Selon une étude de l'Insee

À La Réunion, un adulte sur six a des difficultés à l'écrit en français

  • Publié le 6 novembre 2024 à 12:09
  • Actualisé le 6 novembre 2024 à 16:53
écriture , apprentissage , écrire

Ce mercredi 6 novembre 2024, l'Insee a sorti une étude selon laquelle en 2022, un adulte sur six aurait des difficultés à l'écrit en français sur l'île. Ce qui représente 17 % des personnes âgées de 18 à 64 ans, soit 91.000 personnes. Une part qui est plus plus élevé que dans l'Hexagone mais moindre que dans les autres départements d'Outre-mer (Photo : sly/www.imazpress.com)

En 2022, à La Réunion, 17 % des personnes âgées de 18 à 64 ans rencontrent des difficultés à l’écrit en langue française, soit 91 000 personnes. Cette part est plus élevée que dans l’Hexagone (10 %), mais moindre que dans l’ensemble des départements d’outre-mer (24 %). Les difficultés en calcul concernent 24 % des adultes réunionnais de moins de 65 ans et se cumulent souvent avec le manque de maîtrise de l’écrit.

Sur l’île, les hommes sont plus en difficulté à l’écrit que les femmes. Le manque de maîtrise de l’écrit est plus important chez les plus âgés, car les compétences en français progressent au fil des générations grâce à une meilleure scolarisation et à l’élévation du niveau de diplôme des Réunionnais. Toutefois, les jeunes Réunionnais ont toujours davantage de difficultés dans la maîtrise du français que dans l’Hexagone, du fait notamment de la plus grande fréquence des scolarités courtes sur l’île. En effet, manque de maîtrise à l’écrit et sorties du système scolaire sans diplôme sont fortement liés et ont des causes communes. Parmi elles, l’environnement familial pendant l’enfance joue un rôle clé : les difficultés à l’écrit concernent bien plus souvent les personnes dont les parents n’ont pas de diplôme, particulièrement nombreuses à La Réunion.

L’absence de maîtrise de l’écrit impacte la vie quotidienne : elle freine l’accès à l’emploi des personnes concernées, limite l’utilisation d’Internet et réduit leur autonomie dans la vie quotidienne, notamment dans leurs démarches administratives.

Parmi les personnes en difficulté face à l’écrit à La Réunion, huit sur dix ont des difficultés fortes. Il s’agit des personnes qui rencontrent des difficultés fortes dans au moins un des trois domaines fondamentaux et ceux qui n’ont pas pu passer les épreuves à cause d’une maîtrise insuffisante de la lecture (5 % des 18-64 ans). Cette situation concerne 14 % des adultes de moins de 65 ans sur l’île, soit 73 000 personnes.

À La Réunion, les femmes ont moins de difficultés à l’écrit que les hommes : 15 % contre 19 %. Ce n’est pas le cas à l’échelle nationale, où les difficultés à l’écrit touchent autant les femmes que les hommes.

En 2022, 24 % de la population réunionnaise a des difficultés en calcul, soit deux fois plus que sur l’ensemble du territoire français. Ces difficultés se cumulent souvent avec celles à l’écrit : 71 % des habitants de l’île ayant des difficultés à l’écrit rencontrent aussi des problèmes en calcul. Comme dans l’Hexagone, les femmes sont plus touchées que les hommes par les difficultés en calcul : 27 % des Réunionnaises ont des lacunes en calcul contre 21 % des Réunionnais.

- Des difficultés à l’écrit moins marquées chez les jeunes - 

Les jeunes éprouvent moins de difficultés à l’écrit que leurs aînés. La part de personnes en difficulté face à l’écrit varie ainsi de 10 % des 18-24 ans à 26 % des 55-64 ans. Les difficultés sont particulièrement fortes après 45 ans : au total, 61 % des personnes en difficulté à l’écrit à La Réunion ont 45 ans ou plus. Ces différences générationnelles sont communes à l’ensemble du territoire français. Elles montrent, sur le long terme, une amélioration des compétences à l’écrit des Françaises et des Français, comme le confirment toutes les enquêtes menées depuis 2007 à La Réunion et en France. Cependant, les écarts entre générations dans les difficultés face à l’écrit sont plus marquées sur l’île, où le système scolaire s’est structuré plus tardivement que dans l’Hexagone. 

