côté de Tereos, les discussions sont au point mort. L’industriel n’étant d’ailleurs pas présent physiquement lors de cette réunion. Une absence que l’intersyndicale avait déclarée comme ” un manque de respect “. Et alors que les représentants étaient en réunion, plusieurs tracteurs avaient pris la route direction le Département afin de réclamer l’aide et le soutien des conseillers et du président, Cyrille Melchior.
Mardi 5 juin, journée cruciale pour les planteurs. Une nouvelle réunion se tient avec les planteurs, alors que la campagne aurait déjà dû commencer. Malheureusement, aucune avancée significative n’a été faite et la convention canne toujours pas signée.
Le vendredi 8 juillet, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et son ministre délégué sont à La Réunion. Une réunion a eu lieu entre les deux représentants de l’État, les industriels et les planteurs, mais la réunion tourne mal, toujours pas de négociations en vue. Le lendemain, c’est seulement avec un membre du cabinet du ministre Gérald Darmanin qu’ils s’entretiennent. Une énième journée marquée par un échec des négociations. Cependant, “grâce à un engagement des ministres, une solution a été proposée, permettant de garantir le maintien du prix de la tonne de canne de référence à 40,07 euros”.
Ce n'est que le mercredi 13 juillet, veille de fête nationale, qu’à 16h30, la convention canne 2022-2027 est signée, en présence des représentants syndicaux, des collectivités, des industriels mais également de Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer en visio.
Puis, en août dernier, suite à un conflit entre les salariés de l'usine sucrière de Bois-Rouge et Tereos, les planteurs n'ont pas pu livrer leurs cannes pendant huit jours. Impactés par ce mouvement social, ces derniers ont décidé d'aller livrer eux-mêmes leur chargement à l'usine du Gol à Saint-Louis.
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