À l’occasion d’Octobre Rose, Imaz Press publie chaque samedi un article de son dossier consacré au cancer et aux parcours de soin à La Réunion. Pour clôturer cette série d'articles, nous avons rencontré Wilson Soudel, alias, Wilson Le Kwafèr. Depuis 4 ans, il récolte des mèches de cheveux pour l’association Fake Hair Don’t Care. Cette structure, créée en 2016 à Paris, transforme ces dons en perruques de qualité, personnalisables et à moindre coût pour les personnes atteintes de cancer. (Photos rb/www.imazpress.com)
Un coup de ciseaux peut changer une vie. Depuis le salon de coiffure Indriya à Sainte-Clotilde, où il exerce depuis 6 ans Wilson n’a plus la même approche qu’avant. "Pendant 20 ans, j’ai jeté des cheveux à la poubelle", confie le coiffeur. Mais depuis quatre ans, il envoie les mèches offertes par ses client.e.s à l’association Fake Hair Don’t Care.
"Le don de cheveux, c’est très simple : c'est ouvert à tout le monde, femmes, hommes, enfants. Il faut juste être prêt à donner au minimum dix centimètres de cheveux", explique Wilson. Les cheveux peuvent être colorés, défrisés ou méchés, à condition qu’ils soient en bon état. "Si la fibre est abîmée, je coupe un peu plus pour récupérer la longueur nécessaire", précise-t-il. Regardez.
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Une fois récoltées, les mèches prennent la direction de Paris. "J'attends d'avoir une certaine quantité. Là j'ai environ dix kilos qui vont bientôt partir", raconte le coiffeur. Puis les bénévoles de Fake Hair Don't Care trient les cheveux tous les deux à trois mois avant de les confier à des perruquiers.
Ces derniers confectionnent des perruques sur mesure, 100% naturelles et proposées à des tarifs bien plus accessibles que le marché classique. "Une prothèse capillaire naturelle peut coûter entre 1.500 et 3.000 euros. L'association fixe ses prix en fonction du quotien familial des clientes". Un prix qui n'atteint généralement pas les 1.000 euros.
- 112 mèches récoltées l'an dernier -
À La Réunion, l'initiative se propage. Aujourd'hui plusieurs salons se sont engagés dans ce partenariat avec Fake Hair Don't Care à Saint-Pierre, Saint-Leu, Saint-Paul et Sainte-Clotilde proposent désormais le don de cheveux. Lors d'événements comme la course Odysséa, des ateliers sont organisés pour sensibiliser le public et récolter un maximum de mèches. "L'an dernier, on en a eu 112 en deux jours et on espère en couper encore plus cette année", lance Wilson. Les 8 et 9 novembre prochain, ils seront plusieurs coiffeurs sur le site d'Odysséa à l'Étang-Salé pour récolter des mèches de cheveux. Écoutez.
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Pour les personnes en quête de solutions capillaires, il est aussi possible d’acheter des perruques directement à La Réunion. Plusieurs pharmacies se sont spécialisées dans l’accueil des patients, et font partie du Rézo Rose. La pharmacie Zac Bank à Saint-Pierre ou la pharmacie Moderne à Saint-Denis, par exemple, proposent un accompagnement complet avec essayage, bandeaux, turbans ou bonnets adaptés à la chimiothérapie. Avec une prescription d’oncologue ou de dermatologue, la prothèse capillaire peut même être remboursée à 100 % par la Sécurité sociale.
Hormis les pharmacies, des boutiques spécialisées vendent des prothèses capillaires au Tampon, à Saint-Pierre, ou encore à La Possession. Un réseau encore limité, mais qui tend à s’élargir au fil des années, à mesure que les besoins grandissent et que la parole se libère autour de ces solutions.
- Des prothèses capillaires remboursées à 100% -
Parmi ses adresses, la boutique Louis Alexandre Coiffure, installée au centre médical Terrin Fleuri au Tampon, propose même un accompagnement à domicile deux jours par semaine. Sophie Grondin, coiffeuse depuis 25 ans et prothésiste capillaire depuis 16 ans, y reçoit des patients pour des essayages personnalisés.
"Je travaille avec des fournisseurs parisiens, les perruques sont agréées et conformes pour être remboursées par la Sécurité sociale. Il existe de multiples coupes et couleurs. Certaines clientes en profitent pour changer de style, mais d’autres recherchent une prothèse qui se rapproche le plus possible de leur coiffure d’origine", explique-t-elle.
Les modèles, dont les tarifs conventionnés commencent à partir de 420 euros, vont des perruques synthétiques aux turbans, bandeaux ou casquettes avec cheveux. Présente sur des événements comme Odysséa et au CHU, elle accompagne ses clientes dans toutes les étapes : de la première coupe avant la chute, à la mise à nue (comprenez le rasage du crâne), jusqu’au suivi après la repousse.
"Aujourd’hui, les perruques sont de plus en plus naturelles et variées. J’offre même la première coupe après la repousse", souligne la professionnelle, qui constate une demande croissante liée à l’augmentation des cas de cancer à La Réunion.
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Pour Wilson, l’essentiel reste la sensibilisation : "C’est un petit geste, mais qui en vaut beaucoup. On ne se rend pas compte à quel point un don de cheveux peut aider une personne fragilisée à retrouver confiance".
vg / www.imazpress.com / redac@ipreunion.com







Bravo une belle initiative