Même s’ils sont moins concernés que leurs aînés, les difficultés à l’écrit concernent encore une part notable des jeunes à La Réunion. Ils ont ainsi une moins bonne maîtrise de l’écrit que leurs homologues de l’Hexagone : 10 % des 18-24 ans ont des difficultés, contre 6 % dans l’Hexagone. Les tests de lecture réalisés lors de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC) corroborent ce constat. La différence avec la situation des jeunes de l’Hexagone s’explique notamment par des scolarités courtes plus fréquentes sur l’île et une part plus élevée de jeunes sortant du système scolaire sans diplôme.

- Les difficultés à l’écrit bien plus fréquentes parmi les personnes sans diplôme -

Les personnes sans diplôme à l’issue de leur scolarité sont les plus touchées par les difficultés à l’écrit. À La Réunion, 44 % des non-diplômés ont une faible maîtrise de l’écrit contre 7 % des diplômés.
 
Par ailleurs, chez les personnes ayant poursuivi leur scolarité et obtenu un diplôme, la présence de difficultés à l’écrit limite les perspectives d’études et réduit les chances d’obtenir une meilleure qualification. Ainsi, les difficultés à l’écrit diminuent avec le niveau de diplôme : elles concernent 12 % des titulaires d’un BEP ou d’un CAP, 7 % des bacheliers et sont marginales pour les diplômés du supérieur.
 
Au total, les trois quarts des personnes en difficulté à l’écrit n’ont pas de diplôme.

- L’environnement familial pendant l’enfance joue un rôle important -

Le diplôme des parents joue un rôle prédominant sur les compétences à l’écrit : alors que 25 % des habitants de l’île dont les parents n’ont pas de diplôme rencontrent des difficultés à l’écrit, c’est le cas de seulement 4 % de ceux dont au moins un parent est diplômé. Mais, à niveau équivalent de diplômes des parents, les difficultés sont très semblables entre La Réunion et l’Hexagone.
 
Les différences entre les deux territoires s’expliquent en partie par la structuration plus tardive de l’enseignement à La Réunion et par un plus faible niveau de diplôme des parents sur l’île. En effet, 61 % des Réunionnais en âge de travailler ont des parents non diplômés, contre 20 % seulement dans l’Hexagone.
 
Plus généralement, l’environnement familial pendant l’enfance influence fortement l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. C’est en particulier le cas des conditions de vie durant cette période de la vie, du patrimoine culturel auquel l’enfant a accès, de la place du livre, et de la culture de l’écrit ou de l’oralité. D’autres facteurs plus personnels interviennent également, comme des problèmes de santé graves, des événements vécus durant l’enfance (mort d’un proche, violences subies, notamment à l’école) ou un parcours scolaire marqué par les redoublements ou les changements d’établissement. 
 
Ainsi, les difficultés à l’écrit apparaissent au croisement de multiples facteurs sociaux, économiques, familiaux et personnels, qui interagissent entre eux et varient selon les personnes et leurs parcours. À La Réunion, dans un contexte linguistique particulier il est difficile de déterminer le rôle en soi de la langue maternelle sur les difficultés face à l’écrit en langue française.

- Les difficultés à l’écrit freinent l’utilisation d’Internet chez les plus âgés -

Le manque de maîtrise à l’écrit a un impact significatif sur les compétences numériques et l’accès à Internet. Parmi les Réunionnais de 18 à 64 ans, 30 % des personnes en difficulté à l’écrit n’ont jamais utilisé Internet, contre 4 % en l’absence de difficultés. Toutefois, cela ne constitue pas un obstacle pour tous : 42 % des personnes manquant de maîtrise à l’écrit utilisent Internet quotidiennement.
 
Ce paradoxe s’explique par une fracture générationnelle : les plus âgés sont davantage touchés par l’illectronisme, et de façon plus prononcée et plus précoce à La Réunion. Les jeunes adultes Réunionnais, qu’ils maîtrisent ou non l’écrit, utilisent presque tous Internet au moins une fois par semaine, comme dans l’Hexagone. En revanche, pour les plus âgés, les difficultés à l’écrit jouent un rôle significatif : entre 45 et 64 ans, 45 % des Réunionnais en difficulté à l’écrit n’ont jamais utilisé Internet, contre seulement 8 % des personnes sans difficulté.

 

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2 Commentaires
Babeuf
Babeuf
1 an

Pas d'apprentissage correct de la lecture, l'écriture ne peut être que mauvaise de même que les mathématiques où les lacunes en lecture impactent la compréhension d'un énoncé de problème!

Dom
Dom
1 an

Comment alors expliquer les taux de réussite au brevet et au bac ?